Même si le Festival Jazz à Vienne a débuté sous de tragiques auspices, le jour même de l’attentat de la Verpillière, on pouvait s’attendre au pire à une stabilisation de la fréquentation.
D’autant qu’événement rare au cours des trente-cinq dernières années, contrairement à 2014 où la pluie avait régné en maître, le théâtre antique n’a pas reçu pendant les quinze jours de Festival, la moindre goutte de pluie.
Or, Thierry Kovacs, maire de Vienne et président de Jazz à Vienne a dû moduler un bémol samedi 11 juillet, lors de la présentation du bilan du Festival : par rapport à 2014, dix mille Festivaliers payants manquent à l’appel.
En 2014, le Festival viennois avait attiré 84 000 spectateurs. Cette année, 74 000 seulement.
Douze pour cent de festivaliers payants en moins
Comment expliquer cette perte sensible d’attraction : – 12 % ? La crise ? Mais elle était encore plus prégnante en 2014.
La programmation ? On se rend compte que le Jazz pur, faute de grandes têtes d’affiche attire de moins en moins le public, contrairement à d’autres genres musicaux, telle que la pop music, les deux seules soirées ayant fait le plein étant celles de Pharell Williams et de Sting, rassemblant toutes deux près de huit mille spectateurs au théâtre antique.
En revanche, l’une des plus belles soirées, consacrées au hard bop, avec « The Cookers » et « The Messengers Legacy » n’a attiré, le jeudi 9 juillet que 2 500 festivaliers sur les gradins qui donnaient l’impression d’être étrangement vides. Rappelons que la jauge autorisée au théâtre antique est de 7 300 personnes.
Succès du Off
Un motif de satisfaction, en revanche pour le président de l’EPIC Jazz à Vienne, le off a fait le plein.
L’objectif du maire de Vienne, élu il y a un peu plus d’un an, était de permettre au Festival qui avait fini par se couper de la Ville, de réinvestir cette dernière, en multipliant les scènes gratuites, en développant les partenariats d’animation avec les commerçants.
Succès en revanche sur ce plan, puisque, pour la première fois, le nombre de festivaliers, in et off compris a pour la première fois dépassé les 200 000 : 208 000, très précisément.
Ainsi par exemple, la journée d’ouverture qui s’est déroulée en Ville et non pas au théâtre antique et consacrée au Jazz de la Nouvelle Orléans a drainé près de 12 000 personnes. De nouveaux lieux animés musicalement avec une labellisation « Jazz à Vienne », gage de qualité, ont également vu le jour.
Cette volonté de retisser les fils entre la ville de Vienne, ses habitants et ses commerçants qui a donc rencontré le succès, a pu influer sur la fréquentation du Festival, reconnaît Thierry Kovacs.
Entre l’argent public (1 million d’euros sur un budget de 5 millions) dont bénéficie le festival et les retombées économiques, le rapport est de un à quinze, selon un récent rapport.
« Réfléchir sur les raisons de cette diminution »
Mais la multiplication des spectacles gratuits a pu inciter de nombreux festivaliers à rester dans la ville et à ne pas franchir les barrières du théâtre antique.
Reste que pour le président de Jazz à Vienne, « il va falloir réfléchir sur cette diminution de l’affluence au théâtre antique et élaborer des solutions pour l’année prochaine. »
La question de la concurrence des « Nuits de Fourvière », de plus en plus orienté vers la musique ou plutôt les musiques et qui a programmé cette année un concert «Herbie Hancock/Chick Corea » en plein Jazz à Vienne est semble-t-il réglée, après une rencontre au sommet entre Gérard Collomb et Thierry Kovacs, en présence des deux directeurs, Stéphane Kochoyan et Dominique Delorme.
Promis, juré : Dominique Delorme ne programmera plus de Jazz pendant le festival viennois. Mieux même, assure Thierry Kovacs, la programmation jazzique, hors Jazz à Vienne, se fera en harmonie avec ce dernier
Un manque à gagner de l’ordre de 350 000/400 000 euros.
Thierry Kovacs ne cache pas que la baisse de fréquentation surprise de cette année aura des incidences financières qu’on peut estimer aux environs de 350 000/400 000 euros.
Si la fréquentation continue à baisser au cours des années à venir, c’est tout le modèle économique du Festival qui peut être remis en cause. Ce sont les entrées au théâtre antique qui permettent de financer intégralement le « Off », jamais aussi important cette année et gage de retombées sur la Ville.
Jazz à Vienne étant un des rares festivals à s’autofinancer de manière très importante (près de 83 % de ressources propres !), Thierry Kovacs n’exclut pas de faire appel à de nouvelles subventions, de la part notamment du Département de l’Isère.
Le fait que Patrick Curtaud, l’adjoint à la Culture de la Ville de Vienne, soit également vice-président justement chargé de ce secteur au sein de l’exécutif du Département de l’Isère, peut permettre une avancée significative sur ce plan…