Vincent Peirani, Line Kruse et Louise Jallu sont chargés de conclure cette 45ème édition de ce festival qui aura accueilli de jolis concerts dont celui d’Ibrahim Maalouf et de Roberto da Fonseca
Crest Jazz Festival –nouvelle dénomination de Crest Jazz Vocal- touche à sa fin. Comme beaucoup d’autres, ce festival de jazz, qui fête nous dit-on sa 45 ème édition, a tout fait pour avoir lieu cette année, en conservant sa recette propre : des concerts en plein air en soirée, un concours de jazz en après-midi, saupoudrés de quelques conférences et autres animations.
Pour la programmation, le festival a fait au mieux avec quelques affiches inédites et quelques autres qui auront sauvé bon nombre de festivals cet été tels Ibrahim Maalouf, Roberto Fonseca ou Vincent Peirani, tous passé à Vienne ou à Marciac il y a quelques jours.
Mais justement : de par sa petite taille, la salle en plein air qui accueille les spectacles est l’occasion de découvrir de tels artistes dans un cadre beaucoup plus convainquant.
Ibrahim Maalouf et Roberto Fonseca sont déjà repartis. Reste vendredi soir une soirée qui s’annonce somptueuse : Vincent Peirani en tête d’affiche. Et auparavant, Line Kruse.
Line Kruse en compagnie d’un big band : à savourer
Line Kruse. Certains se souviendront peut-être du passage de cette violoniste d’origine danoise l’an dernier à Parfums de Jazz : une partition millimétrée servie par des musiciens rôdés (Minimo Garay) et concentrés, notamment côté cuivres. Denis Leloup avait notamment livré un set parfait, mêlant en toute décontraction énergie, précision et ces sonorités propres au trombone lorsqu’il est joué à la perfection.
Cette fois, la violoniste s’embarque dans un autre projet mais avec toujours la même conviction et la même rigueur musicale. De sept musiciens présents sur scène l’an passé, la jeune femme a appelé à côté d’elle un big band de 20 comparses : en ces temps de pandémie et de restrictions en tous genres, on ne pourra que saluer l’arrivée d’une telle formation. On pressent que ce sera de toute beauté, intense, magnifiquement écrit et soudé. Avec ce violon qui ne cesse de tutoyer ou taquiner les cuivres, de se glisser dans des interstices de souris. Bref de s’imposer dans ce monde apparemment impitoyable.
Vincent Peirani et Emile Parisien : presque de l’anthologie
Après ? Ce sera Vincent Peirani. Que dire ? Faire sonner et imposer son jeu dans des arènes de 5 000 personnes, les garder attentives jusqu’à la fin du set et développer chaque fois un peu plus un son très personnel en dit assez sur les qualités de cet homme » « à pieds ».
Mais, n’oublions pas les compères qui sont à ses côtés : une bande de copains qui ne cessent de se retrouver avec en premier lieu (c’est le plus visible) Emile Parisien. Un air de Tintin tombé là par hasard, qui agite son sax comme s’il tentait de séduire un cobra et qui fait monter une tension unique au fil de ses interventions : son long solo débité à Jazz à Vienne presque sans respirer, dans un silence grandissant, fait déjà partie des grands moments de ce festival. Instant d’osmose, d’inspiration, sans doute renforcé par le plaisir de retrouver le public et de faire la nique à cette pandémie : le jeune homme n’a pas fini de nous surprendre et le cadre de Crest pourrait bien rester dans les annales.
Louise Jallu pour boucler ce festival
Le lendemain, suite et fin du festival. Comme le veut la tradition, la soirée débutera avec le lauréat du concours qui est organisé chaque année dans le centre de la commune et qui doit permettre de départager les candidats sélectionnés. Pour suivre, on retrouvera la Compagnie Transe Express et surtout rendez-vous avec Louise Jallu en quartet.
Joueuse de bandonéon, cet instrument qu’on pourrait volontiers confondre avec l’accordéon et qui s’est surtout fait connaître via le tango argentin même s’il est né en Allemagne. Beaucoup de musiciens ont adopté cet instrument aux sonorités étranges en lui accordant une petite place dans leurs concerts ou leurs compositions. Louise Jallu, elle, en a fait son seul et unique instrument. Depuis l’âge de 5 ans, nous racontent ses biographes.
Depuis, la jeune femme n’a cessé d’explorer cet instrument, de rechercher ces résonances étranges qui naissent au détour d’une respiration de cet instrument méconnu. Bien sûr, Piazzola ne sera pas absent de ce concert.
Pourvu que Louise Jallu n’ait pas oublié d’apporter à Crest quelques exemplaires de l’album qu’elle vient d’ailleurs de lui consacrer et dont les thèmes seront évidemment très présents ce soir.