Peter Berstein Quartet, en 2022. (Photo Gérard Tissier)
Retour sur le festival né il y a 26 ans, en 1998, là où on ne l’attendait peut-être pas. Dans une commune bousculée, malmenée par l’expansion de Marseille, vieux village provençal qui a grandi démesurément pour devenir une ville de 36 000 habitants.
A la base du Charlie Jazz Festival une association née il y a plus de 35 ans, en 1989, et qui s’est peu à peu structurée jusqu’à lancer un premier festival il y a donc 26 ans. Et, confiance aidant, jusqu’à en lancer un deuxième qui se tient chaque année à l’automne, début novembre (les Rendez-Vous de Charlie).
Les Rendez-vous de Charlie sont des enfants du COVID-19. Comme ailleurs, cette année-là (2020) le festival avait dû être annulé. Qu’à cela ne tienne, Aurélien Pitavy propose alors à la ville, son principale partenaire (1), à la fois de décaler évidemment à 2021 le festival mais surtout de lui adjoindre « un petit frère » sous la forme d’un deuxième festival, se tenant à l’automne. Non plus en plein air mais dans un petit théâtre de 700 places situé à quelques mètres de là. « C’est une approche différente avec des têtes d’affiche proches de Charlie, tels Avishai Cohen, Brad Meldhau ou Bill Frisell », explique Aurélien Pitavy.
Restait à faire venir le public : ça n’a pas traîné. Pour 60%, il arrive de Marseille (à 20 km), pour 30% d’Aix-en-Provence et pour le reste de l’étang de Berre ou, au contraire, de très loin. « De New-York ou du Japon, de gens prêts à venir de très loin si l’affiche les séduit ». Il est vrai que la programmation a de quoi attirer.
Et un caveau, Le Moulin de Charlie, d’octobre à mai
En fait, peu à peu le Charlie Jazz s’est imposé comme une scène et un acteur incontournable en pariant sur la qualité, sur une éthique artistique basée sur une programmation, un jazz souvent délaissé pour des musiques plus accessibles, pour son public, fidèle et qui de plus en plus vient sans même savoir qui est au programme. « C’est un public qu’on ne retrouve pas partout ». Les réseaux et les rencontres ont fait le reste et fait en sorte que l’étape Charlie s’impose désormais. Alexandre Pétavy n’a pas oublié ce jour de 2014 où il accueillit Joshua Redman, saxophoniste rare et proche de Brad Meldhau. « Il avait aimé le festival », au point de convaincre le pianiste d’inscrire ce festival à son agenda ». De fait le Charlie travaille avec d’autres festivals tel celui de Porquerolles. « C’est vrai que ça s’est complexifié » .
En 2023, Nguyễn Lê et Gảy Husband : (phốto Gérard Tissier)
Mais outre ces deux festivals, Charlie Jazz peut aussi compter sur son « caveau » (100 places, un bar, une ambiance), installé au même endroit et qui programme, d’octobre à mai, des concerts de jazz.
Comment faire venir le public ? Par la confiance
Là encore, le public est au rendez-vous, « même si, à 80%, il ne connaît pas l’affiche qu’il vient voir (….) mon métier c’est d’attiser la curiosité». Parmi ce public, évidemment celui de Vitrolles qui demeure l’une des priorités, à la fois pendant le festival mais aussi tout au long de l’année, soit par ces concerts, soit par de multiples actions en direction des établissements scolaires. « Je pense que le public, on l’éduque, est persuadé Aurélien Pitavy. Ce qui explique qu’on soit plein tout le temps ».
Résidences d’artistes, (tel Méandre), mise à disposition de lieux de répétition, partenariat avec diverses scènes, dont Le Périscope à Lyon, et confection d’un catalogue mis à disposition des enseignants pour faire entrer le jazz dans les écoles. « On intervient directement dans tous les collèges du département (….) l’idée c’est de leur donner une expérience de musique improvisée et une approche de la poésie (…). Il nous manque juste les moyens pour développer ça mais les élèves adorent. Pensez que certains n’avaient jusque là jamais vu un saxophone de leur vie !! »
1) Outre la ville, sont associés à Charlie le département, la métropole, la région et l’Etat.