Jaime Salazar n’est surtout pas un inconnu. Ni de la scène lyonnaise ni du Péristyle. Et pourtant, ce musicien-chanteur restitue, quelle que soit la formation qu’il prend sous le bras, une musique largement nourrie de ses jeunes années passées à Bogota. Parmi ses dernières importantes apparitions, on n’omettra pas de citer ce “Bal à La Havane 1950”, concocté il y a trois ans pour le festival A Vaulx Jazz et d’une certaine façon prémonitoire.
Cette fois, il revient au Péristyle pour une toute autre cause : évoquer la musique de John Cage via un “Free Cage, de John Cage à la Colombie”, qui réunit autour de lui deux pianistes, Leonardo Montana, à l’acoustique, et Yannick Lestra au Fender Rhodes.
Curieux périple que le musicien-chercheur-anthropologue-défricheur et homme de scène tente ici : entre la musique du compositeur américain initiateur de nouvelles harmonies renouvelant et libérant inspirations et approches et ces musiques colombiennes pour une part méconnues, Jaime Salazar invite à une drôle de pérégrination durant ces trois soirées (jusqu’à mercredi).
Foehn Trio : une musique claire et limpide qui évite les effets de manches
Pour les trois autres soirées de la semaine, revoici Foehn Trio. Cette petite formation n’est pas une inconnue du Péristyle : elle était venue l’an passé présenter en quasi avant-première son premier album “Magnésie”, qui, depuis, a reçu un chaleureux accueil.
Un trio on ne peut plus traditionnel, piano-basse-batterie, qui développe une musique apaisée, équilibrée, qui repose avant tout sur les inspirations-compositions-improvisations de Christophe Waldner, aux claviers. Près de lui, Cyril Billot, à la contrebasse et Kevin Borqué, aux drums.
Un trio parfaitement soudé qui s’aventure donc sur le chemin très fréquenté du trio le plus classique en y apportant une patte originale. Il y réussit pour une bonne part même si ça ne saurait faire oublier d’autres grandes reunions restées dans les mémoires. Dans le répertoire qui constitue l’album et qu’on a pu retrouver en live au Bémol 5 en mars dernier (*) où le groupe était invité, on découvre une musique claire, limpide même, qui évite les effets de manche et les ruptures trop voyantes.
Au contraire, le trio parie avant tout sur un ton mesuré, propice aux ballades et aux synergies que la complicité des trois instruments favorise. Pour l’occasion, les musiciens s’inspirent d’ambiances et de paysages qui leur sont familiers, plus montagne que plaine, direction Chamonix notamment.
Pourtant, les musiques dans lesquelles ils nous convient n’ont rien d’escarpé ou d’abrupt. Elles coulent plutôt un peu à la façon d’une source, rebondissant mais ne s’écartant pas de leur chemin jusqu’à l’arrivée, en pleine quiétude.