« La musique classique, pour moi c’est comme une mère, d’autant que ma mère était musicienne classique. Le Jazz que j’ai rencontré à l’âge de 11 ans, est également pour moi comme un père. Comment voulez-vous que je choisisse entre une mère et un père ! »
Après avoir quitté Lyon où il a vécu vingt ans pour la région parisienne où il réside désormais, le musicien français d’origine ukrainienne Dimitri Naïditch était de retour dans la capitale des Gaules, le jeudi 13 novembre pour un concert privé organisé par Yves Dugas (Lyon Music), en partenariat avec le Sofitel Lyon Bellecour.
Inutile de dire que ce concert a fait le plein, tant le passage à Lyon du pianiste qui y a résidé vingt ans a laissé des traces et de solides amitiés.
Le concertiste né à Kiev a été professeur d’improvisation, mais aussi de piano au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon où il enseigne d’ailleurs toujours régulièrement. Il donne également des cours au Centre de Musique Didier Lockwood et anime des master classes dans différents conservatoires en France.
Mais cela faisait très longtemps qu’il n’avait pas donné un concert à Lyon : l’occasion de revenir sur son parcours et ses choix musicaux plutôt atypiques.
Créateur de son propre label
A 61 ans, le musicien n’a jamais dévié de ce refus de choisir entre la musique classique et le jazz.
Il explique pourquoi : « il y a d’un côté, la musique classique que j’adore, mais constitue un cadre rigide, demandant un travail épouvantable et de l’autre, le jazz qui me procure une énorme sensation de liberté et provoque un fort échange énergétique grâce à l’improvisation. Dans le jazz je retrouve le côté vivant et spontané que la musique classique a connu il y a très longtemps, mais qui s’est perdu. »
Il aime surprendre l’auditeur et transmettre sa fougue et sa passion pour la musique. Pour le musicien d’origine slave, « le son est la cristallisation de l’âme »…
Pour pouvoir créer sans contrainte majeure, il a donné le jour à son propre label : « Dinaï records ». Il reconnaît que ce n’est pas toujours simple. « Mais je ne le regrette pas une seconde », se félicite le pianiste franco-ukrainien.
Depuis plus de trente ans, il se produit à travers le monde, en solo, ou avec orchestre symphonique, voire en trio, et collabore avec de grandes figures telles que Patricia Petibon, Richard Galliano, Pierre Amoyal, ou encore Marie-Claude Pietragalla…
Un nouvel opus à la rentrée
La grande affaire ces dernières années l’a amené à accompagner et à transcender à sa manière les plus grands compositeurs classiques : Bach, Mozart, Chopin, Liszt, Schubert…
A partir de cette double appartenance aux mondes du jazz et du classique, Dimitri Naïditch a déroulé un itinéraire musical très personnel, où l’interprétation du texte classique, le travail de « décomposition » et de « recomposition » associé la liberté jubilatoire de l’improvisation s’harmonisent avec bonheur. Et qu’il exprime en concert.
Loin d’une simple relecture simplement « jazzifiée », Dimitri Naïditch propose à sa manière de revisiter les chefs-d’œuvre classiques, sur lesquels il pose un regard nouveau et aigu, en tentant d’en extraire l’essence.
Ce travail s’est concrétisé avec la parution de plusieurs albums chez Dinai Records, dans la série « New Time Classics » dont Bach’Up (2019) ; Ah ! vous dirai-je… Mozart (2021) ; SoLiszt (2022), voire encore Chopin Sensations (2024)…
Deux de ces enregistrements ont été distingués par le Choc de Classica , une récompense décernée par le magazine Classica.
Dans la même veine, Dimitri Naïditch est actuellement en train de préparer un nouvel opus, toujours à la frontière du jazz et de la musique classique, mais cette fois consacré à la musique française (Debussy, Saint-Saens, Michel Legrand…) Ce sera un album à quatre mains conçu avec son épouse, Polina De Carlo, également pianiste.
Cet album devrait sortir à la rentrée prochaine.
Il ne reste plus qu’à espérer revoir et entendre le pianiste franco-ukrainien en concert à Lyon lorsque sortira ce futur opus !
