Démarrée avec Youn Sun Nah et Naïssam Jalal, cette 39ème édition multiplie les incursions musicales via créations, retrouvailles, hommages et autres découvertes : De l’ONJ ce soir à Monty Alexander, samedi, en passant par des formations qui confirment la richesse et les contrastes du jazz contemporain
L’ONJ ce soir à Nevers : aux commandes la flûtiste Sylvaine Hélary et pour thème un hommage à Carla Bley
Il s’agit de la 39ème édition : une belle pérennité pour le D’Jazz Nevers Festival, démarré pour une semaine avec une série de quelque 40 concerts, petits et grands, joués dans différents lieux de la ville et autour. Frappe surtout l’éventail d’une programmation aux facettes multiples, déclinant créations, moments forts, découvertes, retrouvailles, mixité d’instruments et hommages divers à des grands noms du jazz qui nous ont quittés.
Ainsi ce soir (lundi 10), l’Orchestre National de Jazz, emmené par la flûtiste Sylvaine Hélary, a fomenté un programme With Carla. Il s’agit bien sûr de revenir sur l’oeuvre de Carla Bley disparue il y a deux ans. Outre les cuivres et la rythmique habituelle, cet ONJ se renforce de violons (dont Guillaume Roy à l’alto), violoncelle, cor, tuba et autre vibraphone pour partir à la recherche de l’art délicat de la pianiste américaine.
Deux autres hommages seront également rendus lors de cette édition démarrée samedi (avec Youn Sun Nah et son dernier opus, Elles, Bojan Z à ses côtés) : un premier à Steve Lacy par le guitariste Eric Lührer et le sax Jean-Charles Richard (vendredi 14), et un deuxième à Eddy Louiss (samedi 15) par Emmanuel Bex avec à ses côtés Dominique Pifarély, Simon Goubert, Pierre Perchaud et Tristan Bex.
Cette même dernière soirée, Jazz in Nevers s’achèvera en compagnie du trio de Monty Alexander : le pianiste, né le jour du DDay (6 juin 1944) a profité de son 80ème anniversaire -l’an dernier- pour enregistrer l’album du même nom et sera sur scène en compagnie de Luke Sellick (cb) et d’un détonant Jason Brown aux drums : cet art du trio, quasiment fusionnel même sur scène, ne cesse de séduire, qu’il se déploie dans un club (au New Morning), dans une pinède estivale (au Charlie Jazz) ou dans un théâtre antique (à Jazz à Vienne).
Monty Alexander, un trio étincelant, pour fêter le » Dday » du pianiste
Un festival qui ne cesse de tenter d’autres aventures
S’il tient compte du passé, Jazz in Nevers ne cesse, année après année, de tenter d’autres aventures comme autant d’essais, de rencontres ou de créations. Ainsi ce Kréyol Man La (jeudi 13) concocté par la Compagnie Alfred Alerte : une création imaginée précisément par ce chorégraphe, mêlant danses, conte et une musique confiée à Benjamin Flament (perc.) et à Lionel Martin (sax), les deux signant l’ensemble compositions. Faut-il rappeler, en la matière, l’art consommé de Lionel Martin pour se remettre sans cesse en question avec l’idée d’aller plus loin, de créer et de recréer la musique, essence même d’un jazz ambitieux.
Création : Kréyol Man La (jeudi 13) concocté par la Compagnie Alfred Alerte
Près de 40 concerts quasi non-stop de midi jusqu’au soir
Les quelques soirées qui nous attendent d’ici samedi seront ainsi riches de multiples concerts de la même veine. Ici, Sylvain Kassap et Hélène Labarrière (mercredi 12) le temps d’un (trop) court concert marqué par une connivence qui ne cesse de se renforcer. Il en sera de même pour le duo de Séverine Morfin et de Malik Ziad (mardi 11) ou celui (samedi 15) composé de Kamilya Jubran et Sarah Murcia.
Dans cette programmation concoctée par Roger Fontanel, chaque journée est quelque peu démoniaque dans la mesure où ce sont en moyenne cinq rendez-vous qui s’échelonnent tout au long de la journée jusqu’au concert du soir, donné au théâtre municipal (à 21 heures).
A découvrir : les Jazz Régional Days
C’est ainsi que durant deux jours (mardi 11 et mercredi 12), le festival a concocté des Jazz Regional Days invitant quatre formations. Parmi elles, ce Régis Huby sextet, avec aux côtés du violoniste, Samuel Blaser, Clément Petit, Séverine Morfin et Michèle Rabbia. Ajouter à cela Claude Tchamitchian, ce qui nous replonge dans l’histoire du quatuor iXi fondé précisément par Régis Huby ou ces paysages initiés par Guillaume Roy, qu’il s’agisse de cet album Exubérances ou de cette musique des trois complices redonnant vie et sens à l’Age d’Or de Bunuel, plusieurs décennies après son tournage.
Kris Davis entourée de Robert Hurst et de Jonathan Blake
On n’omettra pas enfin l’arrivée du trio (vendredi 14) de Kris Davis, magnifiquement entourée : Robert Hurst à la basse et Jonathan Blake aux drums. Allez savoir pourquoi ses cymbales subjuguent celui qui les écoute ?
Et on retiendra pour finir que, ce midi (lundi 10) le duo prévu par Vincent Courtois et Collin Vallon laisse sa place au Trio Johannes composé de Vincent Courtois, Catherine Delaunay et Sophia Domancich.
Pour inattendu qu’il soit, ce changement ne fait que conforter la belle santé d’un festival à l’affût d’un jazz en constante recréation.