JAZZ CHORUS : De Sullivan Fortner à Ken McIntyre et Eric Dolphy
Dans la prochaine émission, mercredi 18 juin, Philippe Simonci se penche sur un pianiste à découvrir ou redécouvrir, Sullivan Fortner, et remonte à 1961, année où était sorti ce « Looking Ahead » qui avait marqué son époque
« Nouveautés du disque, mais doit-on encore parler de disque ? se demande Philippe Simonci en présentation de son émission du mercredi 18 juin. Depuis la fin du XIXème siècle, écrit-il, il était possible d’enregistrer et de diffuser les sons et donc les musiques, avec des rouleaux mais surtout des disques en cire tournant à 78 tours par minute, puis en vinyle à 33 1/3 tours par minute avec des microsillons, des cassettes aussi puis de disque compact numérique. Aujourd’hui que la musique est devenue digitale ne devrait-on pas parler de fichiers, de datas ? et de cassettes redevenues « hips » … Je m’y perds d’autant qu’on ne parle plus de titres, de compositions, de morceaux, il convient désormais de parler de « sons » …
Mais d’abord Sullivan Fortner qui sort un nouvel album
Trêve de vieux con, le nouvel album du pianiste Sullivan Fortner est applaudi par la presse qui semble découvrir ce pianiste étonnant, qui sait tout de l’histoire du piano et de ses illustres maîtres et le redit à sa sauce avec une désinvolture outrageante ; il semble devenir à son tour un modèle pour d’autres pianistes émergeants. Fort de nombreuses soirées en clubs, pour « Southern Nights », il emmène ses compagnons au Sear Sound Recording Studios le 8 juillet 2023, Peter Washington et sa contrebasse, Marcus Gilmore et sa batterie pour un répertoire presque exclusivement composé par d’autres musiciens célèbres, témoignage de respect évident mais de curiosité aussi. Leurs doigts courent sur leurs instruments, tout va de soi avec beaucoup d’élégance aussi. Ils joueront à Nice le 24 juillet et John Scofield clôturera la soirée avec son nouveau quartet.
Un duo de saxophonistes retrouvé par Craft Records
Le 25 juillet prochain, parution en vinyle de luxe et toujours chez Craft Records d’un duo de saxophonistes que je ne connaissais pas, j’en reste complètement étonné, d’autant que le patron de la séance a appelé avec lui l’un de ceux que j’emporterai sur mon île déserte ; Ken McIntyre invite Eric Dolphy pour ce « Looking Ahead » sorti en janvier 1961. Ils ont les saxophones alto, les flûtes, Dolphy sa clarinette basse et sans doute énoncent ce qu’est alors le post-bop ; un trio qui va bien, emmené par le pianiste Walter Bishop Jr. avec ceux qui écumaient alors les studios : Sam Jones (b) et Art Taylor (dm) ; et bien évidemment les soli d’Éric Dolphy très largement au-dessus de cette mêlée là…
Et en attendant Dianne Reeves, à Jazz à Vienne
Je reste très étonné que la magnifique Térez Montcalm ne soit pas sur la grande scène viennoise (on lui a préféré l’insipide Madeleine Peyroux), ses amoureux transits devront attendre leur Cendrillon, ‘Round Midnight au club (mais il est fort probable qu’à cette heure-ci ils soient encore en pamoison devant Sa Majesté Dianne Reeves), pour déguster très certainement son dernier projet qu’elle était venue enregistrer en France, mélange très personnel d’influences et toujours cette voix originale unique, singulière, particulièrement sensible, expressive, nous l’écoutions pour la sortie de l’album : « La chanteuse et guitariste québécoise inclassable a toujours pratiqué un mélange personnel unique d’une fusion de soul, de rock, de jazz, de chansons… Sa voix fêlée, celle du blues qu’elle chante en anglais ou en français, fait dire d’elle qu’elle est « la plus rock des chanteuses de jazz ». Pour « Step Out », elle renoue avec un répertoire soul grand teint, reprises ou compositions personnelles, accompagné d’une dream team française réuni par le producteur Régis Ceccarelli avec Jean-Marc Ecay à la guitare, Laurent Vernerey à la basse, Nicolas Viccaro à la batterie et une section de cuivres, ça envoie du steak… »
SHADES à découvrir
En novembre dernier je vous avais gâté avec une avant-première, « un coup de cœur… SHADES est un groupe vocal singulier dans sa composition avec trois chanteuses, un chanteur et seulement deux instrumentistes qui donnent une couleur très particulière à l’ensemble : la clarinette basse d’Etienne Quézel et la guitare d’Antoine Laudière qui est aussi l’arrangeur de ce nouveau projet. Le répertoire intemporel et magique de Broadway permet une nouvelle fois des arrangements salutaires de l’âme qui n’ont absolument rien de désuets ni de démodés. Six musiciens plutôt actifs sur les scènes et dans les studios, le groupe s’inscrit un peu dans la tradition des célébrissimes Double Six quant à la richesse des ententes vocales, des harmonies subtiles, des tutti à l’unisson ou presque, l’opportunité des deux accompagnateurs/solistes et les voix me direz-vous, ce sont celles d’Elora Antolin, de Marion Chrétien, d’Ellinoa et de Pablo Campos. Avec ce « Witchcraft », c’est une étonnante fraicheur de grâce, d’originalité et d’inventivité qui se déguste sans compter. » ; leur unique concert estival de part chez nous, le 31 juillet pour les Choralies de Vaison la Romaine.
Juste pour info : « Promises » le tout dernier disque d’Estelle Perrault est désormais en vente libre…
Play List de l’émission
· Promises – Estelle Perrault
· Reflections – SHADES
· Again, Never – Sullivan Fortner
· Dianna – Ken McIntyre & Eric Dolphy
· Les feuilles mortes – Térez Montcalm
· Tres Palabras – Sullivan Fortner
· Be my Baby – Térez Montcalm
· Curtsy – Ken McIntyre & Eric Dolphy
· Shiny Stockings – SHADES
· How Love’s Defined – Estelle Perrault
· 9 Bar Tune – Sullivan Fortner
* Jazz Chorus, mercredi 18 juin, de 20 à 21 heures. Rediffusion le dimanche de 10 à 11 h.