Jazz In Lyon

Enfin, les contrebasses ont à nouveau le droit de monter dans les… TGV

La SNCF et le ministère de la Culture ont revu leur copie : longtemps interdites dans les TGV, les contrebasses peuvent à nouveau monter à bord des TGV. Définitivement. Après une « expérimentation » lancée en juin dernier pour trois mois et prolongée jusqu’à fin décembre, la SNCF et le ministère de la Culture ont annoncé la semaine passée le retour en grâce de l’instrument. Désormais, les contrebassistes pourront dont voyager avec leur instrument dans les TGV « Inoui ». 

L’annonce en a été faite jeudi dernier à la gare de Lyon à Paris par Rachida Dati, ministre de la Culture, et Christophe Fanichet, le directeur Voyageurs de la SNCF.  Elle met fin à un imbroglio qui durait depuis des années et qui avait pour résultat de voir (et d’écouter) des contrebassistes de passage jouer sur un instrument loué ou prêté, en tout cas, autre que le leur. Pas anodin, ni pour l’acoustique, ni pour l’inspiration.

Une seule contrebasse par rame … et pas plus d’1,95 mètre

Toutefois, la SNCF pose un certain nombre de conditions à cet accès retrouvé : dans les TGV à deux niveaux, une seule contrebasse sera acceptée par rame (soit deux instruments par double rame comme c’est le plus souvent le cas sur Lyon-Paris). Elle devra être placée au fond à l’étage supérieur de la première voiture (1 ou 11), devra être protégée par une housse (une évidence) et ne pas excéder 1,95 mètre. 

Petit ou gros bémol, c’est dans ces voitures que la SNCF a installé ses sièges « Business Première » dont les tarifs n’ont plus rien à voir avec des tarifs de seconde classe ni même de première. Or, selon le communiqué diffusé par le ministère, le musicien sera tenu de voyager « à proximité » de son instrument. Ce qui laisserait entendre qu’il en sera quitte pour débourser  quelques 300 euros l’aller simple, (prix annoncé par la SNCF en « business première » un vendredi de février 2025). 

Mais, comme le précise le ministère, cette « surclasse » n’est proposée que sur certains trains en journée et à certaines périodes. (On lira à ce sujet ci-dessous (*) la réponse que vient de nous faire le ministère. 

Les TGV à un niveau ne sont, eux, pas concernés,  l’espace aménagé pour recevoir les contrebasses se trouvant en effet en seconde classe.

Les TGV à deux niveaux introduits en 1995

Malgré le soulagement, la volte-face de la SNCF sur le sujet au bout de tant d’années n’est pas sans provoquer quelques moqueries chez les musiciens. 

Surtout lorsqu’on sait que les TGV à deux niveaux ont été introduits sur le réseau, et notamment sur Paris-Lyon, à partir de 1995, il y a 30 ans. 

Mais, d’après plusieurs musiciens ayant participé aux négociations, non seulement, trois ministres de la Culture successifs se seront mobilisés pour faire aboutir le dossier mais, côté SNCF, Jean-Pierre Farandou, son président (qui a fait, on s’en souvient, ses premières armes à Lyon), s’est également largement mobilisé pour convaincre ses services.

Il est vrai que la « décarbonation » ayant  désormais rang de croisade nationale, le rejet systématique des contrebasses par le principal transporteur du pays commençait à faire désordre. Poussant les musiciens à délaisser le train pour la voiture, systématiquement moins chère dès que l’on voyage à plusieurs.

De plus, comment comprendre et admettre que si les contrebasses n’avaient pas droit de cité à bord, rien n’interdisait à un quidam d’embarquer sans problème avec planche de surf ou paire de ski ?

Faut-il voir là, comme certains le pensent, une sorte de dédain général pour la musique vue comme une activité annexe ou superflue et sa place ou son rôle dans la société ? En tout cas, on appréciera d’autant plus la mesure prise par la SNCF et le Ministère en n’oubliant pas cette confidence d’un des acteurs de cette longue négociation : « cet accord….. on l’a arraché ! ».

Notre conseil tout de même : pour les Hammond B3………attendre un peu avant de déclencher les hostilités.

Les précisions du ministère de la Culture

Ci-dessous, la réponse à notre question -in extenso- faite par le ministère :  

« S’agissant des emplacements qui permettent d’accueillir une contrebasse dans les TGV INOUI à deux niveaux, il s’agit en effet des voitures 1 et 11 (voire 21, selon le nombre de rames). Ce sont des voitures de 1re classe, qui ont été concernées par l’expérimentation et utilisées par les musiciens ces derniers mois. Ils y voyageaient donc avec un billet de 1ere classe et continuent de le faire, le cas échéant en bénéficiant de réductions, s’ils ont des cartes ou abonnements.

Pour les trains équipés de voitures de 1re classe « Business première », les musiciens sont tenus de prendre un billet dans cette classe de voyage afin de pouvoir voyager à côté de leur instrument, l’emplacement réservé s’y trouvant. Cette offre premium n’est toutefois proposée que sur un nombre limité de trains et à certaines périodes uniquement ».

Dessin : Bruno Théry (affiche Jazz à Vienne 1988)

 

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