Archie Shepp, Pharoah Sanders tour à tour au théâtre antique ce soir pour un hommage, aux allures d’initiation à cette quête musicale incessante qui aura marqué la brève carrière du grand saxophoniste.
La soirée a tout de l’événement. Parce qu’on y fête Coltrane tout d’abord. Coltrane, disparu il y a cinquante ans (juillet 1967) mais dont la musique n’a cessé, depuis, de prendre de l’ampleur, de subjuguer et de convertir. Ensuite, parce que se succéderont au théâtre antique deux étonnants musiciens, descendant en droite ligne du saxophoniste : Pharoah Sanders et Archie Shepp.
Deux saxophonistes également dont les carrières se sont amplifiées à l’ombre de l’auteur de Blue Train et qui ont hérité non seulement de sa musique mais aussi de cette volonté d’en découdre, au propre comme en musique et que rien n’était inatteignable. Au bout d’un demi-siècle, la fougueuse originalité de cette musique ne s’est en rien estompée.
Bien au contraire. Et les deux saxo présents ce soir n’auront fait, somme toute, que retenir la leçon. Pensez que Pharoah Sanders, 77 ans, a fait partie de la dernière formation de l’auteur de Naïma. Deux ou trois ans d’entente, de convergence, d’influence qui expliquent la suite. Il en est de même d’Archie Shepp, éternel précurseur qui, lui aussi, avait rejoint Coltrane dans les dernières années.
Ce creuset d’invention, d’originalité qui aura marqué tant et tant cette décennie bénie ne cessera de résonner de mille et une façons. De Dewey Redman à Don Cherry en passant par Ornette Coleman, Jimmy Garrison, tous héritiers d’une ambition qui n’était évidemment pas que musicale.
Et un premier passage d’Emile Parisien
Ce soir, on ne sait trop dans quel ordre ils interviendront. Surtout que la soirée est également marquée par un premier passage d’Emile Parisien. Le jeune saxophoniste découvert à Marciac et qui aura les honneurs, le lendemain, de la soirée « Touche française », se glissera en effet entre ses deux aînés pour un duo sax-musique électronique, les platines étant tenues par Jeff Mills, un des spécialistes du genre. D’une certaine façon, comme un prolongement de ce « free » voulu et partagé.
A retenir que Archie Shepp, l’homme aux éternelles métamorphoses, s’installera sur la grande scène en compagnie de Jason Moran, jeune pianiste, (à qui l’on doit un joli album -« Ten »- où figure précisément le drums de ce soir, Nasheet Waits), et de Amir ElSaffar à la trompette.
Là encore, histoire de passer le témoin, Archie Shepp en profite pour adouber un jeune saxophoniste aux allures de bombe londonienne, Shabaka Hutchings, qui aura quelques instants après les honneurs d’un Club de Minuit étincelant.
Enfin, on pourra entendre à un moment où à un autre Marion Rampal. Sa voix, son inspiration, ses textes et cette quête du blues qui donne lieu, déjà, à une jolie discographie.