Le concert du Trio ETE avec Andy Emler, Claude Tchamitchian, Eric Echampard se déroulait vendredi soir dans la nouvelle salle du Périscope. L’ancienne salle – adossée à la nouvelle – est devenue un lieu d’avant et d’après concert. Très convivial. C’est donc un beau développement pour le Périscope qui propose depuis sa création une programmation éclectique, moderne, audacieuse et pertinente.
A noter que c’est une des scènes lyonnaises à continuer à maintenir du spectacle vivant dans une période plutôt compliquée. A soutenir !!!
Alors ce Trio ETE ?
Un régal ! Une performance physique tant l’énergie déployée rappelle celle que l’on trouve dans le rock. Un rythme à couper le souffle. Faut dire les lascars se sont nourris de Tony William, du Mahavishnu, de Zappa, de Led Zep et j’en passe…
Depuis vingt ans, ces trois musiciens composent, jouent, improvisent ensemble dans une créativité renouvelée bien peu commune. Respect…
Ils présentaient leur dernier album Useful Report (voir référence en fin d’article).
Nous sommes bien dans le domaine du jazz en termes de formes, de structures, de développements, d’improvisations mais avec un vocabulaire emprunté à de multiples styles musicaux du XXème siècle doublé d’un travail très pointu sur la matière sonore, le rythme, le phrasé, l’harmonie.
Roc immuable, Andy Emler est au piano. Sa carrière de pianiste, de compositeur, d’arrangeur, de pédagogue, de directeur artistique, de chef d’orchestre, d’initiateur en tout genre est une vraie caverne d’Ali Baba avec des rencontres, des créations, des productions, des évènements, aussi marquants qu’originaux. Pour n’en citer que quelques uns – le « Andy Emler MégaOctet » of course (8 albums, 9 musiciens), le « Andy Elmer Quintet », sa participation au « Big Band d’Antoine Hervé », son intense collaboration avec Michel Portal, le triple concerto « Un été malmené » pour trio jazz et l’orchestre national de Lille sous la direction de Jean- Claude Casadeus.
Sur scène, Emler donne les caps, pose les thèmes avec un air malicieux, attentif à la moindre intention de ses acolytes, chargeant la locomotive de toute son énergie. Ca va vite, ca va bien, c’est impressionnant de puissance narrative. Un grand bonhomme.
Claude Tchamitchian à la contrebasse, lui a multiplié la création de formations – notamment le « Grand Lousadzak » ainsi que des collaborations avec les grands noms du jazz français : Marc Ducret, Michel Portal, Sophia Domancich, Lynda Sharrock, Jean-Luc Capozzo, Raymond Boni, l’ARFI, Gérard Marais, Claude Barthélémy.
Son jeu est très « mingusien », ancré, lyrique, utilisant subtilement le jeu en harmonique. Toujours souriant, il occupe le centre : c’est le pilier du trio. Il court, martele, caresse les mélodies. Un solide.
Eric Echampard à la batterie – est un compagnon de route de Marc Ducret, de Michel Portal, de Benjamin Moussay, de Bernard Struber, de Rémi Charmasson, de Bruno Chavillon, de François Corneloup. Son jeu est « contrapunctique », précis, créatif, conjuguant puissance et subtilité. Un virtuose.
On joue ensemble avec générosité, liberté, multiples et unis. Chacun à sa place, alimente dans un plaisir non dissimulé, les paysages qui défilent, en maintenant la cohérence du récit.
Ca fonctionne à merveille.
Un beau voyage ce vendredi soir, dans un très haut niveau de créativité et dans un plaisir partagé de jouer et de recevoir.
So Good.
Pour continuer le voyage :
- « Useful Report » produit par « La Buissonne Label » et « La Compagnie aime l’air » et Marketed in coopération avec ECM sortira le 11 février 2022. Il est toutefois en précommande sur le site d’Andy Emler.
- https://www.youtube.com/watch?v=ZwnTE11d-BI&t=27s
- Si vous souhaitez rentrer dans le monde d’Andy Emler, un DVD lui ai consacré dans la collection « Au son de sa voix » qui contient la captation d’’un concert du MegaOctet au Paris Jazz Festival – une énergie de dingo !- avec une piste audio supplémentaire où Andy Emler commente l’ensemble du film tout en évoquant sa collaboration avec ses musiciens comme ses choix esthétiques. Top !
Crédit photos : Sylvain Gripoix