C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, comme on dit, et cette année la recette du Rhino n’a pas changé. Un savant mélange d’artistes connus et d’autres en devenir, de nouveautés et de traditions, de douceur et de fureur. Pour lier le tout, le fil rouge de cette édition est l’oeuvre de David Bowie.
We could be Rhinoes
C’est un projet véritablement pharaonique qu’a mis en oeuvre le Rhino. Ce focus sur David Bowie, si riche de possibilités, concernera non seulement cette édition mais également la suivante.
Pour cette année, trois formations sont impliquées dans la série de concerts intitulée « We could be heroes ». Le Possible(s) Quartet de Rémi Gaudillat et l’Impérial Quartet partageront une même scène sur laquelle ils interprèteront, à leur manière, un florilège de titres de Bowie. Quant à « The Band From David Bowie’s Blackstar » avec McCaslin/Guiliana/Lefebvre/Lindner, que vous avez peut-être croisé dans une configuration légèrement différente cet été, il ne jouera apparemment pas les titres de « Beyond now » (dernier album de Donny McCaslin) comme à Vienne, mais plutôt des créations spécialement mise en place pour le Rhino.
La musique de Bowie sera également déclinée dans les écoles élémentaires, les lycées et les conservatoires de la région. Et ce n’est pas tout puisque le projet va même au-delà des concerts. Un documentaire sera également projeté. Des expositions et une conférence sont prévues ainsi qu’un diner autour des textes de Bowie!
Revenons à nos moutons
Comme énoncé en préambule, cette édition reprend les recettes qui marchent. Les chanteuses seront ainsi bien représentée avec, par exemple, l’éclectique Dianne Reeves en tournée de son album « Beautiful Life », la plus discrète Youn Sun Nah et l’incroyablement bluesy J.J Thames.
Un blues, autre composante traditionnelle du Rhino, qui par ailleurs sera là cette année en petite formation avec le blues-folk de bonne facture du Zacharie Trio et celui plutôt delta de Thomas Ford en solo.
Ces petits formats sont également la signature du Rhino. Pour cette édition nous aurons, à nouveau, une jolie sélection avec beaucoup de duos intéressants: un folk guitare/voix chez Alex Massmedia, un classico-flamenca avec les deux guitares impressionnantes d’Antoine Boyer & Samuelito, un original où la trompette d’Airelle Besson sonne comme une voix aux côtés du violoncelle de Vincent Segal et les pianos jazz des incontournables Laurent De Wilde et Ray Lema, nourris aux musiques du monde. Les solos ne seront pas en reste avec Thomas Ford, cité précédemment, et la très onirique Elodie Pasquier.
Autre classique du Rhino: la Nouvelle-Orléans et ses fanfares. Les Po’Boys apporteront une bonne humeur bien relayée par l’Elephant Brass Machine. Les Oignons, un sextet avec chant, claquette et banjo, nous mijotent quelques réjouissances et le big band Micromégas, quant à lui encadré par François Raulin et accompagné de Laurent Dehors, nous emmènera également vers la Nouvelle-Orléans.
Toujours dans l’énergie, les fans de groove ne seront pas déçus avec plusieurs formations de bonne tenue: l’explosif Supergombo à mi-chemin entre Fela Kuti et le Zawinul Syndicate, le grand ancien de l’éthio-Jazz Girma Bèyènè et sa formation, Free River avec au chant Emma Lamadji, une voix grave et puissante et pour finir la Soul sixties de Marta Ren & The Groovelvets.
Les formations locales seront bien représentées avec le Jazz’ier Big Band de Saint-Chamond, qui ouvrira pour le JazzMania de Lambesc, et les petits gars qui montent de Factory Acts 4tape.
Les petites surprises …
Deux mentions spéciales pour deux esthétiques exceptionnelles, le Renaud Garcia Fons Trio et le Ambrose Akinmusire quartet (avec SED Trio en ouverture). Le premier joue un Jazz-Musette andalou tout en délicatesse et sensibilité avec une décontraction proprement bluffante pour une musique aussi technique. Le second, mené par un trompettiste/leader au son délicieusement velouté, distille de belles ambiances et un Jazz toujours entre tradition et modernité.
Pour finir du côté OVNI sympathique, vous vous laisserez peut-être tenter par les furieux du Pipon Garcia Trio ou la transe chamanique de Dakhabrakha, quelque part entre les musiques slaves et africaines, l’Asie centrale et le rock.
Bon festival!