Le Périscope est une salle labélisée SMAC (Scène de Musiques Actuelles) particulièrement innovante tant par sa programmation que par les projets mise en œuvre en direction des artistes, des publics et des territoires.
Rencontre avec Pierre Dugelay, afin de connaitre les actions, l’économie, les moyens et le fonctionnement de cette salle dont il est le directeur.
Pierre Dugelay, quelques mots sur ton histoire avec le Périscope?
« J’ai été présent en tant que bénévole depuis l’ouverture du Périscope en 2007, initialement crée comme lieu de musiciens réunis au sein du « Grolektif ». Lors d’une réorganisation liée à son développement, nous avons séparé la gestion du collectif de musiciens de la salle. J’ai ainsi pris la direction du lieu. J’assure sa direction tout en occupant de la direction de Jazz’Ra, la vice-présidence d’AJC ainsi que des missions connexes au sein de structures liées au jazz. »
Quelles sont les actions que vous mettez en œuvre au Périscope ?
« Elles se déclinent en quatre pôles :
Tout d’abord, «la diffusion » de concert, qui est la plus importante et la plus visible. Nous organisons entre 130 et 140 par an, principalement en jazz contemporain mais aussi à tout ce qui lui fait écho que ce soit en musiques traditionnelles, hip hop ou rock. Nous accueillons également des projets hybrides.
L’autre pôle majeur est consacré aux « résidences artistiques » – une centaine de jours par an. Les artistes que nous accueillons en majorité sont des professionnels et sont rémunérés durant ces périodes. La création d’une nouvelle salle nous a permis d’optimiser notre organisation en jouant sur l’articulation résidence /concert : l’objectif étant d’avoir des résidences en permanence. Nous offrons un cadre le plus confortable possible sans toutefois intervenir dans l’aspect artistique.
Le troisième pôle est « l’action culturelle » en direction des habitants, des enfants, des personnes âgées, des personnes en difficultés ou d’un public lambda sur le territoire. Pour cela ne faisons appel à des artistes qui sont prêt à s’impliquer dans des projets participatifs.
L’action culturelle permet de réaliser des projets artistiques par un autre biais que le concert. Pour exemples, la semaine dernière nous avons montés un projet avec 140 lycéens qui ont crées leur propre spectacle : la semaine d’avant un projet mêlait une école maternelle et un Epadh. Notre rôle est de faire le lien entre les artistes et les différentes identités du territoire.
Le quatrième pôle est l’accompagnement métier « l’entreprenariat culturel » en direction des porteurs de projets. Cela se traduit par des interventions concernant le développement de carrière, le montage des productions, les aspects juridiques, la vie des associations, le travail à l’international. Nous souhaitons apporter des connaissances afin que les artistes comprennent leur environnement et qu’ils puissent se professionnaliser. Les intervenants font soit partie de l’équipe du Périscope soit sont des personnes extérieures possédant des compétences en la matière. Ces accompagnements sont gratuits pour les participants et sont financés par le Fond Social Européen (FSE).
Dans ce pôle, j’intègre les projets de coopérations internationales qui interrogent les questions de la circulation des artistes émergeants à l’international : comment les artistes émergeants peuvent jouer à l’étranger voire y réaliser leurs carrières. Nous menons ces projets de coopération depuis huit ans. Actuellement nous menons le projet collaboratif « Footprints ». Ce programme en direction de jeunes agents européens et des jeunes artistes se base sur une exemplarité des pratiques en matière de responsabilité sociétale et environnementale.
Nous incitons les jeunes artistes à rentrer dans cette démarche. »
Vous bénéficiez de quels types de financements ?
« Différentes financements alimentent respectivement nos 4 pôles d’activités, le budget global étant d’environ 900 000€.
En tant que salle labélisée SMAC, les subventions viennent de l’Etat, de la Ville de Lyon et de la Région. C’est notre ancrage le plus solide pour réaliser les trois premières actions.
Le FSE, l’Europe et la Métropole financent « l’entreprenariat culturel ».
Pour chaque projet type concerts, radio, les podcasts, nous allons également chercher des financements spécifiques.
