Hgh Coltman, naissam Jalal, MJ Williams : chant Daniel Humair, Timon Imbert, Anne Pacéo, Joe Quizke : batterie Jean Jacques Elangué, Raphael imbert : saxophone Naissam Jalal : flûte, ney Mattéo Pastorino : clarinette Louis Sclavis, Raphael imbert : clarinette basse Raphael merlin : violoncelle Felipe Cabrera, Damien Varaillon : contrebasse Vincent Peirani : accordéon Johan Farjot : piano
Suite de la Caravan Party sortie en janvier de cette année, la Caravan Party II est tout aussi intéressante que la première. Entre improvisations collectives et titres emblématiques du jazz (Coltrane, Carla Bley, entre autres) ou de la chanson française (en l’occurrence le mythique San Francisco de Maxime Le Forestier), la formation à géométrie variable déploie une belle inventivité. Chaque intervenant (la liste des musiciens est pléthorique et ce ne sont pas les moindres) a le loisir d’exprimer pleinement son talent dans un ensemble où la liberté prime. C’est un disque vivant, au premier sens du terme, qui évolue entre moments de tension, introspection et lâcher prise (la version d’Ida Lupino en solo est épatante). Si les ambiances changent au gré des titres, des improvisations et des acteurs convoqués, l’homogénéité de l’ensemble est toujours conservée, ce qui démontre, s’il le fallait encore, la qualité globale du groupe. Il serait dommage de passer à côté de ce petit bijou de créativité enregistré face à un public partie prenante de l’aventure et qui transmet aux musiciens son énergie positive.
Joshua Redman : saxophone ténor Gabrielle Cavassa : chant Aaron Parks : piano Joe Sanders : contrebasse Brian Blade : batterie
Invités :
Kurt Rosenwinkel : guitare Peter Bernstein : guitare Nicholas Payton : trompette Joel Ross : vibraphone
Il y a bien longtemps que nous n’avions écouté Joshua Redman. Dans ce disque, son premier pour Blue note, il offre à l’auditeur un disque de jazz très roots et fait découvrir à celles et ceux qui ne la connaissaient pas encore la fort talentueuse Gabrielle Cavassa, chanteuse américaine aux racines italiennes, (voire son disque éponyme paru en 2020). Avec une équipe de costauds pris sur le haut du panier (voire sur la anse) et des invités du même acabit, le fils de Dewey déploie une thématique basée sur la géographie américaine et utilise des titres se référant à tel ou tel lieu (Going to Chicago, Alabama, etc.). L’ensemble est d’un classicisme à toute épreuve, si l’on excepte une ou deux digressions plus contemporaines à la marge, et si chacun fait le boulot avec une réelle inspiration, c’est bien Gabrielle Cavassa qui fait la différence avec un phrasé magnifique, une élocution parfaite et une aptitude naturelle à habiter les textes qui fait mouche en toute occasion. On remercie donc Joshua Redman qui, vu son statut, lui donne la possibilité d’être découverte par le grand nombre.
Nous n’avions pas encore écouté Michelle Lordi, mais vu les musiciens qui l’accompagnent sur ce disque, on se demande encore pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ! Aux frontières des genres, avec une option forte pour le jazz contemporain explorateur, la chanteuse développe des univers qui lui sont très personnels. En toute occasion expressive, qu’elle aborde un standard ou une reprise issue de la pop, elle trouve le moyen de nous aimanter. La musique qu’elle et ses musiciens transcendent peut-être hypnotique, d’une densité impressionnante et toujours captivante. Le détournement de la chanson de Neil Young Only love can break your heart, en est un parfait exemple. Alternant tension, lâcher-prise, et relâchement avec un art consommé de la nuance, elle impose sa vision en accord avec la liberté qu’elle laisse à ses accompagnateurs. Tout, d’un bout à l’autre du disque, est musical et profond. Ajoutez à cela la diction claire de la chanteuse, le grain dans sa voix, et vous avez un disque à ne pas rater.
Andreas Schaerer : chant Kalle Kalima : guitare Tim Lefebvre : basse
Andreas Schaerer est connu pour sa virtuosité vocale et son goût pour les bordures. Kalle Kalima, lui, l’est pour son approche particulièrement originale de la guitare et un sens aigu de la mélodie. Accompagné par l’iconique Tim Lefebvre à la guitare basse, ils ont enregistré ce disque assez inclassable. Par l’atmosphère, peut-être pourrait-on le mettre dans une case correspondant à l’esthétique seventies d’une pop vagabonde et introspective. Mais le traitement de la dite musique est bien contemporain. Sur les trames jouées par le guitariste et le bassiste, Andreas Schaerer impose sa voix, sont chant parlé, ses vocalises, son art du Beat boxing et un constant lyrisme. Il se permet même d’imiter un instrument avec un naturel désarmant. Kalle Kalima, sur certains titres, laisse parler sa veine folk et c’est tout simplement parfait. Tim Lefebvre soutient ses collègues avec une permanence sans faille, se tenant à l’écoute et apportant sa propre personnalité musicale pour augmenter encore la pertinence du trio. Musical en diable, cet album est une petite merveille de sensibilité, une histoire aventureuse et symbiotique autour des mots et des sons, liés pour le meilleur. Un must.
