SONG YI JEON & VINICIUS GOMES . Home
Greenleaf Music
Song Yi Jeon : chant
Vinicius Gomes : guitare
Un duo voix / guitare entre une chanteuse coréenne et un guitariste, cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Nous, oui. Dans ce disque aussi plein de fraîcheur que de virtuosité, sur un répertoire varié allant du Brésil à Jimmy Rowles ou encore Keith Jarrett, avec en sus quelques compositions personnelles, les deux musiciens font preuve d’une empathie réciproque leur donnant les moyens d’explorer les pièces choisies de belle manière et en fonction de leur parcours. Elle, émigrée en Suisse, et lui, brésilien à New York, marient leur background au profit d’une musique nourrie d’improvisations. Cela peut aller très vite, avec une richesse harmonique XXL, des contrepoints et tout le toutim. Bref, c’est de la haute technicité et le duo n’en fait pas l’économie. Là où ils sont forts et séduisants, c’est dans la musicalité aboutie qui est la leur et qui supplante à l’écoute les notions techniques évoquées ci-dessus. Entre compositions et improvisations, Song Yi Jeon et Vinicius Gomes savent mélanger les approches et, de facto, retiennent l’attention de l’auditeur. C’est du boulot de pro, comme on dit, mais avec le supplément d’âme que nécessite ce type d’entreprise. Assez proche de Youn Sun Nah et Ukf Wakenius pour tout vous dire.
https://www.songyimusic.com/
https://www.facebook.com/viniciusgo…
CIRCĖ . Alcali
Capsul Records
Arthur Delaleu : guitare
Alix Beucher : guitare
Léa Ciechelski : saxophones
Nicolas Zentz : contrebasse
Florentin Hay : batterie
Paul Cadier : saxophone ténor (1, 5, 11)
Voici un quintet composé de jeunes musiciens qui proposent une musique originale déjà très aboutie. Construite, déconstruite, elle serpente dans des atmosphères sereines qui évoquent quelques grands anciens. Toute de finesse et de profondeur, elle laisse une part non négligeable à l’improvisation comme à la mélodie. Frisellienne par moment, lloydienne aussi, avec une rythmique motianesque, elle va à l’essentiel, se gorge de sonorités souples et n’ignore pas le silence, surtout s’il est musical. Les compositions ressemblent à des vignettes abstraites sorties d’une boîte à merveilles, que l’on manipule sous tous les angles afin d’en tirer une signification qui est toujours multiple. C’est le propre du clair obscur de faire miroiter des sensations complémentaires se contredisant avec bonheur. Cela créé des univers intermédiaires propices à l’imaginaire et au rêve éveillé. Les instrumentistes du quintet étant au niveau de leurs ambitions musicales, ils signent ensemble un excellent disque, au caractère fort, habité par la sensibilité et la délicatesse. Ce serait dommage de l’ignorer.
https://capsulrecords.bandcamp.com/…
HASSE POULSEN & HENRIK SIMONSEN . The parsonage Melodies
Das Kapital Records
Hasse Poulsen : guitare
Henrik Simonsen : contrebasse
Pour ceux qui connaissent Hasse Poulsen, sa versatilité musicale et son goût immodéré de l’aventure, un nouveau disque peut toujours être une surprise. Celui-ci, en compagnie du contrebassiste, lui aussi danois, Henrik Simonsen sera un régal. Pour nous, c’est le cas. Les étendues paysagères étant les étendues musicales (ou l’inverse), les mélodies qui les explorent possèdent le goût du bois fumé et l’odeur des sonorités intemporelles. Les deux compères parlent ensemble de souvenirs texturés et d’idées fraîches dans un langage contemporain qui s’accorde avec l’idée de la re-création des sentiments quand ils voyagent à travers les âges du cerveau. Ce sont toujours les incessants allers et retours de la vie (dans la vie) qui motivent le geste écrit ou improvisé, les deux en même temps étant un must que l’on apprécie à sa juste démesure. Si notre propos vous paraît un tant soit peu obscur, ne soyez pas inquiets, c’est juste une réaction directe durant l’écoute car ici, ce qui caractérise ce disque, c’est l’émotion puisée entre les cordes. Et le reste importe peu. Il suffit d’écouter.
