Rencontres du jazz et de la musique africaine, à l’aide de grands ensembles et de musiciens aventureux et plébiscité, la 31ème édition du festival s’installe enfin à Charlie Chaplin
Peut-on dire qu’en investissant le Centre Charlie Chaplin, A Vaulx Jazz entre enfin dans le vif du sujet ? Ou que tout ce qui a précédé annonce en fait les 8 concerts qui vont s’étaler de mercredi à samedi pour cette première semaine du festival ? En tout cas, la ligne musicale de cette 31ème édition est claire si l’on s’en tient en effet à ces huit affiches. Afrique, grands ensembles et recherches décoiffantes tiennent en effet à bout de bras les agapes. Tous et toutes sont loin d’être des inconnus ici, d’Eve Risser, la première sur scène mercredi soir avec ce Red Desert Orchestra et rejointe par la chanteuse malienne Naïny Diabaté, célèbre entre autres pour avoir su imposer dans son pays un ensemble strictement féminin d’instrumentistes et de chanteuses.
Ca n’avait rien d’évident.
Cette rencontre entre la pianiste et la chanteuse va de pair avec la fusion des musiciens qui les accompagnent ordinairement. Il y a le nombre. Il y a surtout la diversité instrumentale et l’apport d’inspirations contrastées, bousculant les frontières et les sonorités. Qu’on imagine : une ligne entière de cuivres issus du White Desert Orchestra, venu ici même lorsque le festival se jouait chaque année, et un band malien alliant chants et instruments traditionnels (kora, calebasse, djembé, bolon et dundun par exemple). Reste à découvrir ce qui ressortira de cette rencontre.
On en attend autant de la performance du Very big Experimental Toubifri Orchestra qui a remis à plat ses performances et nous arrive avec un nouveau projet qui ne demande qu’à se montrer. Ils seront 18 sur scène, dont beaucoup de figures et d’instruments familiers, pour un big band au grand complet, depuis les percussions et le vibraphone jusqu’aux cuivres démultipliés (12 sans compter ceux et celles qui comptent pour deux.
Et revoici Ukandanz
Point besoin de revenir sur Ukandanz et ses compères, de Lionel Martin à Damien Cluzel, du chanteur éthiopien Asnaqé Guèbreyès au drummer Yann Lemeunier et au pianiste Adrien Spirli. Présents il y a peu à l’Opéra de Lyon, ils expriment ensemble à la fois une mise en commun musicale toujours inédite et une énergie sans cesse renouvelée dont ils profitent à leur tour. A dire vrai, il y a longtemps que ces musiciens nous ont habitués à s’extraire de vêtements trop ajustés pour laisser exploser des musiques et des sonorités sans passeport. Mais sans doute Ukandanz représente-t-il à sa façon un aboutissement.
Dans un autre genre, Théo Ceccaldi, qui arrive le même soir avec son projet Freaks, peut apparaître en contrepoint de la soirée. Sauf qu’à force d’en appeler à ces tonalités qui ne cessent de bouleverser la musique, bien au-delà du jazz, depuis quatre décennies, l’ensemble constitué autour de lui nous fait pénétrer dans un nouveau monde, largement salué.
Thomas Supersonic + Friends from Congo
Thomas de Pourquery, à son tour, nous invite lui aussi, vendredi soir, à un projet tourné vers l’Afrique avec « Friends from Congo ». Pour l’occasion, le Supersonic s’embarque ce soir-là avec les danseurs d’une compagnie congolaise emmenée par le chorégraphe Delavalett Bidiefono. A l’origine de cette rencontre, explique le saxophoniste, un voyage fait il y a peu au Congo aux allures de rencontres entre artistes européens et africains, voire de retrouvailles. D’un côté la verve du Supersonic, largement inspirée de quelques grands noms d’un jazz qui montait le ton, quitte à sortir d’un cadre strictement musical, et de l’autre, des musiques et des danses venues directement de Brazzaville. Transe dîtes-vous ? En tout cas on sera sur la voie. Auparavant, on retrouvera, ce soir-là, le quartet des frères Fleau, ce Festen qui vient de consacrer son 6ème album, « Inside Stanley Kubrick », au réalisateur et aux musiques qui prolongeaient ses images : résultat, des compos tirées des films du cinéaste mêlées à d’autres originales inspirées néanmoins par l’auteur d’Orange Mécanique.
Raashan Ahmad en vieux loup de musiques chaloupées
Enfin, samedi soir, Charlène Mercier, désormais directrice et programmatrice du festival, en appelle au hip-hop, comme elle l’avait déjà fait l’an dernier. Au sommaire d’une soirée agitée, The Wolphonics emmenés par Asha Grifith, rappeuse reconnue, et Denwark Vessey, escortés d’un quintet velu constitué figures familières (Antonin Leymarie etc.). Suivra (du moins on le pense) Raashan Ahmad, un vieux loup de mer déjà qui arrive ce soir-là avec son dernier album « The Sun ». Bref, ça risque de chalouper.