Plus de 4 000 festivaliers avaient pris place mercredi 2 juillet au théâtre antique de Vienne pour une « première ». En l’occurrence une soirée complète d’édiée au Jazz Oriental. Une forme de jazz qui constitue un pont entre l’Orient et l’Occident, bienvenu en cette période conflictuelle !
Trois styles de jazz oriental, différents des uns des autres étaient convoqués ce soir là sur la scène du théâtre antique.
La forme la plus récente d’abord, celle de la chanteuse pakistanaise vivant à Brooklyn, Arooj Aftab. Une découverte dans la mesure où la chanteuse arpentait avec ses musiciens pour la 1èrere fois la scène viennoise.
Elle distilla pendant avec ses musiciens, pendant près d’une heure une musique et des chants très mélodieux, presque envoûtants inspirés de la musique soufi, issue de ces confréries musulmanes qui, outre la danse des derviches tourneurs recèle l’originalité d’accepter l’alcool, comme on a pu le constater avec du vin sur la scène et distribution de bière, en sus, aux premier rangs de la fosse ! Il est vrai que dans le soufisme, l’alcool avec la danse constitue un chemin vers le sacré…
Changement total de décor avec la deuxième partie de soirée avec l’arrivée du Libanais Rabih Abou-Khalil, le vétéran du Jazz oriental qui doté d’un solide humour façon absurde s’imposa sans coup férir.
Avec son oud électrisé, ses deux musiciens…polonais dont Mateusz Smoczynski impressionnant lors de ses chorus, son batteur américain, il traduisit bien par sa musique cette relation intense entre tradition arabe et musique improvisée de l’Occident.
Mais sans conteste, la grande star de la soirée fut le chanteur et oudiste tunisien Dhafer Youssef qui s’apprête à sortir un nouvel album dont il donna un aperçu en primeur sur la scène viennoise.
Ce qui est frappant dans ce prochain opus est l’accentuation de la coloration jazz de Dhafer Youssef et de sa formation. Il est vrai que le piano, la basse et la trompette qui constituent son quintet ne sont pas des instruments que l’on trouve habituellement dans les orchestres symphoniques arabes !
L’oudiste est également un chanteur d’exception, capable de grimper quatre octaves pour psalmodier de superbes mélodies à la manière d’un muezzin.
Ultime clin d’œil au jazz, il interpréta une de ses dernières compositions : un hommage à Herbie Hancock.
Au final, une superbe soirée mettant en évidence une esthétique musicale que l’on espère réentendre l’avenir à Jazz à Vienne…