Première surprise : pas le moindre micro : sono zéro. Le concert était totalement acoustique. Ce qui est assez gonflé pour un concert de piano solo dans cette vaste salle de l’Auditorium.
L’explication : des craintes que les techniciens se refusent à brancher le courant en cette journée d’action contre la loi travail….
Pas sûr que les auditeurs placés dans les derniers rangs de cette salle de 2 200 personnes aient entendu le concert à la perfection, mais au moins, on n’était pas là à la merci d’une sono défaillante.
Michel Camilo avait déjà arpenté en 2011 la scène de l’Auditorium, mais pour jouer, à cette occasion, en compagnie de l’Orchestre National de Lyon.
Qu’allait donner ce concert solo, sans filet, une forme naturellement très exigeante ?
Passant de morceaux au tempo très enlevé, à des morceaux plus lents, le pianiste n’a pas déçu le public.
Il a fait montre, en en rajoutant parfois, de sa grande technique. C’est incontestablement un virtuose. Il possède un sens aigu de l’improvisation, faisant s’envoler le public dans une improvisation ébouriffante du « Take five » du saxophoniste Paul Desmond.
C’est le batteur de jazz français Aldo Romano qui assure dans une jolie formule que l’improvisation… ne s’improvise pas, ajoutant : « il y a toute une arithmétique, un langage, une mémoire qu’il faut posséder. On doit pouvoir diablement maîtriser les codes pour pouvoir ensuite se jouer d’eux ».
C’est assurément le cas de Michel Camilo, un musicien doté d’une double culture classique et jazz, s’appuyant de surcroît sur une technique sans faille.
Ce qui lui permet de survoler tous les styles de jazz, alternant la caresse des touches, aux frappes plus puissantes de nombreux morceaux teintés de latin Jazz, ceux que nous avons préféré : c’est sans doute là où il fait le plus montre de sa créativité.
Cela ne l’empêche pas de glisser beaucoup d’émotion dans son jeu. C’est ce mélange d’émotion et de swing latinos qui a sans doute conquis le public qui lui a réservé une standing ovation, après deux rappels et près de deux heures de concert. Michel Camilo est un garçon généreux.
Une belle façon de terminer la saison Jazz de l’Auditorium, menée en partenariat avec Jazz à Vienne.
La prochaine saison version notes bleues débutera le 17 octobre avec la Japonaise Hiromi qui avait fait forte impression lors de son passage à Jazz à Vienne, l’été 2011. Un pianiste termine la saison. Une pianiste la débutera : la parité est respectée…