Quel rapport entre Mingus, disparu il y a 36 ans, et A Vaulx Jazz qui entame ces jours-ci sa 28ème édition ? Cherchez du côté de Whahay, un trio contrebasse-saxophone-batterie qui fait parler de lui, et qui, le temps d’un concert réussi depuis la « cave » du Périscope, a lancé cette nouvelle édition d’A Vaulx Jazz.
Deux sets rondement menés, scandés par quelques-uns des plus belles compositions du contrebassiste américain, mélange de thèmes familiers et d’improvisations lancées telle une balle jetée en l’air sur laquelle on ne cesse de souffler pour qu’elle ne retombe pas. Salle comble. Bel exercice d’équilibre de trois interprètes qui font corps pour le meilleur.
Au centre de ce trio, un contrebassiste of course, Paul Rodgers, dont l’art est de ne pas prendre plus de place ou de volume que ses deux comparses, Robin Fincker, saxophoniste aux redoutables exigences et Fabien Duscombs, à la batterie inventive et contrastée. Un trio tout en équilibre, comme un vol à trois où chacun ne devient le leader d’un instant que pour mieux confier les « rênes » au voisin.
Quelques moments de grâce. L’esprit, l’énergie et la fantaisie de Mingus. Et au total, une aubaine que ce Whahay, autant pour A Vaulx Jazz, lancé de la plus belle des façons, que pour le Périscope, qui s’impose de plus en plus à Lyon et en Rhône Alpes, comme l’épicentre des musiques alternatives actuelles.
D’ailleurs, cette alliance renforcée entre un festival de jazz qui ne baisse jamais la garde et une cave poussée à l’ombre des vieilles taules du quartier Perrache, est symptomatique d’une jolie communauté musicale.
Pour poursuivre, rendez-vous vendredi 13 mars au Périscope pour la venue de John Milk (entrée libre, à partir de minuit), entouré de quatre compères, et le samedi 21 mars pour un concert du Workshop, solide quartet, qui précédera ( à 16 heures) la toute dernière soirée du festival marquée par la réception des héritiers de Sunra au Centre Charlie Chaplin.
Dernière semaine du « Hors les Murs » : une palette de concerts à retrouver
Patience. Pour l’heure, A Vaulx Jazz ne déroge pas à sa règle en démarrant donc son festival par un « Hors les Murs » : un vrai hors les murs, festif, sans lieux ni heures précis, et aux multiples accents.
Tout a démarré vendredi dernier avec Le Chant des Possibles, une fanfare emmenée par les deux trompettistes Rémy Gaudillat et Fred Roudet, escortés de Loïc Bachevillier et de Laurent Vichard. Pour ceux qui l’ont loupé, une séance de rattrapage est prévue jeudi 12 mars (12 heures, à l’Espace Carco) le temps d’un « Casse-croûte Jazz » inédit.
Comme lors du « in », le festival Hors les Murs multiplie les rendez-vous sans s’en tenir à une discipline : conférence (ce fut avec Jean-Paul Boutellier), expo de photographes fidèles au festival (à la MJC de Vaulx), concours de soupes plus loin (ça rappelle une sacrée soirée Soup Mix, il y a pas mal d’années) et donc une dizaine d’évènements musicaux, du plus retenu au plus loufoque.
Après le Mardi Gr Brass Band, le Jaime Salazar Quartet et Mona, la Squadra Zeus, ou Skull Tone et « Itchigo Ichie » Cie Atou.
Voici surtout la dernière semaine de ce « Hors les Murs », avec un programme dense, de mardi à samedi soir : à l’affiche Romain Nasini, piano solo, Uptake, plébiscité par de nombreux jurys, dont Jazz à la Défense, Anthony Joseph + Rejjie Snow, John Milk, Chrombi, Variant en compagnie de Soweto Kinch et enfin, The Workshop. Certes, le tout fait un peu jeu de pistes, entre Le Vinatier, l’ENM De Villeurbanne, le Périscope, l’Epicerie Moderne, la Manufacture des Tabacs, le Planétarium, la MJC et l’espace Carco de Vaulx-en-Velin. C’est le propre d’un « Hors les Murs « . Mais quand on aime….
Au cinéma : retour sur la dynamite James Brown
Quatre films, dont deux perles, sont à l’affiche « ciméma » d’A Vaulx Jazz. 20 Feet from Stardom est consacré à ces « petites mains » de la soul ou du jazz, entendez par là ces choristes pros qui ne cessaient d’apporter leurs voix à tous ceux qui en avaient besoin, que ce soit sur scène ou en studio. Ce film-documentaire de Morgan Neville les met en scène et les fait parler ou les montre enrobant de leur talent des thèmes devenus souvent des tubes.
L’autre documentaire étonnant est consacré à ces guitaristes manouche comme Angero Debarre qui ne cessent de célébrer la musique de Django. Bruno Le Jean, le réalisateur, s’est attaché à montrer les à-côtés de ces tournées, de ces concerts, ou de ces musiciens très soudés entre eux.
Enfin, deux films plus familiers sont également au programme du Cinéma Pathé Carré de Soie, le film de Tate Taylor consacré à James Brown et Pierrot Le Fou, cette cavale absurde mais totale de Jean-Luc Godard.