La cuvée 2021 estampillée Jazz des “Nuits de Fourvière” qui comme les années précédentes vont s’annonce plutôt alléchante cette année, même si les concerts annoncés se dérouleront dans un cadre contraint par la pandémie. En haut de l’affiche, on trouvera la divine Melody Gardot. Deux concerts vont également être consacrés au riche Jazz transalpin avec les deux Stephano, Di Battista et Bollani, accompagnés de nombreux autres… Au total cinq concerts consacrés à la musique bleue…
Mardi 15 juin : Stefano Di Battista joue Morricone
Chaque année, les musiques italiennes occupent une place importante aux Nuits de Fourvière.
En 2021, c’est le jazz transalpin qui est à l’honneur, avec une soirée réunissant deux grands tempéraments, deux manières uniques de faire sonner la nota blu !
Saxophoniste prisé du public français, Stefano Di Battista revient sur le devant de la scène avec un projet tout neuf dédié à la statue du commandeur des compositeurs italiens : le maestro Ennio Morricone.
Au sein d’un quatuor très relevé où l’on retrouve notamment le batteur André Ceccarelli, ce styliste fougueux s’empare des thèmes de l’auteur des musiques d’Il était une fois dans l’Ouest ou du Clan des Siciliens pour en tirer la substantifique moelle lyrique, propice à l’improvisation comme à la mélodie pure.
Depuis cinquante ans, le trompettiste Enrico Rava use d’une griffe sonore reconnaissable entre toutes. Un timbre patiné, décapé de tout clinquant. Des phrasés à la fois précis et volatils, comme découpés dans la feutrine des nuits.
-Stefano di Battista more Morricone ; Enrico Rava, Special édition au grand théâtre • Mardi 15 juin, 20h • Tarif Plein 32 € • Pass 24 €
Mercredi 30 juin : Bernard Lubat et André Minvielle
Bernard Lubat et André Minvielle sont des complices de longue date. Tous deux collecteurs,
multi-instrumentistes de génie, ils ont formé les oreilles (et l’esprit !) de toute une génération.
André Minvielle chante en français ou en occitan et pratique ce qu’il appelle la “vocalchimie”, un mélange de scat, de blues et de rap, qu’il accompagne parfois de vielle à roue, de percussions et de bruitages, d’un porte-voix ou d’une bouteille en plastique.
Bernard Lubat, quant à lui, se définit comme un “malpoly-instrumentiste”.
Il exerce ses talents principalement sur la batterie et le piano, mais aussi à l’accordéon, au vibraphone, aux percussions et au chant, c’est un redoutable scateur.
Du bal populaire au free jazz, de Nougaro au rap gascon, du scat au swing : tout entre leurs mains reprend sens et dissidence.
Lorsqu’un troisième complice, le guitariste Fabrice Vieira, se joint à eux, ces collectionneurs d’accents, joueurs de mots et assembleurs de sons offrent à chaque concert des surprises et de la joie en pagaille.
De la joie, il y en aura aussi en ouverture de soirée. André Minvielle retrouve pour les “ Nuits” une autre fine équipe : Serge Valletti, auteur dramatique bien connu de nos services (le cerveau de la saga Toutaristophane, c’est lui), Raphaël Imbert (saxophone), Vincent Beer-Demander (mandoline), Grégory Daltin (accordéon).
–Bernard Lubat, André Minvielle, fabrice Vieira, précédé de Valletti Quintetto, André Minvielle, Raphaël Imbert, Vincent Beer-Demander, Grégory Daltin, Serge valletti au Grand théâtre • mercredi 30 juin, 20h30 • Tarif Plein 27 € • Solidarité 14 € •
Lundi 5 juillet : divine Melody
Cinq ans que la diva du jazz se faisait attendre !
Voix boisée, mélodies sensuelles : Melody Gardot, la grande dame du jazz contemporain, a vu la mort de près. Alors aujourd’hui, derrière des chansons intimistes et délicates, elle célèbre la vie, sa beauté, ses délices.
Ce jour-là, quand une voiture la percute de plein fouet, elle est une jeune femme normale.
