Tiens, tiens. Coup sur coup, Lyon accueille deux trompettistes de jazz de renom. Ibrahim Maalouf (c’était la semaine passée à la Salle 3000) et Paolo Fresu, demain mardi 13 décembre à l’auditorium. Deux affiches familières entre Lyon et Vienne : si Ibrahim Maalouf était à Vienne cet été pour un concert unique donné à guichets fermés, Paolo Fresu avait constitué l’affiche principale du dernier A Vaulx Jazz, en mars dernier.
Cette fois, échange de bons procédés, Jazz à Vienne l’invite de concert avec l’auditorium dans cette même formation en trio, constituée de Omar Sosa, au piano, et de Trilok Gurtu aux percussions. Sardaigne-Cuba-Inde. Si l’origine géographique a le mérite de fixer les paysages d’enfance des trois protagonistes, il n’est pas sûr qu’elle explique leurs parti-pris musicaux et le fait que ces trois-là ont décidé il y a quelques mois de constituer cet étonnant trio.
Premier d’entre eux, à qui revient l’initiative, Paolo Fresu. Inventif, caméléon, jamais là où on l’attend, le trompettiste sarde s’inscrit dans une longue tradition du jazz italien inventif qui ne cesse de nouer des liens et de bâtir des passerelles avec le jazz hexagonal. Sa discographie en est d’ailleurs un précieux témoignage : Brass band, quintet, quartet, duos, tout lui sied sans jamais le retenir. D’ailleurs, avant même ce concert en trio de l’an passé, Paolo avait fait un passage remarqué à A Vaulx Jazz, ce festival que des gens de culture ne cessent de vouloir désormais faire passer en mode pointillé. C’était il y a trois ans avec son brass band.
Cette fois, il bouscule un peu plus encore l’ordre établi avec ce trio des trois continents, constitué de trois musiciens qui partagent notamment la conviction que la musique ne doit pas cesser de croiser d’autres façons de penser, de croire ou d’écouter pour se réinventer et s’enrichir. Et c’est tout l’intérêt de ce trio qui vaut autant par l’expérience de chacun, par les instruments joués que par cette démarche musicale annoncée.
Ce syncrétisme auquel ils nous convient est d’autant plus intéressant que ces musiciens sont paradoxalement très attachés à leurs racines musicales. C’est peut-être d’ailleurs ce qui ajoute à l’intérêt de cette rencontre. Se souvenir ici des rythmes distillés par Trilok Gurtu qui demeure un maître de la tradition des percussions indiennes. Idem pour Omar Sosa. Idem enfin pour Paolo Fresu qui approfondit régulièrement la musique traditionnelle italienne et sarde.
A Vaulx Jazz se souvient encore de l’intensité du set proposé en mars dernier. Peut-être un peu trop fixé et théâtralisé, avec un trompettiste restant en fond de scène, au centre, entouré du pianiste à sa droite et du percussionniste à sa gauche. Mais on se plaint suffisamment du manque de jeu de scène des musiciens de jazz le reste du temps pour apprécier comme il se doit les effets voulus du trio.
En attendant le concert de l’auditorium, ou pour lui succéder, ne pas hésiter à consulter France Musique (98 MhZ à Lyon), devenu traditionnel complice d’A Vaulx Jazz et qui avait planté ses micros l’an dernier lors du passage de Paolo Fresu. C’était le 10 mars et le concert avait été rediffusé le 22 août. A notre connaissance, il est toujours disponible en poadcast.