Benjamin Gouhier aux manettes
Aux manettes de la formation, Benjamin Gouhier, à la guitare, David Bressat aux claviers et Charles Clayette à la batterie, trois complices dont les routes ne cessent de se croiser et qui ont d’ailleurs fondé ensemble le collectif Polycarpe/Lyon Jazz Collectif.
Ce soir-là, ils seront rejoints sur scène par Manon Cluzel au chant, Vincent Perier au sax et Julien Bertrand à la trompette, trois musiciens que l’on retrouve d’ailleurs invités sur ce premier album. Ce sera évidemment tout l’intérêt du concert de permettre à la formation de donner là toute sa mesure.
Des claviers omniprésents, une guitare jouant sur tous les registres et une batterie ébouriffante
David Bressat, Charles Clayette et Benjamin Gouhier. Noeud pap’ de rigueur. C’était lors du dernier Péristyle où le trio s’en était donné à cœur joie.
Dans cette aventure, les trois musiciens ont donc décidé de laisser là l’acoustique pour s’immerger totalement dans ces rythmes passés, sans rien gommer toutefois de la distance parcourue depuis. Ici, on navigue avec bonheur entre funk détonant, breaks énergiques et superpositions étincelantes des claviers et de la guitare qui mène le bal. David Bressat, dont on l’habitude de suivre les subtiles improvisations dans son trio acoustique (dans lequel joue d’ailleurs Charles Clayette), se mue pour la circonstance en accompagnateur zélé fournissant le cadre adéquat aux impros du leader. A lui, les basses, (la formation n’alignant pas de bassiste), et l’ensemble des claviers, déclamant ici un son d’hammond dûment « leslisé » et là, les sons cristallins d’un piano électronique de grande tradition. A côté, Charles Clayette ne cesse de redonner du souffle à l’ensemble mais c’est bien Benjamin Gouhier qui emmène son monde dans cette petite épopée nourrie de tous les tempos. On passe ainsi de thèmes particulièrement exacerbés à des ballades des plus apaisantes, la guitare jouant évidemment sur tous les registres, du funk le plus hâché au west coast le plus langoureux qui soit.
Une recréation en forme d’hommage humoristique
L’intérêt d’Isaac’s Mood est bien dans cette revisite décomplexée de musiques aujourd’hui éloignées. On pouvait craindre un pastiche. C’est une recréation en forme d’hommage humoristique qui nous est proposée. Où chacun retrouvera ses « petits » : ici Miles, Hancock et autre Weather Report, là un zeste de Creams, de Zappa et de ces foyers qui se sont mis à flamber en même temps. Sans doute aussi, Isaac’s Mood est né de musiciens versés dans le jazz traditionnel depuis le départ, qui participent tous à différentes formations qui ont pignon sur rue et qui sentent le besoin d’aller vers d’autres publics en tentant d’autres choses.