Par ici l’entrée : depuis plusieurs éditions, Parfum de Jazz présente un programme de films et de conférences consacrées au jazz. Dont surtout des films rares mais essentiels pour mieux comprendre cette musique, son histoire et ses acteurs. Geneviève Manois, à l’origine de cette initiative, passe aujourd’hui la main : Pascale Garçon la remplace et réfléchit déjà à 2024
Cinéma Le Reg’Art. Buis-les-Baronnies. Jeudi matin. Horaire inhabituel pour une séance pas comme les autres dans cette salle confortable : la diffusion unique d’un document unique concernant un film unique, et plus précisément sa musique. West Side Story, sorti en 1961, demeure aujourd’hui encore l’une des comédies musicales les plus abouties du genre, même si le terme de « comédie » se prête mal à cette tragédie antique qui a pour décor le New York des années 60.
De multiples joyaux chantés….de toute éternité
L’une des raisons évidentes de cette pérennité, est la musique signée Léonard Berstein, musique qui étincelle de multiples joyaux chantés, entrés depuis de façon indélébile dans la mémoire de tout mélomane ou de tout cinéphile un peu curieux.
Mais si l’on connaît le film, voire le deuxième qui a suivi, il a fallu attendre des années pour que Léonard Berstein enregistre à New York la musique de West Side Story en disposant des moyens adéquats : orchestre symphonique, choristes d’exception, ingénieurs du son…..et le temps nécessaire pour parvenir à un enregistrement proche de la perfection.
Sortie de ce « Making off » : 1984
C’est l’histoire de cet enregistrement jusqu’à la sortie du films en 1984, que le film diffusé jeudi nous conte: les réunions préparatoires, la façon dont Léonard Berstein met sa patte et impose d’un bout à l’autre sa vision de sa propre musique, le travail des instrumentistes, parmi les meilleurs de New York et derrière tout cela, comme en coulisses, ceux qui, mesure après mesure, vont surveiller, conseiller, alerter sur la moindre anicroche survenue au détour d’un chant ou d’un son de percussion inadapté. Le travail des musiciens. Des choeurs. De « Maria » et des autres personnages du film. Et, au coeur de tout cela, Léonard Berstein, enflammé, gouailleur, clopant cigarette sur cigarette mais prenant sur l’ensemble des personnes présentes un ascendant toujours plus magique pour arriver à ce qu’il veut : « la perfection ».
Ce film présenté donc jeudi matin par Jean-Paul Boutellier et Pierre-Henri Ardonceau comme les deux autres diffusés d’ici samedi sont l’une des manifestations organisées par le festival Parfum de Jazz en marge des concerts. Le « Ciné-Jazz ». S’y ajoutent des conférences qui traitent également de tel ou tel aspect de l’histoire du jazz. Ici sur les jazz Women à Hollywood, là sur les femmes pianistes de jazz. Autant d’occasions de découvrir, année après année, de nouvelles facettes du jazz : disques, grands orchestres, grands courants etc.
Une petite équipe emmenée par Geneviève Manois
Tout a démarré ici il y a six ans : une petite équipe du festival eut en effet l’idée d’organiser en journée à Buis pendant le festival des conférences dédiées au jazz. Geneviève Manois, qui, entre autres, collaborait à Jazz Magazine, se souvient : « on voulait aborder la question de la place des femmes dans le jazz. Et pour cela, nous avons commencé à inviter des spécialistes, tel Jean-Paul Boutellier, des sociologues et des musicologues. Tel Ludovic Florin, maître de conférences à l’Université de Toulouse ». L’idée était simple : « qui étaient -elles ? D’où venaient-elles? Comment étaient -elles entrées dans ce milieu etc…?
Au fil des éditions, Geneviève Manois et les responsables du festival eurent l’idée d’y associer des films, à raison de 3 ou 4 par édition. Lesquels films sont donc présentés au cinéma Le Reg’Art de Buis-les-Baronnies. Evidemment, le jeu ici est de présenter des films rares, disparus des écrans mais présentant un intérêt musical et historique certain. A cette fin, le cinéma Le Reg’Art et le festival ont signé un partenariat qui porte ses fruits.
Pascale Garçon appelée à succéder à Geneviève
Aujourd’hui, Geneviève Manois, impliquée dans le festival depuis des années, souhaite passer la main. Tout naturellement, c’est Pascale Garçon, installée à Buis depuis quatre ans et bénévole du festival, qui va lui succéder : à elle de programmer désormais les films qui seront diffusés durant la 25ème édition, en août 2024. Cinéphile, pouvant compter sur les conseils des « jazzeux » qui l’entourent et notamment de Jean-Paul Boutellier et de Pierre-Henri Ardonceau, elle compte surtout ne pas perdre de temps : il est vrai que retrouver certains films rares disparus aujourd’hui s’avère un jeu de piste parfois fastidieux.