C’est une China Moses en grande forme et accompagnée d’une formation inusitée qui a ouvert mercredi 9 août, le Festival Parfum de Jazz en Drôme provençale après une petite incursion la veille en Ardèche.
En quartet, elle était en effet accompagnée du violoncelliste Guillaume Latif et de la violoniste Héloïse Lefebvre, tandis que l’excellent Tony Texier aux solos affûtés s’affairait aux 88 touches de son piano, Jason Weaver marquant le tempo à la contrebasse.
Pas à dire, cette formation toute en délicatesse a permis à la fille de Dee Dee Bridgewater de moduler, sans avoir à la forcer sa fort jolie voix, emmenant les festivaliers présent du théâtre du Rocher à Pierrelate à tutoyer ce soir là les étoiles fort nombreuses dans le ciel drômois.
Au programme ce soir là des morceaux qui ont accompagné à la fois sa vie et sa déjà longue carrière comme « Breaking Point » (2017) ou « Etre là-bas » chanson qui a été reprise par la rappeuse Diam’s et d’autres annoncés comme faisant partie de son prochain album intitulé « It’s Complicated », à l’instar de « Bedroom express ». Contrairement à ce titre, avec China Moses au sourire omniprésent et désarmant, tout est simple, à l’instar de sa voix qui semble couler de source et charrier de chaleureuses émotions.
China Moses a un point commun avec maman Dee Dee : elle parle beaucoup sur scène, présentant quasiment chaque morceau, les remettant à chaque fois dans leur contexte.
Défilent ainsi le Covid, son divorce, sa vie à Londres, le Bataclan où ont disparu des amis très proches, les trop nombreux « mass shouting » (meurtres de masse) aux Etats-Unis, etc., etc
Or surprise, ces longs monologue ne pèsent pas, China Moses leur donne une coloration universelle car chacun d’entre eux touche une parcelle de nous-même.
Rien de désespérant non plus, malgré les thèmes abordés pas toujours franchement joyeux…
China Moses s’en sert comme pour une thérapie collective, terminant son récital en rose avec « J’ai deux amours », mais aussi avec un hommage à une chanteuse qui compte beaucoup pour elle, Dinah Washington (Dinah’Blues) ; le rappel s’affichant enfin électrique avec un « Running » repris en cœur par le public. Un public touché par la grâce d’une China Moses à la fois nature et sophistiquée et qui sait nous toucher.