GIOVANNI MIRABASSI QUARTET . The swan and the storm
Jazz Eleven
Giovanni Mirabassi : piano
Guillaume Perret : saxophone
Clément Daldosso : contrebasse
Lukmil Perez : batterie
Pour son nouveau projet le pianiste italien Giovanni Mirabassi à décider de croiser le fer avec Guillaume Perret dont le saxophone apparait, remarquons-le, sans aucun appareillage électronique et autres machins. Soutenu par un batteur qu’il connait bien, le cubain Lukmil Perez, et le jeune Clément Daldosso à la contrebasse, le pianiste et compositeur laisse beaucoup d’espace au saxophoniste et c’est une très bonne idée. Rassurez-vous, il est présent et ses soli sont toujours animés par cette verve mélodique transalpine si caractéristique. Il n’en demeure pas moins que dans cet album ou Guillaume Perret et lui apparaissent sur le même plan, il renouvelle un peu son approche et c’est pour le meilleur. Le résultat est un jazz ample, gorgé d’une saveur riche en détails, porté par une rythmique au diapason. Cela ne devrait laisser personne indifférent. Certes, l’on reste dans l’espace mainstream mais, comme nous le disons souvent, quand c’est bien fait et inspiré, peut importe le genre. La musique et l’émotion commanderont toujours.
https://www.giovannimirabassi.com/
POSSIBLE(S) QUARTET . No work songs
Z productions
Rémi Gaudillat : trompette
Fred Roudet : trompette
Loic Bachevillier : trombone
Laurent Vichard : clarinette basse
Sophia Domancich : piano
Dix ans déjà que le quartet des possibles officie dans cet espace discret que l’on nomme (à tort ou à raison) le jazz de chambre. Les quatre soufflants emmenés par Rémi Gaudillat continuent leur travail d’artisans du luxe suprême, c’est-à-dire qu’ils offrent à l’auditeur une musique extrêmement raffinée, si finement ciselée dans la nuance qu’elle pourrait passer inaperçue aux oreilles du plus grand nombre. C’est tout le problème de ce type de jazz frontalier de nos jours. Si ce n’est pas clinquant, c’est condamné à la confidentialité. Et c’est bien triste car la musique du quartet mérite d’être écouter avec les deux oreilles, de préférence bien nettoyées. Toute de demi-teintes, de variétés aux lueurs quasi insoupçonnables, de couleurs légères, elle se love dans les creux des chemins qu’elle parcoure et en fait ressortir les moindres aspérités, pourvu qu’elles fassent sens et musique à la fois. Il y a chez le Possible(s) Quartet tout ce qui manque à notre époque : de la sérénité, de l’empathie, de l’écoute et un désir d’humanité possiblement harmonieuse. Sont-ce de doux rêveurs que ces musiciens-là ?
https://www.possibles-quartet.com/
JIGGS WHIGHAM COPENHAGEN TRIO . Jiggs’ back in town
Storyville Records
Jiggs Whigham : trombone
Pelle Von Bülow : guitare
Matthias Petri : contrebasse
Si vous ne connaissez pas Jiggs Whigham (1943), sachez qu’il a débuté chez le Glen Miller/Ray McKinley Orchestra en 1961, puis est passé chez Stan Kenton jusqu’en 1963 avec d’émigrer vers l’Allemagne où il vit toujours. Je vous passe la liste de ces collaborations… Dans ce trio intimiste avec le très doué Pelle Von Bülow à la guitare et l’excellent Matthias Petri à la contrebasse, il enfile les standards tout en douceur. On sent le plaisir gourmand qui anime les trois compères, ils dégustent, ils laissent fondre sous la langue chacune des notes qu’ils distillent et, entre deux bouchées, ils font résonner le silence. Le swing est discret mais bien là où on l’attend dans ces titres iconiques qu’ils aiment à faire durer. C’est du jazz paisible, définitivement fait pour le coin du feu ou pour le club intimiste où trainent ceux qui font l’éloge du subtil en sirotant leurs verres avec une savoureuse lenteur. C’est aussi et surtout une musique emplie de nuances, équilibrée au-delà du raisonnable, qui ne laisse rien au hasard et tout au plaisir d’un jeu serein, intemporel. Ca fait du bien.