Jazz In Lyon

Festival de Big Bands de Pertuis : Unique

25 ans ! A l’heure où les grandes formations rencontrent de plus en plus de difficultés pour se produire, Pertuis se révèle bel et bien un festival exemplaire

25 ans que ça dure ! Depuis 25 ans en effet, durant une semaine au début du mois d’août, les Big Bands ont leur rendez-vous : Pertuis, non loin d’Aix-en-Provence,  porte d’entrée du Luberon. C’est là, dans cette commune de 20 000 habitants, qu’est né en 1999, ce festival qui chaque année (sauf 2020 -1) donne rendez-vous à tous les amateurs d’un type de jazz unique en son genre : le big band.  

 

Gérard Badini (et sa Super Swing Machine), ici aux côtés de Léandre Grau, est l’un des plus fidèles piliers de ce festival 

En un quart de siècle, ce festival a reçu à peu près tout ce qui compte en la matière, de France comme d’ailleurs, et chaque édition a été marquée à sa façon par telle ou telle grande formation. En 2018, c’était le BBC Big Band. En 2013, l’Amazing Keystone, en 2014, Richard Galliano et le Big Band 31, alors qu’en 2019 montait sur la scène de l’Enclos de la Charité le Count Basie Orchestra. 

Le Pertuis Big Band lancera les festivités 

Tout est à peu près fin prêt pour cette 25ème édition. Comme le veut la tradition ou l’histoire de ce festival, c’est le Pertuis Big Band qui lancera les festivités mardi 5 août. Une soirée aux allures d’hommage ? C’est en effet grâce à cette formation créée en 1984 et à Léandre Grau, son directeur et fondateur (et par ailleurs tromboniste) qu’un élu de la ville, Claude Bousquet, eut l’idée de proposer de lancer ce festival s’appuyant sur une  association créée à cet effet.

25 ans après, le festival se porte comme un charme : durant une semaine, le public découvre chaque soir à partir de 19h30 deux formations différentes : soit 12 concerts au cours de six soirées dont les deux premières sont gratuites. L’objectif de Léandre Grau, est d’en appeler à toutes les formes de jazz et donc à toutes les formes de big band. L’un des objectifs d’ailleurs de l’association qui épaule le festival est de croiser les formations de tous gabarits. Bref, en six jours, une quasi histoire du jazz à travers ses grandes formations.

Là est d’ailleurs l’une des performances de ce festival : au moment où les big bands disparaissent quasiment de tous les grands festivals de jazz, -sauf peut-être le Lincoln Jazz Orchestra de Winton Marsalis à Marciac-,  Pertuis a décidé de les mettre au pinacle. Comme un pied de nez aux grosses machines qui reculent de plus en plus devant les difficultés que posent de telles formations (déplacement, hébergement logistique et cachet des 18 à 20 musiciens qui composent ordinairement de tels orchestres). 

2019 : Pertuis accueille le Count Basie Orchestra 

Léandre Grau se souvient de ces premières éditions, et des premières sélections : « Ca a été très difficile. Il fallait y aller crescendo ». L’un des premiers en 2002 à fouler la scène de Pertuis fut Antoine Hervé, ex-directeur de l’ONJ. Peu à peu, le festival monta en puissance, veillant à mobiliser des formations de l’Hexagone mais aussi de plus loin. Et toujours plus renommées : ici le Paris Jazz Big Band, là l’Orchestre National du Luxembourg, le Bruxelles Jazz Orchestra, ou celui de l’Orchestre de la BBC pour arriver en août 2019 au Count Basie Orchestra. « On les a eus pour le 20ème anniversaire du festival. Ce fut un moment magique….20 ans !, j’avais justement dit à Claude Bousquet que ce serait mon rêve qu’un jour cet orchestre vienne jouer à Pertuis ». Seul manquent à son « tableau de chasse » le WDR (Allemagne) et le Metropole Jazz Orchestra (Pays-Bas).

Que retenir ? Un feu d’artifice sonore inégalé 

Que retenir de cette aventure ? Ici, ces 40 bénévoles qui rendent ce festival possible, là,  le parrain du festival, Gérard Badini, invité à deux reprises avec sa formation le Super Swing Machine, mais aussi quelques amis, dont Jean-Pierre Vignola, des partenaires comme l’IMFP de Salon, l’Ecole de musique de Pertuis,  la municipalité qui les soutient sur le plan financier et logistique, et aussi, des quelques subventions qui permettent de faire face aux coûts et à la hausse des prix : « Si le salaire des musiciens n’a pas trop bougé, tout le reste a pris 30% », constate Léandre Grau, dont la restauration, les déplacements (TGV) et les hôtels. « Et ça, c’est en plus de l’artistique. C’est difficile à gérer ». Que retenir surtout ? A écouter Léandre Grau, on décèle surtout un enthousiasme passionné et indéfectible pour un type de formation qui reste au firmament du jazz : qualité des solistes, rigueur de la mise en place, rôle irremplaçable des arrangeurs et du chef d’orchestre qui vient insuffler la cohésion d’ensemble, et surtout, génie de tous ceux à qui l’on doit les standards de référence, Cole Porter, Thad Jones, Michel Legrand et autre Franck Foster. 

Cela n’explique pas complètement la magie de telles formations, lorsque seuls ou ensemble, les trois rangs, encadrés par la rythmique, produisent ce qui reste comme un feu d’artifice sonore inégalé, fruit du talent individuel qui accepte, pour quelques instants, de se soumettre à la cohésion collective, sans rien abdiquer de son inspiration. 

1)- Comme partout ailleurs en cet été 2020, le festival avait été annulé. Toutefois, Léandre Grau avait obtenu que le Pertuis Big Band soit autorisé à se produire le temps d’un concert, histoire de ne pas rompre le lien avec le public.

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