Trop tôt. On ne connaît pas encore la fréquentation de la 47ème édition du Rhino Jazz qui s’est terminé dimanche 19 octobre, ce festival atypique grand voyageur qui a proposé 42 concerts sur pas moins de… 29 scènes différentes. Une certitude pour l’heure, jamais autant de concerts -une douzaine- ont rapidement affiché complet. Le taux de remplissage des salles a tourné autour de 75 %. La stratégie de la diversité accentuée encore cette année par Ludovic Chazalon, le directeur artistique du Festival, a semble-t-il payé.
Vous n’avez peut-être pas fait attention, mais dans l’intitulé de RhinoJazz, il y a un (s).
« Nous avons cette année, plus encore que les autres années, joué la carte des teintes et des nuances musicales. On a tiré le Jazz de manière encore plus profonde que les autres années, ce qui nous a amené un nouveau public », reconnaît Ludovic Chazalon.
Un chemin de crête
Le directeur artistique se situe de plus en plus sur un chemin de crête, mais ça marche, manifestement. Le concert consacré à « The Brooks » à Unieux, qui proposait du funk teinté de Jazz a rencontré un grand succès et a figuré parmi des concerts à avoir vite affiché complet.
Ludovic Chazalon fait en sorte de ne pas trop s’égarer trop loin du jazz qui reste l’ADN du festival ligérien, la filiation est toujours là, mais il repousse sans cesse les limites dans sa recherche de la diversité.
« Cela nous a permis d’attirer un nouveau public qui s’est agrégé cette année aux spectateurs habituels du Festival », se félicite Ludovic Chazalon.
L’héritage Django comme l’intitule le directeur artistique plutôt que jazz manouche a répondu, avec notamment Hugo Guezbar, à cette volonté de s’affranchir des propositions convenues.
De même, le projet jazz vocal qui était important cette année avec pas moins de six chanteuses a aussi rencontré l’adhésion du public.
Si on est quelque peu resté sur notre faim avec Linda Lee Hopkins mettant en avant trop de ficelles au détriment de l’authenticité ; le concert de Cynthia Abraham venue avec son sextet vocal à l’église de Villars a comblé un public enthousiaste.
Défricheur
Le Rhino on le sait, c’est son ADN, est aussi un Festival défricheur.
On l’a vu l’année dernière avec Gallowstreet, une formation qui avait impressionné à Saint-Chamond et que l’on a retrouvé ensuite à l’été à Jazz à Vienne.
La surprise Sunbörn
En sera-t-il cette année avec la révélation 2025, Sunbörn (soleil en danois) qui a ouvert le Festival à la Fouillouse ? Le Rhino a joué une nouvelle fois les révélateurs avec ces six musiciens trentenaires venus du Danemark, qui ont proposé un Jazz instrumental situé entre Jazz, fusion, world et électro. Encore peu connus en France, leur parcours parle déjà : il sont auréolés de quatre Grammy Awards.
Enfin, la palme de l’artiste la plus surprenante et peut-être la plus la plus désarçonnante peut enfin être attribuée cette année à la pianiste japonaise Naoko Sakata qui a effectué en solo son tout premier concert en France à la Chapelle de la Trinité à Lyon sous l’égide du Rhino
Le moins que l’on puisse dire est que les improvisations de cette pianiste hors sol ne manquent pas de piquant, d’audace et de sincérité, on ne sait pas toujours où elle va emmener le public, mais elle sait transmettre une émotion qui finit par s’installer, même si son audace désarçonne.
Souhaitons donc à Ludovic Chazalon de continuer à parcourir cette ligne de crête sans trébucher comme peuvent le faire d’autres festivals, ce qui devrait nous offrir encore à l’avenir quelques belles surprises…
PHOTOS : PHILIPPE SASSOLAS
Prochainement : le diaporama du RhinoJazz 2025