Au sein d’A Vaulx Jazz, on a le sentiment que le « Off » se développe de plus en plus. Est-ce le cas ?
Thierry Serrano-Oui. D’ailleurs cela fait un moment qu’il se développe. Cette année, il a démarré le 15 février au Planétarium et il va s’étendre jusqu’à ce que démarre la scène centrale au Centre Charlie Chaplin, à partir de samedi 15 mars. Pour l’essentiel, tout ce festival est gratuit, sauf ce qui se déroule Périscope. Le festival assume tout cela. Ce qu’on a voulu, c’est resserrer les liens entre cette première partie et la suite : on a d’ailleurs abandonné l’appelation « off » pour celle de « hors les murs » pour rappeler et insister sur le fait qu’il s’agit d’un seul et même festival qui dure un mois et demi.
Dans quel but ?
C’est la façon de s’adresser aux habitants de la ville d’abord. De leur montrer que ce sont des musiques vivantes et accessibles à tous : concerts dans la rue, performances dans les quartiers, à toutes heures, dans des lieux différents et qui leur sont destinés.
Le rapprochement se fait –il ?
Soyons francs, cela ne fait pas un raz-de-marée. Mais il y a des liens qui se sont établis au fil des années.
Cela confirme-t-il cette conviction que l’on sent dans les équipes du festival que la musique est bel et bien « intégration » ?
On a réalisé divers sondages. A Vaulx Jazz bénéficie aujourd’hui d’une renommée nationale, voire européenne et dispose de divers réseaux. Ce qu’on sait, c’est que le public de Charlie Chaplin est à 25 % de Vaulx-en-Velin et à 75 % extérieur. Et que le public du « hors les murs » est exclusivement originaire de Vaulx. L’an dernier, le « hors les murs » a rencontré pas loin de 10 000 habitants pour une population de 45 000 habitants. Et le Centre Charlie Chaplin a reçu 8 000 spectateurs, ce qui fait peu ou prou une jauge de 1 000 spectateurs par soirée.
Cela est-il conforme avec vos objectifs ?
L’objectif n’est pas de remplir à tout prix. C’est la ville qui porte le festival. Il fait partie de la vie municipale et il est l’événement culturel phare de Vaulx-en-Velin.
Comment la commune aide-t-elle ?
De différentes façons : personnel mis à disposition, prêt des lieux et bien sûr une grande partie du financement, avec diverses aides ou subventions, de la Sacem, de la Région. Notre budget est cette année de 500 000 euros dont 180 000 euros dévolus à l’artistique.
Quelles thématiques se dégagent de cette 27ème édition ?
La musique et la cuisine ça colle parfaitement. Ca donne lieu à de sacrés concerts. On se souvient évidemment de la Soup Mix il y a quelques années. Cette fois-ci, il y a un travail tout au long de l’année avec les associations et maintenant existe un concours de soupes : une quinzaine de soupes étaient préparées par des équipes et représentaient toutes les soupes du monde. Après concours, jury et délibération, le meilleur soupier récompensé est un gamin de 10 ans. Comme quoi, Vaulx-en-Velin a plein de ressources.
Comment le festival a-t-il évolué vis-à-vis de la ville ?
Le festival s’inscrit dans la ville. Toute la ville. Avec les entreprises c’est moins évident.
Techniquement, comment a-t-il évolué ?
Le festival se déroule depuis la première édition au Centre Charlie Chaplin et il s’y trouve très bien. Certes, on a cherché à parfaire le son pendant plusieurs années et il y a eu de nombreux aménagements et des transformations, de matériaux, du matériel utilisé. Aujourd’hui, globalement, par rapport à ce qu’on peut entendre ailleurs, le son est de qualité.
Que dire de la programmation ?
Une des caractéristiques du festival, elle est même essentielle, est l’ouverture vers d’autres musiques et de mettre en valeur les rapports entre des musiques pas cloisonnées. Entre toutes, il y a des passerelles. Cette année, outre le Blues et le Jazz, le festival accueille du hip hop, du Flamenco, du Rock, du zydeco. C’est vraiment la vitalité du jazz qui est mise en avant. Un concert événement est celui de Robert Glasper version Experiment qui accueille le rappeur Mos Def. Un concert rare puisqu’ils ne donneront que trois concerts en France. Ils auront été précédés ce soir-là par Grand Pianoramax qui compte Léo Tardin au piano, Black Cracker au vocal et Dominik Burkhalter à la batterie. Léo Tardin avait été lauréat à Montreux et lui aussi travaille avec un rappeur. Le festival est le reflet de ce qu’est le jazz, un creuset de cultures aussi diverses que Bill Frisell qui revient cette année avec cette musique country qui est bien dans les racines des Etats-Unis. Malgré un petit souci d’ordinateurs, il avait été content de son passage l’an dernier.
La soirée blues d’A Vaulx Jazz a un rôle à part en même temps qu’elle est devenue une référence. Comment l’avez-vous concocté cette année ?
Cette année, elle sera un peu particulière. Elle va détonner selon moi. Jusqu’ici on avait souvent du blues originaire de Chicago. Là ce sera du Folk Blues, là encore, les racines des Etats-Unis, le Bayou, la Louisiane. Leyla McCalla est d’origine haïtienne. Elle a été découverte dans les rues de la Nouvelle Orléans. Ensuite, nous recevrons Clayton Joseph Chenier, le fils de Clifton Chenier, qui joue avec le même groupe que son père. Ca va chauffer. C’est très dansant.
Et la soirée Flamenco qui conclut l’édition ?
En fait , on n’a jamais fait de flamenco jazz à Vaulx-en-Velin. Or, il y a vraiment des passerelles entre le flamenco et le jazz. Ce sont des musiques qui ont une histoire. Techniquement, il y a également une belle part d’improvisation dans le flamenco. Dorantes, au piano, sera escorté de Renaud Garcia-Fons à la contrebasse cinq cordes.
Par le passé, on a eu des éditions très marquées par les « voix » : Youn Sun Nah l’an passé, Madeleine Perroux auparavant……et cette année ?
Il y a beaucoup de voix également cette année. Peut-être ne s’agit-il pas de si grands artistes. Mais tout de même, nous recevons Sandra Nkaké (le 18 mars), La Velle (le 21 mars), Jenifer Solidade (le 26 mars) avec Giovanni Mirabassi. Il y a également la chorale des Boxest (le 21 mars) et Napoleon Maddox en compagnie de Sophia Domancich.
Le programme complet du Festival, billetterie