Lors d’une interview, la chanteuse sud coréenne indiquait que le contact avec le public comme avec les différents musiciens avec qui elle jouait étaient des éléments essentiels dans sa carrière d’artiste.
Elle ajoutait : « J’aime l’esprit festif des concerts en plein air et j’aime rencontrer le public. Les spectateurs dans les festivals de jazz sont vraiment là pour vous écouter et vous soutenir. En somme, ces concerts sont un mélange de douceur et de folie ».
Elle confirma résolument ces affirmations tout au long de la soirée de dimanche.
Dans une robe carmin étincelante, elle arriva sur scène dimanche 9 juillet avec ses quatre musiciens et d’une voix fluette, presque plaintive, elle charma immédiatement le public par une invitation « à passer ensemble une bonne soirée ». Mots ponctués par un « merci beaucoup » qui sera égrené après quasiment tous les morceaux.
Posture d’humilité, surprenante quant à la juxtaposition d’une assurance évidente dans son expression artistique au regard de ses prises de parole en public.
Ce soir, après 8 albums mêlant jazz classique, comédie musicale, traditionnel américain, la chanteuse sud-coréenne venait défendre son dernier album essentiellement pop et rock « She moves on ».
Pour ce projet, elle a fait appel à Jamie Saft, claviériste iconoclaste (piano, Fender Rhodes, Hammond B3) connu pour sa collaboration depuis vingt ans avec le grand aventurier John Zorn pour à la fois assurer les arrangements, réunir un groupe et l’accompagner en tournée. Ainsi Brad Jones, contrebasse, Clifton Hyde à la guitare et Dan Rieser aux drums feront partie de l’aventure.
Le show reprenait les titres de son album constitué de reprises de Lou Reed (Teach the gifted children), de Paul Simon (She moves on), de Joni Mitchell ((The Dawntreader), de Jimi Hendrix (Drifting), des traditionnels du folklore américain, un standard (Fools rush in, de Rube Bloom et Johnny Mercer), mais aussi de chansons originales dont Traveller qui ouvrait la soirée.
Un début poussif
Avec un début très poussif – le groupe n’avait guère d’énergie, semblait se chercher, le guitariste était inaudible, le batteur n’avançait pas – , la vitesse de croisière s’est installée peu à peu mais bien tard à mon goût et sans soutenir suffisamment la prestation de Youn Sun Nah.
Souvent bien seule devant, bien devant le groupe, Youn Sun Nah entièrement engagée pour défendre ses chansons a joué sur plusieurs timbres et sur autant de registres. De l’onomatopée ciselée à l’unisson avec un instrument, de l’explosion aux pianissimos les plus diaphanes, sa voix au timbre imprégné de virtuosité explore une palette rare de nuances et de subtilités.
Une voix plutôt de soprano mais qui trouve naturellement son confort dans un registre plutôt médium.
Une direction musicale incertaine
J’avoue être très partagé sur ce concert : absolument et sans conteste une vraie et grande artiste, une voix remarquable, mais un projet dont la direction musicale me semble incertaine et qui me semble plus miser sur l’esthétique qu’une volonté d’efficacité et de simplicité contenu dans les morceaux originaux.
Never mind – la grande majorité du public fut particulièrement attentif, réceptif à « ce mélange de douceur et de folie » dégagé par Youn Sun Nah et ses musiciens – et également très touché par sa présence très affectueuse sur scène.