Ce sera une des plus belles soirées de cet « Opéra Underground » cette année : une soirée entière consacrée au célèbre guitariste. Histoire de revisiter une musique trop facilement estampillée manouche. Tour à tour, d’ici juin, une quinzaine de soirées vont rythmer l’Opéra, naviguant entre de multiples courants musicaux qui s’ajoutent, se croisent, s’affrontent ou s’ignorent le plus souvent. Bref, avant tout une invitation à la découverte…
Ça se passera mercredi 29 janvier prochain à l’Opéra de Lyon. Non pas dans le sous-sol, façon résistance clandestine, mais dans la grande salle : Django 2020.
Un hommage à Django Reinhardt, passé de mode depuis belle lurette, et qui au contraire ce soir-là fera l’objet d’un déroulé entier avec quelques belles pointures. A l’origine du projet, Stéphane Wrembel, lui-même guitariste, qui est convaincu que l’art de Django ne saurait se résumer à sa dextérité. Olivier Conan, qui nous présentait il y a quelques jours le programme de l’Opéra « Underground » (qu’il dirige) des mois à venir, connaît bien ce musicien qui organise chaque année les « Django à gogo » à New York, sessions au cours desquels des musiciens viennent réinterpréter l’œuvre de Django. Remake à Lyon de ces « Django à gogo » ? Ça y ressemble : pour cette soirée, douze musiciens défileront sur la grande scène de l’Opéra. Des profils aussi divers que Stéphane Wrembel donc, Stochelo Rosenberg (guitare), Théo Ceccaldi (violon) ou Mohamed Abozekry (oud) qu’on n’associait pas trop jusqu’ici à cette musique. En fait, pour la faire courte, on aura sur scène jusqu’à 6 guitares dont Simba Baumgartner, une rythmique (Nick Anderson aux drums) et un violoncelle + deux violons. Après ? On verra : de l’art de se replonger dans une musique certes datée mais qui n’a pas dit son dernier mot. La curiosité sera le maître mot de la soirée.
Voilà donc une des trois soirées importantes concoctées par l’Opéra de Lyon dans l’idée affirmée de quitter les rivages d’un jazz traditionnel, marqué, repéré qui avait son public (à l’Amphi) pour voguer sur des mers aux courants moins définis. La tâche, on s’en souvient, a été confiée par Serge Dorny, auguste directeur (en partance) de l’établissement, qui avait sans doute des idées bien arrêtées sur le sujet, et qui a appelé, pour diriger ces courants, Olivier Conan, installé à New York et musicien lui-même. On imagine que les directives étaient précises et le jeune homme s’en est bien sorti en concoctant un programme où le jazz a quasiment disparu, mais qui s’ouvre à une diversité de musiques autres où l’Amérique latine tient une place importante.
L’idée que les musiques s’entrechoquent
Cette fois, l’évolution est notable : les 15 dates proposées entre le vendredi 17 janvier et le vendredi 19 juin s’ouvrent à quasiment toutes les musiques dans l’idée qu’elles se rencontrent voire s’entrechoquent. Ca va du country blues touareg à l’avant-rock surréaliste, du jazz trio au big band sans frontières, du « futurisme franco-occitan » à la musique arabo-andalouse. Comme un jeu de piste sonore où l’idée maîtresse serait de découvrir, partager, interroger. Certaines soirées sont plus attendues que d’autres, on s’en doute : telle cette « Elysian Fields » emmenée par la chanteuse Jennifer Charles et Oren Blowdow, programmée fin mai. Ou, bien sûr, Loïc Lantoine escorté du Vey Big Experimental Toubifri Orchestra. Une vingtaine de musiciens sur la grande scène avec la volonté de déjanter en s’inspirant de Grégoire Gensse, compositeur et inspirateur, disparu depuis.
Sautons les mois : la dernière « grande scène » de l’Opéra Underground aura lieu le 19 juin avec « Sahariennes » totalement consacrées à des femmes de ces régions via des artistes telle Noura Mint Seymali ou Aziza Brahim. On aura tout le temps d’y revenir.
En attendant, Tom Rainey aura montré le bout de son nez, samedi 18 janvier, pour un concert en trio (avec Mary Halvorson à la guitare –à ne pas louper- et Ingrid Laubrock au sax). Début février, c’est Sarah Murcia qui arrive dans une relecture des Sex Pistols, jamais vraiment passés de mode. Elle y sera en sextet, reprenant un album récent qui revisite le célèbre groupe (Never Mind the Future).
Le 17 janvier : rendez-vous avec Watchdog
On reviendra prochainement sur ces autres concerts : sur ce Melingo qui aborde un autre répertoire et d’autres rivages (tango greco-porteno, nous dit-on). Mais retenons quand même celui avec qui démarre la saison : Watchdog, qui se déroulera vendredi 17 janvier et qui proposera ces « Animaux qui n’existent pas » : Anne Quillier d’un côté, Maud Chapoutier de l’autre. Une musique qui pourrait résumer l’approche assumée d’Olivier Conan qui expliquait, lors de cette petite rencontre, ne pas avoir « de public cible particulier » mais d’aller au hasard de ses goûts, de ses découvertes.
Les imposer ? Non pas, même si c’est le cas.
Plutôt un ensemble de propositions vers d’autres choses.