Certes, tous les caveaux et salles de jazz sont fermés. Pourtant musiciens et initiateurs de musique inventent des alternatives via internet. Concerts, rencontres, évènements passent désormais par la toile, révélant une richesse bienvenue en ces temps de « mornitude »
Confinement oblige, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un lieu convivial est aujourd’hui fermé. Cafés, restaurants, associations et bien sûr l’ensemble des salles de spectacle, à Lyon comme ailleurs. Parmi les plus touchées, les scènes musicales, tous genres confondus. Si le Rhino a échappé de peu à l’annulation totale de sa 42ème édition et sauvé quelques dates, et si le Hot Club, la Clef de Voûte et le Périscope ont su, un temps, s’adapter au couvre-feu, l’ensemble des clubs et des scènes jazz régionales sont aujourd’hui fermées ; au moins jusqu’au 1er décembre.
De là à dire qu’il ne se passe plus rien en matière de jazz « live », surtout pas. Peu à peu, musiciens, structures, responsables, musiciens et autres acteurs du jazz s’adaptent : façon de jouer, d’entrer en contact avec le public, de faire connaître ses projets, créations, rencontres, même s’il n’est plus question de se retrouver dans les salles.
« Faîtes des directs, lance aux musiciens qui le peuvent Yves Dugas, le patron de Lyon Music (rue Sala, 2ème). L’essentiel est d’être présent, de ne pas se faire oublier ».
Ainsi, Lyon Music a pris l’habitude de diffuser les concerts qu’il organise sur le site Vimeo.com.
Le 24 septembre, Mario Stanchev avait ainsi retrouvé Louis Sclavis le temps d’un rapide concert aux mille nuances. Le 23 octobre, c’était au tour de Christophe Lincontang de rejoindre le pianiste sur la scène du Hot Club de Lyon. En remontant le temps, on retrouve encore fin juillet à la Villa Hispanica, Mario Stanchev en compagnie de Lionel Martin, deux complices de longue date.
Pierre Dugelay : ça va bien s’arrêter à un moment
Côté Périscope, pas d’affolement. Parlant du confinement et de ses conséquences, Pierre Dugelay, le directeur du caveau reste presque serein. « Ca va bien s’arrêter à un moment, insiste-t-il. Il y a beaucoup de résidences, de choses mises en place ; des enregistrements, des poadcoasts. Et surtout ne pas se dire que ça va durer 6 mois ».
Comme s’il avait senti le vent venir, Le Périscope s’est tourné vers les ondes, les réseaux sociaux et internet pour continuer à prêcher la bonne musique. Il s’est récemment doté d’une émission, « Happy Hour », qui permet à la fois d’écouter musiciens et formation et de mieux les connaître via des interviews d’avant concert.
Dernier en date, Samuel Blaser, tromboniste talentueux qui n’hésite pas à faire des incursions à Lyon et qui était présent sur la scène du club en trio, Marc Ducret à la guitare et Peter Bruun aux drums. C’était le 3 octobre.
Quelques jours après, c’était au tour du projet transatlantique The Bridge de surmonter les difficultés pour arriver à organiser un concert intéressant. Tout ça est consultable ci-dessous et, évidemment sur le site periscope-lyon.com/radio/.
Mais surtout, Le Périscope est déjà en ordre de marche pour ce qui constituera, quoi qu’il en soit une date mémorable, pour lui comme pour nous : l’inauguration de la deuxième salle (on y revient ci-dessous).
S’il est difficile de dire comment la musique doit être aidée, surtout lorsqu’elle n’est pas subventionnée, sans doute l’un des meilleurs moyens d’être aux côtés, moralement comme financièrement, des musiciens et structures qui font le jazz d’aujourd’hui, c’est sans doute aussi de s’intéresser à leur musique et de la commander. Là encore, via internet, et grâce au confinement qui donne à chacun un temps arrêté, tout est disponible et digne d’intérêt.