DMITRY BAEVSKY . Kid’s time
Fresh Sound New Talent
Dmitry Baevsky : saxophone alto
Clovis Nicolas contrebasse
Jason Brown : batterie
Invité :
Stéphane Belmondo : trompette et bugle
- Déjà vingt ans que le saxophoniste russe s’est installé aux États-Unis. Avec le temps et les collaborations multiples, son jeu a pris de l’ampleur et une belle profondeur. Avec ses comparses Clovis Nicolas et Jason Brown, tout est naturel (ils se connaissent depuis un bon bout de temps). L’invité, Stéphane Belmondo, trouve sa place en toute tranquillité. La musique ? Un jazz d’aujourd’hui assis sur de solides bases faisant référence sans complexe aux anciens. C’est toujours d’une grande précision, ce qui ne les empêche pas de rester décontractés, un privilège à la portée des musiciens de ce rang. Les quatre quatre sont de sortie bien sûr, nous ne sommes pas là dans l’avant-garde. Nous sommes dans jazz qui a de la mémoire et qui s’en sert de belle façon. Entre les compositions originales du leader et les reprises (Van Heusen, Dexter Gordon, Jimmy McHugh), une même esthétique dévouée à un swing efficace. Sans instrument harmonique, la place est libre pour Dmitry Baevsky et il ne se prive pas de monter l’étendue de sa technique et une véritable inspiration. Beau disque.
https://www.dmitrybaevsky.com/
JAZZ MASTER TRACKS Vol. 1 . Standards sessions
Tondo
Tony Lakatos : saxophone
Alex Sipiagin : trompette
Danny grissett : piano
Hans Glawischnig : contrebasse
Bruno Castellucci : batterie
Voilà un bien beau quintet de jazz. Leur musique ? C’est du jazz classique vitaminé, porté de main de maître par des musiciens qui ont fait plus que leurs preuves et ce, depuis bien longtemps. Une dizaine de standards que vous avez tous écoutés sont enregistrés là avec un swing imparable et une verve très communicative. C’est tiré au cordeau. Les solistes avancent leurs billes avec classe, la rythmique tient la baraque avec vigueur et le pianiste (Danny Grissett) mène tout ce beau monde avec l’aplomb et la finesse qu’on lui connaît. Certes, cela n’arrêtera pas la course du monde, mais cela devrait vous permettre de faire une pause bienvenue grâce à l’intemporalité de cette musique. Nous on aime vraiment ce disque parfaitement équilibré et bourré d’une saine énergie. Rien à ajouter. Écoutez-le.
TRYGVE SEIM & ANDREAS UTNEM . Christmas songs
Grappa Records
Trygve Seim : saxophone
Andreas Utnem : piano, Harmonium (4, 10)
Un disque de Noël de plus ? Pas exactement. Enregistré dans une église d’Oslo dont Andreas Utnem est l’organiste résident depuis vingt-cinq ans, il est constitué d’improvisations autour de chants anciens issus du monde entier, souvent d’auteurs inconnus. Mais quoi qu’il en soit, le duo magnifie les mélodies dans une ambiance apaisée et apaisante. L’acoustique du lieu est parfaite pour ce type d’exercice et les lignes mélodiques que tracent les deux complices relèvent de l’intimité des paysages, avec une dose non négligeable d’onirisme, et emporte l’auditeur dans un monde meilleur. Lyrique en toute occasion sans jamais être emphatique, la musique de Trygve Seim et Andreas Utnem est une gemme d’une pureté sans pareille que l’amicale complicité qui lie les deux artistes rend quasi unique. Cela ne fera pas danser de joie les enfants autour du sapin et c’est très bien comme ça. Quant aux amateurs de musiques privilégiant les atmosphères un tant soit peu mélancoliques, ils seront aux anges (bien évidemment).
http://www.trygveseim.com/
https://www.andreasutnem.com/
PAUL LAY TRIO . Blue in green
Scala Music
Paul Lay : piano
Clemens Van Der Feen : contrebasse
Dré Pallemaerts : batterie
Les hommages à Bill Evans chez les jazzmen sont légions. Pour rappel, celui d’Alain Jean Marie et Diego Imbert l’année passée était remarquable. Paul Lay étant un des pianistes les plus en vue sur la scène européenne, à juste titre, avant même de l’écouter, on ne s’inquiétait pas vraiment de la qualité du disque. Nous avions raison. Avec la redoutable rythmique constituée par Dré Pallemaerts et Clemens Van Der Feen (dix ans qu’ils travaillent ensemble), le pianiste nous a semblé de prime abord au plus près du légendaire pianiste. Il doit avoir des talents d’illusionniste car si on lit entre les lignes mélodiques, c’est bien lui, dans toute son originalité, qui joue. Seulement voilà, c’est fait de telle manière, bluffante à vrai dire, qu’une oreille distraire pourrait se faire leurrer. Une chose est sûre, la virtuosité des trois compères est bien réelle et elle ne masque en aucune façon leur superbe musicalité. Avec l’énergie de l’enregistrement en public, ce Cd délivre une musique inspirée, à la hauteur du défi : faire du Bill Evans sans en faire, exister par soi-même face au géant. Pari gagné.
