L’une des plus vieilles et des plus marquantes figures du jazz lyonnais vient de s’éteindre après des décennies de concerts, de jam, d’animations en tous genres, de fêtes et d’éloges d’un jazz endiablé, communicatif, drôle et appliqué. Notamment au Hot Club de Lyon. Patrick Bensoussan se souvient……
Notre ami Jacky Boyadjian, musicien contrebassiste, banjoïste, chanteur de jazz traditionnel nous a quittés hier soir. Une figure emblématique du jazz lyonnais a rejoint ses idoles au paradis, le grand Satchmo, Lionel Hampton, Sid Cattelt, Ray Charles, Elvis Presley et bien d’autres. Il aura œuvré toute sa vie pour promouvoir le jazz traditionnel New Orléans et revival avec son célèbre orchestre Lyonnais, les Flagada Stompers, pilier indestructible du Hot Club de Lyon. Il créa la NOJA pour faire briller la.musique de la Nouvelle Orléans dans l’Hexagone en organisant des concerts avec de nombreuses formations et musiciens américains au transbordeur de Lyon.
Il avait le truc pour enflammer une salle de concert
« Il a tenu la barre très haute pendant plus de 50 ans.
Véritable entertainer, il avait le truc pour enflammer une salle de concert d’un coup d’un seul. Il était un peu taquin avec les petits novices qui arrivaient sur la place et qui voulaient en découdre mais c’était en fait, je l’ai compris bien plus tard, pour mieux leur apprendre le métier et, je ne l’en remercierais jamais assez, il a su nous montrer à tous le bon chemin ….
Tous les musiciens du BBB sont en deuil ce soir et prennent part à la peine de ses proches et de sa famille.
Jacky tu vas nous manquer à tous, et la musique sans toi à Lyon n’aura plus du tout la même saveur.
Repose en paix mon ami ».
Ecrit et publié quelques heures seulement après le décès de Jacky Boyadjian.
Patrick Bensoussan rajoutait pour conclure : « Nous attendrons les informations de sa famille et la date de ses funérailles pour lui rendre un dernier hommage avec les honneurs qu’il mérite dans la tradition de la Nouvelle Orléans et tous les musiciens seront les bienvenus »
Patrick Bensoussan & The Big Beat Band.
Jacky : « un puits de jazz »
Il avait la faconde, le mot pour rire, pour rassembler, pour entraîner. Toujours. Comme un sacerdoce. Et de prime abord, c’est ce que le public retenait de lui. Sans parfois prêter attention à son rôle d’animateur, de chef d’orchestre, exigeant sur le tempo, sur la note ou sur les solos à prendre. Et surtout sur sa connaissance du répertoire.
Avait-il besoin, avant de retenir tel ou tel morceau et de le lancer, de consulter la partition ? Le souvenir qu’on en garde c’est qu’il connaissait en effet à peu près tous les morceaux, était capable de se promener dans l’ immense répertoire à sa disposition sans pratiquement jamais regarder sa main gauche et sa contrebasse. Un oeil sur le public, un oeil sur ses voisins, à anticiper la moindre défaillance.
Au-delà, Jacky Boyadjian n’aura eu de cesse de faire vivre jusqu’il y a peu une musique et des standards quelque peu oubliés par les jeunes générations. Il excellait notamment au Hot Club, et le plus souvent avec sa petite soeur, à faire aimer en toute décontraction cette musique, ses grandes figures….. tout simplement le swing. On se souviendra notamment un jour, lors du lancement du festival du Hot Club, de ce concert improvisé une fin d’après midi devant le caveau rue Lanterne, et de cette empathie naturelle que Jacky saupoudrait sur tous ceux qui l’entouraient au moment de lancer le morceau.
Du grand art.
J-C P.