« Cinematic » le dernier opus de Kyle Eastwood n’a d’autre prétention que celle qu’annonce le titre. Rendre hommage à quelques films inoubliables via quelques thèmes qui ont nourri leur générique ou telle ou telle scène marquante. La chose n’est pas si évidente dans la mesure où toutes ces musiques étaient d’abord censées illustrer à leur façon les images du film.
Ici, rien de tel : le quartet de fidèles du contrebassiste s’aventure seul à la recherche de ces thèmes pour les mettre en valeur elles et elles seules. De Pink Panther à Charade, de Gran Torino à Taxi Driver et quelques autres (onze en tout).
Le disque est bien un hommage d’un amoureux du cinéma, dont le seul objectif est de remettre à l’avant-scène quelques musiques qui ont plus particulièrement marqué le 7ème art. Ici, Kyle Eastwood est moins leader que fomenteur de ces onze rappels. Laissant largement la place, l’espace et les solos à Quentin Collins (tp), Brandon Allen (sax), Andrex McCormack (p) et Chris Higgin Bottom. Ajouter à cela Camille Berthault appelée en renfort sur Les Moulins de mon cœur et Hugh Coltman sur Gran Torino.
Ce n’est évidemment pas si simple de s’aventurer dans les méandres musicaux de Michel Legrand et d’aborder une telle chanson faite sur mesure pour le grand compositeur. Timidité des premières mesures, des premiers mots avant que le morceau ne s’emballe et que la jeune femme ne revienne à ce scat dans lequel elle excelle et qui explique les raisons de sa présence ici. Hugh Coltman quant à lui, colle avec précision avec ce thème qu’on peut imaginer cher au contrebassiste, excellemment joué et chanté.
Loin de tirer la couverture à lui, Kyle Eastwood vient juste ici rappeler les liens étroits qu’il a tissés avec le cinéma au cours de ces 50 dernières années (sic), via la musique et en premier lieu le jazz, comme interprète ou comme compositeur. Le CD aurait d’ailleurs pu comporter beaucoup plus de thèmes, tant le cinéma a largement puisé dans la musique pour démultiplier et enrichir ses effets.
Ce n’est peut-être d’ailleurs pour le contrebassiste que le début d’une démarche appelée à se prolonger.