Une nouvelle saison de la JAV (Jazz Action Valence) qui se termine et force est de constater que Pascal Berne, en charge de la programmation, a un goût sûr. Rien que pour cette année : Pieranunzi, Rosenwinkel, Pourcquery, Paceo, Oum, Viret ! Que du beau monde! Mais quelles belles surprises nous réserve-t-il donc pour la saison suivante? Vous le saurez en lisant sur notre site l’article qui, à la rentrée, présentera la nouvelle saison.
Pour débuter cette soirée dédiée aux cordes, Pascal Berne conduit un orchestre de cordes sur une suite en quatre mouvements portant des noms de bois (suite de sa composition). Pensée comme un travail sur le geste pour les élèves, ces morceaux font penser à la musique très cinématographique de Philip Glass.
Entre éternité et modernité
A cette première partie succède Jean-Philippe Viret (contrebasse) et ses acolytes, Sébastien Surel (violon), Johan Renard (alto) et Vincent Ségal (violoncelle). Ensemble, ils interprètent principalement les morceaux de l’album « Les idées heureuses » paru l’an dernier.
Cet album est un hommage à l’organiste et claveciniste François Couperin (1668-1733). Les titres sont pour moitié des adaptations des morceaux de ce compositeur et pour moitié des compositions du quatuor s’inspirant de Couperin.
La musique de cet ensemble est un beau mélange de musique baroque et de musiques actuelles. Elle est un équilibre délicat entre de multiples influences, un matériau homogène mais très contrasté. Le baroque y est transformé, comme voilé, par un jeu constant des musiciens sur les harmonies, les mélodies, les rythmes, les timbres … qui ramènent régulièrement leur musique vers la modernité.
Outre la musique contemporaine, surtout présente sur les parties écrites, c’est sur les parties improvisées que l’on sent le plus la présence d’autres éléments comme le Jazz, le Blues, les musiques balkaniques ou juives. L’alto de Johan Renard en particulier est un des artisans de ce mélange, avec son jeu énergique qui fait parfois penser à une guitare électrique.
Sur le fil
En véritable équilibriste, le quatuor réussit le pari difficile de proposer une musique intense et feutrée à la fois, comme suspendue entre énergie et légèreté. Aux passages construits, poétiques, raffinés et nuancés, répondent des moments dé-construits tout en bruitages et dissonances.
Le groupe sonne comme un quatuor de voix où chacun possède la sienne, distincte et complémentaire de celle des autres. Le pizzicato et le jeu à l’archet se mêlent dans une discussion toujours en mouvement où les couleurs évoluent de façons subtiles. La musique est si foisonnante que l’écrit et l’improvisé ne sont pas toujours distinguables.
La complémentarité des musiciens est sensible jusque dans les gestes et attitudes scéniques. Le violon est ainsi comme habité par ses mélodies, l’altiste lui est roublard et souriant, le violoncelliste, décontracté, semble jouer sans effort et le contrebassiste, en chef d’orchestre, est quant à lui calme et attentif. Tous cependant ont un jeu d’une précision et d’une justesse d’expression tout simplement confondant.
Un groupe donc à découvrir, ou à re-découvrir, via leurs deux albums « Supplément d’âme » et « Les idées heureuses » et bien sûr à venir voir sur scène!