Nos ressources propres qui représentent environ 200 000€.
Chaque financement nécessite un process précis : élaboration et dépôt du projet, récupération du financement, réalisation et établissement d’un bilan. C’est une grosse machine mais il s’agit d’argent public. Je sollicite et implique toute l’équipe dans la bonne marche de ce process. »
Quel est votre mode de gouvernance?
« Nous avons un conseil d’administration composé de différents collèges : « artistes », « bénévoles » et « entreprises ». Ce dernier est constitué de personnes morales comme des collectifs d’artistes, l’Université Populaire.
C’est très utile d’avoir un bon Conseil d’Administration. Je m’appuie beaucoup dessus. Il faut argumenter, justifier, répondre aux questions. cela mets à l’épreuve la qualité de notre gestion.
J’e rends également des comptes à toutes les institutions qui financent les projets.
Et je n’oublie pas mon équipe avec qui je partage l’ensemble des projets.
Ma place de directeur est d’être au centre de ces trois entités.
Peux-tu me parler du lieu ?
« Ce lieu est un lieu de vie, de travail et d’échange pour toutes les personnes présentes : l’équipe des permanents, les personnes que l’on accompagne, les artistes en résidence ou qui répètent dans nos locaux.
Les projets émergent souvent de ce lieu.
En terme de locaux, nous avons une grande scène, un deuxième plateau, un espace d’accueil, une cantine qui fonctionne le midi et le soir, un espace d’accompagnement, un bureau de production et les locaux de répétitions au sous-sol.
Et en été, une grande terrasse… »
Avec combien de salariés?
« 15 personnes travaillent au Périscope : 13 permanents répartis dans les domaines de la production, technique, administratif, action culturelle, communication, accueil, accompagnement entreprenarial et deux personnes effectuant leurs services civils. »
Parlons programmation !
« Plusieurs personnes m’accompagnent dans la réalisation de la programmation : quelques personnes de l’équipe passionnés de musique et des personnes extérieures, référents ou non, qui interviennent un peu comme des membres d’un comité de conseil.
Ce n’est pas une programmation signée, figée, avec un déroulé planifié.
La base est de programmer au trimestre mais il m’arrive de planifier à trois semaines. Le plus court possible afin de coller aux opportunités qui se présentent. Je n’arrête jamais la programmation. Chaque concert est un événement, un accueil.
Nous sommes souple en communication, nous n’avons même plus de plaquettes. »
Les projets.
« Je dois présenter prochainement un nouveau projet européen pour 2023. Nous voulons créer avec dix partenaires huit réseaux avec huit pays – Slovénie, Irlande, Grèce, Pologne, Finlande, Norvège, Hollande, Espagne afin de tisser une toile entre organisateurs professionnels et organisateurs amateurs. Mettre en place des évènements dans des petits lieux, sur les territoires ruraux afin de favoriser des échanges entre publics et artistes.
Une autre objectif est d’avoir à partir de septembre avec une occupation maximum du lieu dans une vraie articulation entre résidence et concerts.
Un objectif plus qu’un projet : trouver la bonne balance entre un lieu de travail pour les musiciens et un lieu ouvert aux publics et que les deux se rencontrent.
Et enfin, je n’oublie pas l’activation de la structure que nos avons récemment crée qui est adossée au Périscope : le fonds de dotation – Sonar, pour la création et l’innovation musicale. C’est une structure qui lèvent des fonds par le système du Mécénat et qui va directement aux artistes.
Le premier fonds a été attribué à une bourse à l’écriture – la phase qui précède le plateau et qui est très difficile à financer.
Et enfin, que penses-tu de la scène jazz lyonnaise ?
Il y a de multiples lieux où il se passe beaucoup de choses que nous ne connaissons pas. Il y a incontestablement une scène lyonnaise mais il faut certainement la renouveler, créer une autre dynamique ou d’autres liens.
Il est essentiel d’accueillir ces jeunes musiciens et leur offrir des lieux pour jouer. Sinon ils s’en vont.
Contact : Billeterie : 04 78 38 89 29
periscope.lyon@gmail.com