Jazz In Lyon

Jazz à Vienne : 3 000 festivaliers à braver la pluie samedi, mais récompensés par une riche soirée femmes de Jazz

Jusqu’à présent, Jazz à Vienne avait réussi à passer entre les gouttes depuis le début du festival, le 27 juin, mais pas samedi 6 juillet, Jupiter décidant contre toute attente de mouiller allègrement k-ways et autres capes cyclistes ainsi que les gradins du théâtre antique. « Je suis désolée, mais ce n’est pas ma faute », sourit l’une des trois vedettes de la soirée avec son inimitable accent coréen, Youn Sun Nah. Elle avait été précédée par Jeanne Added et suivie par la pianiste japonaise Hiromi. Trois facettes différentes, toutes éclatantes.

Le message était clair, pas un hasard. Habillé d’un tee shirt blanc où était inscrit « No Pasaran » la chanteuse et compositrice française Jeanne Added occupa la première la scène du théâtre antique de Vienne devant une assistance relativement faible : près de 3 000 festivaliers.

Occupa est bien le mot car malgré en présence seulement de son pianiste, Bruno Rider et de deux choristes, Jeanne Added a une forte présence scénique. Elle sait tenir une scène et happer le public avec ses chansons très jazz, le plus souvent en anglais, parfois en français.

Un concert plutôt intimiste où l’artiste se donne à fond, avec ses compositions à la fois lumineuses et tendres, non dénuées de groove, ainsi que d’un vrai sens de l’épure et des mélodies.


Les choses commencèrent à se dégrader avec l’arrivée de Youn Sun Nah, en deuxième partie. Non pas de la faute de la chanteuse coréenne, mais de la pluie qui commença à tomber. Pas à tombereaux comme dans l’après-midi à Cybèle, mais de quoi bien mouiller k-ways et gradins.

C’est une nouvelle You Sun Nah que l’on a pu entendre samedi soir, n’hésitant pas à reprendre de grands standards, qui pourraient être en comparaison, en sa défaveur, mais en les malaxant, en la moulant à sa sauce, en leur redonnant des couleurs éclatantes.

Désormais Youn Sun Nah ose tout ! De la voix de soprano à celle, éraillée dans la tradition des chants coréens, en passant par des scats improvisés avec une étonnante virtuosité sur plusieurs octaves.

Bref, avec sa voix elle est l’aise dans tous les genres, provoquant l’émotion, sans avoir l’air d’y toucher…

Elle donna à entendre un certain nombre de thèmes de son dernier opus, »Elles » qui explore un large éventail de chansons écrites ou interprétées par des femmes artistes, du spiritual « Sometimes I Feel Like A Motherless Child », au rock psychédélique de « White Rabbit » de Jefferson Airplane.

Il est vrai qu’elle était aussi flanquée à sa droite et à sa gauche par Éric Legnini et Tony Paeleman, deux des meilleurs pianistes jazz français qui au passage ont gratifié le public de fort belles impros. Des envolées lyriques qui ont d’ailleurs fini par calmer Jupiter, la pluie cessant enfin lorsque la pianiste japonaise Hiromi investit à son tour la scène.

C’est en effet la pianiste japonaise survitaminée Hiromi qui a constitué le point d’orgue de cette soirée femmes du jazz.

Elle est arrivée sur scène en compagnie de sa nouvelle formation, Sonicwonder, composée d’un des trompettistes les plus prometteurs de sa génération, Adam O’Farrill, petit-fils du légendaire trompettiste cubain Chico O’Farrill, et du virtuose de la basse électrique Hadrien Féraud qui ont été à la hauteur de la pianiste japonaise, ils semblaient même transcendés.

Avec sa formation, elle a distillé un jazz Là la fois virtuose et énergique, issu d’un savant mélange des styles, bebop, post-bop, stride, rock, voire même funk, tout en conservant l’improvisation au cœur de sa musique, avec une fougue étonnante.

Bref, une fin de soirée riche, en forme de feu d’artifice musical car ce soir là, malgré le mauvais temps, il n’y eut pas de pétards mouillés !

 

 

 

 

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