Oublié le Fest’Avril, le petit festival organisé par le Hot dans son caveau début avril. Voici cette fois le Jazz Day programmé samedi 30 avril.
Au Hot, c’est Captain Flapscat qui s’y colle ce soir-là. Une formation incontournable, qui pratique le New-Orleans avec dévotion, rythme et plaisir de jouer. Ajouter à cela que, comme pour tous les autres concerts organisés ce soir-là, l’entrée est libre et risque donc d’être légèrement embouteillée au sous-sol de la rue Lanterne.
Mais, malgré tout son intérêt, ce concert ne saurait résumer ce qui va se passer au Hot entre mercredi et vendredi : il accueille trois étonnantes formations qui prospèrent aux antipodes de ce jazz classique qui est un peu trop la marque de fabrique du caveau sexagénaire. On en veut pour preuve ce Six-Ring Circus qui s’harmonise autour de Célia Forestier dont la voix chaleureuse et convaincante fait merveille.
Les harmonies développées par ce « Circus » ne cessent de détonner, fuyant toute banalité ou redites un peu trop prévisibles. A la guitare, on appréciera le jeu sans cesse périlleux de Baptiste Ferrandis, au piano la vivacité pleine de sollicitude d’Elie Dufour, entouré d’Alex Phalippon à la basse et d’Elvire Jouve aux drums.
Le lendemain, jeudi, c’est plus qu’un changement de décor qui s’annonce avec ce duo Gilles Gasparetto à la guitare et Philippe Gilbert au sax, renforcé par Ph. Neutre aux platines. Pour tout dire, on risque d’être surpris par l’approche expérimentale de ce trio inédit.
Philippe Roche, dans un trio à cordes à savourer
Le plus surprenant est tout de même ce qui pointe le nez le lendemain soir. Cette fois, le Hot accueille un de ses plus vieux comparses : Philippe Roche, guitariste, qui s’est jeté dans le oud il y a quelques années avec passion au point, si l’on se souvient bien, de délaisser la guitare et ce jazz appris, joué et rabâché aux côtés de mille musiciens.
Or, Philippe revient ce soir-là dans un strict trio à cordes, le Talc Ensemble, et lui-même à la guitare.
Certes, en jazz, le violon est à manier avec précaution ou parcimonie, tant il a été marqué par quelques grandes figures qui l’ont comme figé dans une expression admirable. Grapelli, Ponty, Lockwood pour ne citer qu’eux. Mais la présence du violon de Benoît Nicolas, au côté d’une guitare et d’une contrebasse présente de multiples intérêts.
A ce sujet, Philippe Roche explique que la naissance du trio est due avant tout à cette fascination que l’on peut avoir pour les cordes, quelles qu’elles soient.
Le trio qui comprend à la contrebasse Jean Lardanchet, aime rendre hommage à ceux qui ont précisément marqué ces instruments : et d’expliquer : Le « trio à la corde » ne peut commencer un concert sans évoquer cette musique manouche dont l’instrumentation est si légère et si souple. Ce « nuage » de Django envolé, le trio peut se mettre à faire chanter ses standards. Ces fameuses chansons que les jazzmen se sont appropriés pour leur permettre de faire entendre leurs propres voix.
« Conclusione »
Pour le reste, c’est à un « voyage musical » que le trio vous convie, godillant entre ses propres compositions et des « réinventions » de répertoire plus récents.
Promis, seront notamment au programme « conclusione » de Maurizio Giammarco ou « l’armados rumba « de Chick Corea.
Enfin, avant de rompre, le « trio à la corde « a bien l’intention que d’autres « cordistes » (préférable à hommes de cordée) le rejoigne pour nouer ensemble quelques nœuds. Selon Philippe, aucun distingo : venez avec votre mandoline, votre violoncelle, votre harpe, pourquoi pas (le Hot dispose d’une entrée secrète pour les gros instruments).