https://www.facebook.com/PaulLayOff…
HOUSTON PERSON . Reminiscing at Rudy’s
HighNote Records
Houston Person : saxophone ténor
Russell Malone : guitare
Larry Fuller : piano
Matthew Parrish : contrebasse
Lewis Nash : batterie
Houston Person vient d’avoir 88 ans. On ne fera donc pas le curriculum du gaillard sous peine d’y être encore demain. Il possède encore un souffle largement suffisant pour régaler vos oreilles avec un jazz intemporel. Et comme il est redoutablement accompagné par des cadors du genre (notre préférence va à l’excellentissime Russell Malone, toujours trop rare), la musique est bonne, très bonne. Up tempo ou perdu dans les ambiances nocturnes, le son du saxophoniste, s’il n’est pas aussi volumineux que par le passé, conserve toute sa chaleur et toute sa souplesse. Lewis Nash est souverain, que ce soit avec des baguettes ou des balais, et son jeu clair et concis fait merveille. Matthew Parrish, à la contrebasse, fait ce que cette musique demande, sans esbrouffe, et Larry Fuller (dernier pianiste de Ray Brown) fait le lien entre tous avec une approche résolument classique. Bref, c’est du beau boulot, bien swing. Elle aurait pu être enregistrée soixante dix ans auparavant ou avant-hier, cela importe peu. On vous recommande tout particulièrement la version joyeuse, vive et alerte, de l’iconique « Moon River » où Russell Malone lâche un de ces soli dont il a le secret.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Houst…
LYNN ADIB & MARC BURONFOSSE . Nearness
Arts Culture Europe
Lynn Adib : chant et flûte
Marc Buronfosse : contrebasse & Fender VI and Gibson EB6
Invités :
Jasser Haj Youssef viole d’amour
Rishab Prasanna : flûte bansouri
Mosin Kawa : tablas
Chœur masculin Antifoniko Melos
Ghazi Adib : récitant
Nous avons failli passer à côté de cet album paru en mai dernier et c’eut été vraiment dommage. Lynn Adib et Marc Buronfosse, plus quelques invités, ont réalisé un disque envoûtant que nous vous recommandons chaudement. La chanteuse possède une voix captivante qui vous saisit et qu’elle maîtrise naturellement à la perfection. Marc Buronfosse quant à lui est bien plus qu’un accompagnateur lambda car il est constamment une force sur laquelle la chanteuse peut s’appuyer. Les deux fusionnent au service d’un univers d’une indicible musicalité. Qu’ils interprètent des chansons traditionnelles, des compositions originales ou qu’ils reprennent Radiohead et Joni Mitchell, Lynn Adib et Marc Buronfosse habitent la musique comme peu de musiciens savent le faire. L’intégralité du disque est un enchantement et la version de « A case of you » de la mythique canadienne (faisons hurler les aficionados) est meilleure que l’original. Un enregistrement incontournable à caser sous tous les sapins qui se respectent.
https://www.marcburonfosse.com/
BAPTISTE TROTIGNON . Body and soul
Paradis improvisé
Baptiste Trotignon : piano
- Dans la série de 14 pianistes enregistrés dans un appartement marseillais situé rue Paradis, voici Baptiste Trotignon. Le pianiste francilien a choisi pour cet exercice solitaire dix standards qu’il affectionne particulièrement. L’interprétation qu’il en fait laisse libre cours à l’imaginaire de l’auditeur qui peut se perdre à l’envi dans les méandres mélodiques sortant du piano. Adepte de la digression, il fragmente les lignes originales des morceaux choisis avec des improvisations attirées par la poudre d’escampette mais qui finissent toujours par revenir dans leur giron natif. En glissant ici et là quelques accords bluesy, des ruptures, au gré de l’inspiration, il accentue le trait d’un discours intimiste avant qu’il ne puisse s’affadir. Sa version de Moaning est à cet égard un beau moment de piano. Avec juste ce qu’il faut de percussivité dans le jeu, il peut réinventer tel ou tel standards (notamment There will be another you) en empruntant des voies inhabituelles. Au final, Baptiste Trotignon sait nous étonner, ce dont nous n’avions jamais douté, avec des parti-pris qui lui sont propres.