De ce tragique accident, la battante du New Jersey sortira grandie. La musique s’est emparée d’elle
comme un antalgique qui apaise les douleurs. Sa mémoire est à zéro, mais son inspiration, elle, prend de la hauteur. Elle doit réapprendre à parler, mais pas à créer. Ça vient naturellement.
Désormais Melody Gardot entre, avec sa voix de velours et son hypersensibilité, dans la cour des grands.
Sa musique sort des sentiers battus, flirtant avec une soul douce et envoûtante.
Et comme d’autres artistes, le confinement début 2020 lui a permis de prendre du recul pour livrer “ Sunset in the Blues” sur le label Decca Records. Des musiques jouées par des musiciens philharmoniques du monde entier alors au chômage forcé ; une musique que l’on devrait ouïr ce soir là.
Les droits seront reversés à l’association “Protège ton soignant”. Elle n’a pas oublié ce qui, malgré elle, l’a forgé…
-Melody Gardot, Macha Gharibian au grand théâtre • Lundi 5 juillet, 21h30 • Tarif 48 €
Dimanche 11 juillet- Hommage à Henri Crolla
Napolitain d’origine, Henri Crolla a grandi dans la “zone” de la porte de Choisy, au voisinage de Manouches qui l’adoptent comme l’un des leurs.
Pour le Parisien de cœur, c’est le début d’un parcours jalonné de rencontres : de Prévert, qui le surnomme “Mille-pattes”, à Yves Montand, dont il devient la “conscience musicale” ; de Marie Laforêt à Brigitte Bardot ; de Mouloudji ou Moustaki à Jacques Higelin, qu’il incite à devenir chanteur ; de fines lames du jazz (Viseur, Grappelli, Solal…) au compositeur André Hodeir, avec lequel il écrit pour le cinéma.
Crolla a eu l’éclat filant d’une comète, mais il a eu mille vies, que cette soirée célèbre en deux temps. D’abord la projection du Bonheur est pour demain (1960), bijou de réalisme poétique réalisé
dans les chantiers de Saint-Nazaire, dans lequel Crolla joue au côté d’un juvénile Jacques Higelin.
Ensuite un concert mêlant chansons, musiques de film, mélodies parisiennes, poésies de Prévert,
jazz swing et instrumentaux, élaboré par le guitariste Dominique Cravic, grand connaisseur de Crolla, et ses Primitifs du Futur.
Au final, un portrait intime de Crolla, observateur amoureux du temps qui passe…
-Jazz, chanson, musiques de film, cinéma • hommage à Henri Crolla : “Le bonheur est pour demain”. Projection du film d’Henri Fabiani (1960) avec Henri Crolla et Jacques Higelin. L’Amphi, Opéra de Lyon • Dimanche 11 juillet, 19h30 • Tarif 18 €
Dimanche 18 juillet : Thomas de Pourquery Supersonic, Stefano Bollani Variations
Après l’avoir accueilli en 2018 lors d’un hommage à Claude Nougaro, les “Nuits” réinvitent cette année Thomas de Pourquery, saxophoniste-chanteur-claviériste-comédien qui, tout en ayant été biberonné au jazz, n’a jamais cessé de s’abreuver à de nouvelles sources musicales.
A la tête d’un Supersonic parfaitement déréglé, l’altiste nous conviera à une sorte de grand-messe, entouré de ses fidèles acolytes : Arnaud Roulin, Fabrice Martinez, Laurent Bardainne, Edward Perraud et Frederick Galiay. Ces musiciens d’exception sont de retour avec leur nouvel album.
En 2017, pour sa première venue à Fourvière, le pianiste Stefano Bollani s’était fendu d’un concert ébouriffant, qu’il avait terminé par un medley de dix titres commandés par le public – de Purple Rain à Night and Day en passant par Bella Ciao ! Après quatre ans, il retrouve l’exercice funambule du solo avec un programme inédit aussi surprenant qu’alléchant : des variations autour de l’opéra rock Jesus Christ Superstar.
Nul doute que c’est avec un vent de folie et de musicalité virtuose qu’il revisitera cette fois l’opéra culte…
Jazz, soul, Thomas de Pourquery, Stefano Bollani, au grand théâtre • Dimanche 18 juillet, 20h30 • Tarif 28 € • PASS 21 €
Le programme complet : cliquez sur le pdf : PROGRAMME_NDF2021