Coucou, revoilà les frères Moutin à Lyon. Le temps d’un concert samedi à l’Opéra de Lyon, version grande salle, comme il arrive parfois : souvenons-nous Martial Solal, il y a quelques mois (que les jumeaux ont souvent escorté par le passé) et de Daniel Humair, venu avec quelques belles pointures (Stephano di Battista et Michel Portal).
Les frères Moutin ? Deux mondes du jazz qui aiment n’en faire qu’un dès que l’occasion se présente même si le contrebassiste et le percussionniste poursuivent des carrières séparées depuis belle lurette.
Pour le concert de Lyon, ils seront, une fois de plus en très bonne compagnie ayant appelé à la rescousse Jean-Michel Pilc au piano et Randy Brecker à la trompette/bugle. Deux musiciens complices de longue date de l’un et de l’autre. Exemple, lorsque Jean-Michel Pilc décida d’en finir avec une carrière spatiale qui l’avait amenée au CNES dans les années 80 pour se consacrer à la musique c’est déjà avec François Moutin qu’il fit affaire, tout comme un peu plus tard, outre-Atlantique, lorsqu’il construisit ce joli trio incluant Ari Hoenig.
Il en est de même avec Randy Brecker. Une carrière et des expériences longues comme le bras, lui aussi avec ou sans son frère, et trompettiste hors pair dans toutes sortes de régimes.
C’est d’ailleurs tout l’intérêt des frères Moutin dont on ne saurait trop résumer la carrière, les virages ou les attachements. Tour à tour, et dans le désordre, leaders, concepteurs ou sidemen de génie.
On se souvient de leur dernier passage à Jazz à Vienne il y a deux ans (voir et entendre ci-dessous). Ou bien d’un autre où ils se chargeaient de donner la réplique à Martial Solal, vieille connaissance.
Jubilatoire en diable
Outre un bagage jazz d’exception, les deux frères savent surtout insuffler une énergie constamment renouvelée et distiller tout au long des sets une fantaisie propice, quels que soient les thèmes interprétés.
Résultat : bien malin celui qui peut dire comme un set ou un concert où ils assurent la rythmique tournera. Affaire de relances, de convictions, d’envie d’aller plus loin, plus fort. Dans cette façon de ne jamais laisser les choses en l’état, le contrebassiste excelle. Jubilatoire en diable.
Pour ce concert, on comptera néanmoins avant tout sur Jean-Michel Pilc et Randy Brecker qui auront évidemment la part belle. A l’un, un toucher féérique. A l’autre une décontraction extrême à la trompette et surtout au bugle. D’où une densité de propos qui fait souvent mouche, surtout lorsqu’elle s’appuie sur des jumeaux d’exception.
Bref, avec tout ça, c’est bien un grand pan de la musique improvisée contemporaine qui se révèlera sur la grande scène de l’Opéra.