Rencontre
Premier LP « Extrapolation » (69) mon préféré… tout y est déjà : audace, son, rigueur, créativité, mélange de genres, espace, complexité, joie, tension, résolution et surtout une énergie de dingue : à écouter un samedi matin seul chez soi, à fond, particulièrement les deux titres « Arjen’s Bag » et «Peace Piece » : et un sax d’enfer, John Surman. Ce bougre de british a toujours su s’entourer des meilleurs… Puis en 71 « My goal’s beyond », chef d’œuvre d’improvisation en guitare acoustique (Ovation custom) sur des thèmes originaux et des reprises dont le fumeux « Good bye Pork Pie Hat » de Mingus. Déjà dans l’innovation technique – avec un système de re-recording! La deuxième face (époque vinyl) modale et planante annonçait l’époque Shakti avec Billy Cobbam, Charlie Haden, Dave Liebman, Jerry Goodman.
Carrière
Car John McLaughlin a bien une carrière à faire rougir un bénitier. Tout d’abord ses collaborations : Jack Bruce, Miles Davis, Tony Williams, Jean Luc Ponty, Dave Holland, Wayne Shorter, Larry Corryell, Stanley Clarke, Chick Coréa, Jaco Pastorius, Carlos Santana,…. Puis comme leader, avec ses groupes mythiques qui ont marqués l’histoire du jazz et la planète guitare … Jugez donc : le Mahavishnu Orchestra de 70 à 75, Shakti 76-77. Puis au début des années 80, la constitution du trio de guitaristes virtuoses – Paco de Lucia et Ad Di Méola. Ces trois formations ont rayonné, joué dans le monde entier… On imagine mal aujourd’hui le succès que ces groupes de jazz ont pu avoir…
Depuis, John MacLaughlin joue et enregistre régulièrement sans atteindre toutefois le rayonnement d’antan. Changement d’époque…
Concert
Développement d’un travail engagé en 2006 avec Industrial Zen, John McLaughlin et « The 4th Dimension » explore de multiples univers sonores dans un judicieux équilibre de rock, de jazz, de musique espagnole (hommage à Paco) ou indienne.
Gary Husband au clavier et en seconde batterie, Etienne Mbappe à la basse et Ranjit Barot à la batterie dégagent une réelle complicité, groovant sans état d’âme, triturant, étirant, malaxant les thèmes exposés.
Toujours efficaces, pointus, subtils on se demande où la virtuosité de chacun peut s’arrêter.
Il faut remarquer l’excellent Husband qui s’aventure dans des architectures harmoniques rappelant Carla Bley, mettant (enfin) de l’espace et de la respiration dans une soirée très énergisante.
Et ce batteur surprenant, Ranjit Barot qui a tenu la scène durant dix bonnes minutes dans un solo magistral, ponctuant ses interventions de scansions rythmiques puis rejoint par Husband en seconde batterie.
Le maestro McLaughlin surfe, concentré, souriant, en contrôle permanent, avec une technique époustouflante qui déborde parfois dans une froideur minérale.
Soirée vraiment très agréable, sans grande surprise musicale mais avec la conviction d’avoir vu le meilleur dans le genre.