Je le concède volontiers, le titre de mon agenda paraît bien étrange !
Serait-ce les premières manifestations du confinement: confusion? mysticisme? état délirant? désorganisation mentale? ou simple tentative de retranscription d’une réalité complexe où se mêle incertitude et soumission à un réel implacable.
De concerts, festivals et autres manifestations artistiques, il n’en est aujourd’hui plus du tout question, mais jusqu’à quand? le temps est suspendu et on ne perçoit, à ce jour, pas encore d’issue ! Bien difficile de savoir si Jazz à Vienne et même Les nuits de Fourvière pourront se tenir cette année.
L’essentiel est aujourd’hui ailleurs et je remercie du fond du cœur tout les acteurs du soin qui se mobilisent jour et nuit pour combattre l’épidémie! Merci infiniment !
Autre drame, bien moins important celui-ci, mon divorce sémantique avec le verbe se confiner.
Associé jusqu’à présent à un mouvement volontaire de retrait ouaté combiné à un temps de repli réflexif et de rêverie, voilà que depuis plus d’un mois, ce mot est devenu la représentation de ce qui est contraint et symbole de privation de liberté. Aussi, je m’aventure à essayer désormais de le nommer autrement: Se boucler? Se calfeutrer? Se cantonner? Se cloîtrer? S’isoler? S’enfermer? Se claustrer? Se murer? Se borner? S’isoler?…
Et pour le confinement? Baraquement? Cantonnement? Campement? Isolement? je vais me prêter au jeu et me lancer un défi: Il ne sera pas question de C………. dans cet agenda!
Dans le cantonnement imposé depuis peu, je me suis amusé à retrouver quelques moments musicaux croustillants, joyeux et moins joyeux, que j’ai traversé ces dernières années et dont j’ai eu le bonheur de retrouver quelques traces sur Monseigneur Youtube ! Je vous propose de partager quelques fulgurances jazz qui m’ont ému au plus profond de moi-même.
Avant tout, je tiens à célébrer la mémoire ce celui qui fut parmi ceux que j’écoutais en boucle lors de ces 20 dernières années voire plus, j’ai bien sûr nommé Manu Dibango. Je me disais encore l’année dernière,lors de son passage à Jazz à Vienne avec son projet Safari symphonique, je le trouvais étonnamment en forme avec un aspect physique qui lui donnait 20 ans de moins. Et voilà que le corona l’emporte brutalement.
Merci Manu!
Autre hommage pour cet agenda à une figure de la soul, Bill Withers, merci à toi aussi…
Un peu d’humour et de bonne humeur pour commencer cet agenda calfeutré, complètement d’actualité avec Les Cangaceiros qui interprète « lavez-vous les mains », leur style est bien éloigné des hautes autorités de santé mais le message passe tout aussi bien… J’en ris cantonné!
Les Cangaceiros: Lavez-vous les mains ( 1958 en direct sur le plateau de « trent six chandelles », ORTF ).
Le festival Jazz à Vienne a , durant ces 30 dernières années, été l’occasion de découvertes détonantes et palpitantes, parmi elles trois concerts exceptionnels avec des artistes survoltés. Pour les découvrir, il fallait être patient et éveillé, les 3 ont eu lieu à 4h30 du matin lors du dernier concert de la All night jazz. A consommer sans modération!!
Big Jay Mac Neely and Detroit Gary Wiggins : Deacon’s hop ( Club inconnu).
Moon Hooch: EWI ( extrait de l’album this is cave music, 2014).
Papatef: Live Jazz à Vienne 2019.
Découvert en 2014 au Hot Club de Lyon, Nirek Mokar est un phénomène du Boogie-Woogie. Virtuose et énergique, chacune de ses prestations vous laisse sans voix et jamais assis. Un talent brut!
Pour en savoir plus, lire » Nirek Mokar au Hot club de Lyon : un petit génie au service du Boogie Woogie » paru le 21 février 2016 sur Jazz’in Lyon.
Nirek Mokar and his boogie messengers au festival de jazz de Lunel ( août 2018).
Petite redécouverte lors de mes pérégrinations numériques, un duo de choc Tom Jones et Janis Joplin pour une interprétation magnifique et incarnée de Raise your hand, chapeau bas, quelle puissance vocale!!
Tom Jones et Janis Joplin: Raise your hand ( 1969, This is Tom Jones TV show).
Après ces morceaux énergiques, je vous propose trois suggestions discographiques plus intérieures et intimistes, 3 joyaux de tendresse, délicatesse et profondeur, ce que je résumerai par la grâce.
Pat Metheny et Charlie Haden: Beyond the Missouri sky ( 1997, Grammy awards du meilleur album de jazz instrumental en 1998).
Dans cet opus, les deux artistes privilégient la mélodie, la doucereuse mélancolie, avec des accents folk, des réminiscences country : on est dans l’intime, l’introspection. Lequel accompagne l’autre ? Difficile à dire tant les deux artistes, les deux instruments se mêlent et se complètent. L’ensemble est tout en harmonie, doux, planant. Une très belle musique dégageant une émotion forte.
Vassilis Tsabropoulos: The promise
Au piano en solo le pianiste grec Vassilis Tsabropoulos nous emmène dans son univers imprégné de musiques byzantines, classiques et jazz. Indubitablement, l’album le plus inspiré de l’artiste! Une merveille de voyage agrémenté de douceur et de profondeur. A écouter calfeutré sur son canapé et disposé à se laisser envelopper!
Las ondas Marteles: Y despues de todo ( 2004).
Ce trio composé de deux frères Sébastien et Nicolas Martel, à la voix, à la guitare et aux percussions et de la contrebassiste Sarah Murcia, est accompagné sur quelques morceaux par des invités tels que Ibrahim Maalouf à la trompette et Vincent Segal au violoncelle. Autant dire qu’avec une telle distribution, la qualité ne peut être qu’au rendez-vous!
Ce disque est le fruit tout d’abord de la rencontre entre Sébastien Martel et un poète, sculpteur cubain Miguel Angel Ruiz qui offrira ses chansons inédites. Ainsi,en hommage à ce poète cubain inconnu, l’album est rythmé par des bribes de sa voix, de son rire. Un album délicieusement mélancolique porté par la voix de crooner de Miguel Angel Ruiz, un régal!
Allez , je retourne en quarantaine, enfin la mienne est bien passée…
A bientôt dans les clubs!!