Il y a les disques que l’on écoute et ceux que l’on aime. Pour un peu, on garderait ces derniers secrets. De peur qu’ils ne tombent dans des oreilles hermétiques à la nuance ? Allez savoir. Kate McGarry et Elina Duni sont issues de cultures différentes mais ont en commun le chant pour exprimer leur sensibilité, chacune à sa talentueuse manière, et démontrer le pouvoir de la voix humaine.
Kate McGarry – The subject tonight is love . Binxtown Records
Fort appréciée de l’autre côté de l’Atlantique, Kate McGarry (1970) est par chez nous une parfaite inconnue. A moins que j’ai raté quelque chose, à un moment ou à un autre. Toujours est-il que son dernier disque, un trio avec le pianiste Gary Versace (lui on sait qui c’est) et le guitariste Keith Ganz (lui, vous connaissez ?), est un enregistrement plein de belles surprises, douces comme une journée d’hiver bien au chaud à la maison. Tout dans cette musique est sensible, empreint de fragilité et habité jusqu’au bout des ongles. Entre jazz et folk, le répertoire égrène les mélodies avec un naturel et une homogénéité impeccables. Kate McGarry réussit même à donner une version personnelle de My funny Valentine que l’on ne pense pas à comparer aux versions déjà célèbres. Le léger voile dans sa voix, la diction claire et une technique inspirée, font qu’elle impose un ton à ce concept album réellement original. Ses acolytes jouent avec l’espace et sculptent les ambiances musicales avec un savoir-faire et une écoute lumineux. Ces trois-là ont bien fait de se rencontrer.
Kate McGarry : voix
Keith Ganz : guitares, basse
Gary Versace : claviers, accordéon
01. The Subject Tonight Is Love / 02. Secret Love / 03. Climb Down – Whiskey You’re The Devil / 04. Gone With The Wind / 05. Fair Weather / 06. Playing Palhaco / 07. Losing Strategy / 08. My Funny Valentine / 09. Mr Sparkle – What A Difference A Day Made / 10. She Always Will – The River / 11. Indian Summer / 12. All You Need Is Love
Le voyage musical, quand il est fruit d’exil, laisse toujours un goût mélancolique lui conférant une présence autre. Les paysages y sont doux et divers bien que nettement marqués dans leurs détails uniques. L’espace s’y impose malgré lui comme l’élément fédérateur qui magnifie l’errant voyageur. Elina Duni, née à Tirana, investit dans ce disque la diversité balkanique, et l’on sait sa richesse, non sans en sortir pour rejoindre Brel ou la Suisse, sa terre d’accueil, et d’autres contrées plus éloignées encore. Elle donne à l’hétérogénéité apparente de cet assemblage une cohésion éloquente et poignante qui passe par sa voix habitée, quelle que soit la langue employée, et l’usage alterné de la guitare, du piano et des percussions. En ces temps de repli identitaire, la démarche est salutaire car Elina Duni démontre qu’à l’évidence il faut savoir partir, contraint ou non. Et souvent les musiques de notre monde ne racontent autre chose que la perte née du départ et l’exil intérieur. Ce disque possède les qualités propres d’un hommage à la condition humaine chanté avec une empathie sensible dénuée de tout misérabilisme. Une réussite incontestable.
Elina Duni : voix, piano, guitare, percussions.
01. Ama Terra Mia (Bonaccorti-Modugno) / 02. Let Us Dive In (Duni) / 03. Meu Amor (Oulman-Dos Santos) / 04. Lama Bada Yatahanna (alRahim alMasloub) / 05. Vishnja (trad. Kosovo) / 06. Lusnak Gisher (trad. Armenie) / 07. Oyfn Veg (Laskowsky-Manger) / 08. Kanga E. Kurbetit (trad. Kosovo) / 09. Anj Kaj Lulije (trad. Albanie, Macedoine) / 10. Vaj Si Kenka (trad. Albanie) / 11. Je ne sais pas (J. Brel) / 12. Schoenster Abestarn (trad. Suisse) /
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