Sur un piano hybride développé par Yamaha (un mélange entre piano traditionnel et échantillonnage numérique), Guylain Deppe, pianiste rare et méconnu du grand public, donne à ouïr une cuisine musicale fort goûteuse. Virtuose à la Solal, facétieux et ludique, il impose un style original pour le moins épatant. Nous ne nous sommes jamais ennuyés à l’écoute de ce solo pianistique de haut rang. L’écriture est absolument magistrale ; parfaitement lisible, elle se promène entre les genres jusqu’à n’en faire plus qu’un : celui de Guylain Deppe. L’utilisation du piano hybride mentionnée ci-dessus ne fait pas obstacle au discours du pianiste, bien au contraire. L’ensemble est un kaléidoscope de lignes musicales hautes en saveur qui se mêlent avec, en sus, un art consommé du détail, celui qui fait toute la différence. Laissons cependant le dernier mot à notre ami Alain Gerber qui signe la préface, il écrit mieux que nous : le signataire de ce disque luxuriant apprivoise la sauvagerie en la soumettant à la décantation du style ; en même temps, son approche illustre ce que peut être un style sauvé de l’amidon par la grâce de l’humour, de l’ardeur, du désir, de la jubilation. Et bien sûr, et avant tout, de la sublime rage de vivre.
Gjermund Larsen : violon Andreas Utnem : piano Sondre Meisfjord : contrebasse
L’église de Tøyen, en Norvège, est le lieu de répétition de ce trio depuis 2005 et c’est là qu’ils ont préparé et enregistré ce disque. Pour tout dire, les trois musiciens touchent à la perfection sur chacune des pièces qu’ils interprètent. Tout sonne dans cet album comme une évidence. Les mélodies sont envoûtantes et, dès la première écoute, elles prennent place dans votre esprit comme de vieilles connaissances. L’interaction entre les trois membres du trio est elle aussi flagrante et l’on ne dira jamais assez l’importance de la pérennité pour les formations, quelles qu’elles soient. Dans ce voyage musical qui va du matin au soir, au gré des titres, chaque ligne est travaillée dans la nuance et l’acoustique du lieu les sublime. Tout est chaleureux dans cet enregistrement et empreint d’une joie sereine qui englobe l’auditeur dans ses méandres. Est-ce une musique folklorique ? Est-ce du jazz ? Est-ce autre chose encore ? Nous ne serions dire en cherchons pas à savoir. Ce qui est indubitable, c’est que cette musique est originale et qu’elle ne vous lâchera pas tant son authenticité est patente et émouvante. Il y a bien longtemps qu’un disque ne nous avait pas à ce point interpellé. Ce devrait également être votre cas. Un disque lumineux.
Art Blakey :batterie Wayne Shorter : saxophone Lee Morgan : trompette Bobby Timmons : piano Jymie Merritt : contrebasse
Voilà la recension complète d’une soirée à l’Olympia déjà partiellement parue en 1993 d’un concert d’Art Blakey et de ses Jazz Messengers. Et même si Blue Note a sorti en 2021 un concert de janvier 1961 avec la même équipe de furieux, ce disque possède le mérite de l’exhaustivité. Deux sets, 20 titres en trois Cd, avec un son d’époque. C’est l’âge d’or de la formation. Le saxophoniste s’appelle Wayne Shorter et le batteur le définit comme l’étoile montante du jazz, le trompettiste se nomme Lee Morgan, le pianiste Bobby Timmons et le contrebassiste n’est autre Jymie Merritt. La musique est fiévreuse, cela ne joue pas à l’économie, et le public est en folie, pire qu’à un concert de rock ! Les soli fusent de toutes parts et Blakey ne fait rien pour calmer sa troupe, bien au contraire. Naturellement, les morceaux emblématiques du groupe (et de l’époque) sont présents : Moaning, Blues March, Night in Tunisia, etc. De quoi satisfaire les nostalgiques mais aussi, faire découvrir aux plus jeunes un âge du jazz où ce dernier était à son apogée. Ce disque est donc un témoignage, un moment d’histoire, et cela justifie sa parution.
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.