Devant 230 personnes, l’organiste aux pieds nus, Rhoda Scott, a offert en trio, un concert éblouissant de près de 2 heures, le dernier de l’année pour le Quartier Latin Jazz Club qui pourrait bien augurer, suite à ce succès, d’une nouvelle saison de jazz en 2025, mais cette fois à la Verrière des Cordeliers, à Sainte-Colombe dans le Rhône, face à la ville de Vienne.
Se retrouver sur la scène de la Verrière des Cordeliers de Sainte-Colombe lui a ravivé quelques souvenirs. Aux débuts de Jazz à Vienne, il y une …quarantaine d’années, Rhoda Scott avait donné un concert tout près de là, dans l’église de cette commune des bords du Rhône.
C’est là en effet dans cette nouvelle salle de la Verrière des Cordeliers à Sainte-Colombe, que le Quartier Latin Jazz Club a donné son dernier concert de l’année devant près de 230 personnes. C’est Steve Coleman qui avait ouvert le bal, donnant lieu au cours des dix mois passés à une dizaine de concerts de haute volée pour la plupart.
Pour terminer ce cycle, en cette période de Fêtes de fin d’années et à proximité de Noël, le choix de Rhoda Scott était judicieux : il s’agit de la plus swinguante, la plus joyeuse , la plus mutine des organistes, également reine de l’impro à 86 printemps. Souvenez vous, elle avait fêté ses 80 ans en juillet 2018 sur la scène de Jazz à Vienne, au théâtre antique.
C’est sans doute tous ces souvenirs mêlés qui ont transcendé dimanche 22 décembre Rhoda Scott et ses deux musiciens qui ont gratifié le public venu en nombre, d’un concert de près de deux heures qui restera sans nul doute mémorable par toutes les émotions musicales qu’il a pu charrier.
Visage extatique lorsqu’elle engage une impro à fond le clavier de son orgue Hammond, « vintage, comme moi », plaisante-t-elle, en parfaite harmonie avec ses deux musiciens, Nicolas Peslier à la guitare et Thomas Derouineau à la batterie, Rhoda Scott est transfigurée.
D’emblée, dès les premières notes, le swing déboule en trombe de la scène : la majorité des morceaux sont issus du dernier album du trio sorti récemment : « Fly to the moon »…
Un album fait surtout de standards. Se succèdent alors, entrecoupés de longues séances d’improvisions émanant de Rhoda Scott ou de Nicolas Peslier : « Stolen sweets » ; puis une composition de Michel Legrand ; un titre d’Horace Silver ; voire encore le superbe « The groove merchant » de Thad Jones, etc.
S’il en était encore besoin, Rhoda Scott gratifie en sus le public, d’un « Stormy weather » d’anthologie et bien évidemment, Noël approchant, d’un « Christmas Song » qui lui a sans doute rappelé son Pasteur de père.
Le tout, se termine avec un « Summertime », à la sauce Rhoda, permettant in fine à l’excellent batteur Thomas Derouineau de se lancer à son tour dans un très long et étonnant solo dans lequel il déploie toutes les facettes de son art, emballant le public.
Nul doute qu’avec ce superbe concert qui a en outre illustré la bonne acoustique de ce nouveau lieu, le Quartier Latin Jazz Club qui s’interrogeait jusqu’à présent sur son avenir, reparte de l’avant.
Rendez-vous en 2025…
Photos : Philippe Sassolas
