Keith Jarrett au féminin, du fait de son goût prononcé pour l’improvisation ou musique contemporaine sauce jazz ; voire encore musique à la Hanna Rani, autre pianiste japonaise hors sol ? Difficile de définir la musique de la pianiste japonaise Naoko Sakata, aussi mystérieuse que la difficulté à entrevoir son visage souvent occulté par son abondante chevelure. Pas un problème pour elle, puisque bien évidemment, elle joue sans partition.
On connaît le goût du Rhino Jazz pour la découverte et pour la prise de risque. On dira peut-être même dans le futur, comme ce fut le cas lors d’un lointain passé avec Youn Sun Nah que le Rhino Jazz a été à l’origine du premier concert en France de la pianiste japonaise, le jeudi 2 octobre à Lyon.
Et c’était dans un cadre qui lui seyait fort bien : au sein de la magnifique chapelle de la Trinité à Lyon, un écran baroque pour une musique elle aussi très baroque.
Son dernier opus, « Infinity » à l’atmosphère mystique a été classé parmi les dix meilleures albums de …musique contemporaine.
Ne le cachons pas : ce n’est pas une musique dans laquelle on entre facilement. Des spectateurs sont d’ailleurs partis en cours de route. Elle demande un effort, mais une fois que l’on est dedans…
La pianiste est parfois tellement concentrée dans sa musique qu’elle murmure, chante, pousse parfois même des cris stridents. Parfois aussi, de temps à autre, elle cogne sur les touches de son piano, mais entre les moments d’exaltation, une fois retombés, on entre dans de magnifiques paysages sonores : la jeune-femme très expressive dès qu’elle lance ses doigts sur les touches de son piano a aussi un vrai goût pour la mélodie.
Le moins que l’on puisse dire est que ses improvisations ne manquent pas de piquant, d’audace et de sincérité, on ne sait pas toujours où elle va emmèner le public, mais elle sait transmettre une émotion qui finit par s’installer, même si son audace désarçonne.