Nous sommes ici dans le très haut de gammeS.
Il serait prétentieux de résumer en quelques lignes la carrière, la discographie et les collaborations de Chick Coréa. Depuis son premier enregistrement en 1966 « Tones For Joan’s Bones » au dernier « Solo piano » sorti en 2014, il a influencé le jazz par la création de nouveaux concepts comme par l’exploration de nouveaux univers sonores et musicaux. Ne parlons pas de ses compositions qui sont devenues des standards, joués autant par les amateurs avertis que par les professionnels reconnus.
Durant toute cette année à l’occasion son « 75’s birthday », Chick Coréa effectue une tournée plutôt fournie : avec ce même quintet jusqu’au 19 juillet en Europe, en trio du 23 au 31juillet aux USA, avec l’Elektric Band au Catalina Jazz ‘s Club à Hollywood pendant le mois d’août, puis il enchaine un duo avec Gary Burton au mois de septembre (il passe à Paris) and so on avec d’autres formations pour finir avec le Return to Forever Meets Mahavishnu en avril 2017… Mon Dieu mais quelle santé !!!
Souverain
Et ce soir, c’est donc sous des trombes d’eau et un « happy birthday» chanté par un public courageux et particulièrement accueillant que le set a débuté.
Quelques accords introductifs sur un bon vieux « Fender Rhodes », et voilà « 500 miles High » (une de ses premières compositions) – qui se déplie sous les soufflants magiques de Roney et de Garrett. Que dire ces deux là ? Roney, stature colossale aux phrasés percussifs et Garrett au son inimitable et inimité. Tous deux, laissant une trainée de poudre sonore et trébuchante.
Marcus Gilmore (petit-fils de Roy Haynes) possède une technique, un vocabulaire hors du commun. Mc Bride aussi talentueux à la basse 5 cordes qu’à la contrebasse tient la barre, imperturbable et toujours joyeux. … Ainsi quatre générations se retrouvent (30-40-50-70 ans) pour le meilleur.
Tout ce beau monde dégage un engagement, une amitié, une puissance de feu, une créativité et un sens du je(u)-collectif que l’on entend rarement à ce niveau. Les morceaux s’enchainent sur des thèmes de Bud Powell, Miles Davis, Horace Silver, Billy Strayhorn : que du classique mais joué dans un esprit malin, inventif, et joueur.
Chick Coréa souverain, distribue, reprends, relance, intervient, soutien, regarde, sourit et donne le clap de fin.
L’ombre de Miles plane sur la scène : Garrett et Roney lancent des « phrases historiques » très « Tutu » lors du rappel qui clôture une soirée d’une qualité artistique luxueuse.
Allez, bien le bonjour chez vous.