Ce vendredi 22 mars, il fallait s’accrocher solidement sur sa chaise avec les concerts de Festen, un quartet furieux proposant une revisite coltranienne des musiques de film de Stanley Kubrick suivi du non moins abrasifs Thomas De Pourquery et son Supersonic, un voyage enivrant et interstellaire à la manière d’un Sun Ra.
Bien qu’un peu fatigué avant mon arrivée à Vaulx ce vendredi soir, il faut bien admettre que les deux concerts auxquels j’ai assisté ont fait l’effet d’une bombe, j’en suis ressorti comme si j’avais ingéré une substance psychostimulante !
Festen, le premier entrant sur la scène , n’a pas proposé de montée progressive en température pour leurs reprises et inspirations tirées des musiques de film de Stanley Kubrick. Dès la première note, le ton est donné : furie et explosivité seront au rendez-vous.
A la frontière du rock voire du punk et soucieux de respecter la démesure de Kubrick, ce quartet nous a offert une démonstration pulsionnelle de jazz, révolutionnaire et instinctive et surtout pas cérébrale. Voilà qui est dit et clamé haut et fort par chaque musicien de cette formation au nom inspiré par le film de thomas Vintenberg.
Avec une rythmique étourdissante du bassiste Olivier Degabriele et Maxime Fléau à la batterie, ces deux-là sont une véritable force de propulsion des deux solistes, Jean Kapsa au piano et Damien Fléau au saxophone.
Envolées aériennes et martèlement délirants pour le premier, gros son viril et droit pour le second, du Coltrane dans le texte…
Un vrai culot dans le jeu pour cette revisite de la filmographie de Stanley Kubrick dont les airs se reconnaissent sans peine, depuis Spartacus en 1960 en passant par Shining en 1980 jusqu’à l’ultime Eyes wide shut en 1999. Une belle transcendance de l’esprit de Kubrick, inspirée et décomplexée.
C’est avec la même intensité que Thomas De Pourquery et son Supersonic se sont présentés au public en deuxième partie de soirée. Pas le temps de s’asseoir et nous voilà déjà en pleines effusions de sons cuivrés sur fond de riffs électro psychédéliques. Décidés à nous faire franchir un autre Mur du son, les musiciens n’ont laissé au public aucun répit. Etonnamment le public paru un peu mou face à cette profusion de notes et d’énergie, était-ce de la sidération ou de la fascination voire un mélange des deux ?
Il a fallu quelques mots de Thomas De Pourquery pour que le public se reconnecte un peu au monde réel. Il faut bien reconnaitre que l’activité pulsionnelle des musiciens laisse sans voix dans un premier temps, un déploiement de basses appuyés, de riffs de cuivres obsessionnels et de voix monomaniaques.
Une Véritable orgie sauvage au milieu de laquelle Thomas de Pourquery, au chant et au saxophone, trône tel un gourou dionysiaque. Bref, ça envoie du lourd, mais aussi de subtil ; ainsi que des moments de pure délire sans oublier les tendres parenthèses de chansons plus légères.
Ajouté à cela l’invitation pour l’événement de jeunes musiciens de Brazzaville et trois danseurs de la compagnie Delavalett Bidiefono : une rencontre indéniablement réussie et stimulante.
Paul Gonnet