C’est donc avec Ethics que Michel Bénita a conclu sa résidence lyonnaise à l’Amphi de l’Opéra, preuve, entre autres, de son attachement à ce quintet original.
Il y a plusieurs années déjà que le contrebassiste a conçu et organisé cette formation qui ne perd rien de sa saveur concert après concert. Et les deux sets joués à l’Amphi samedi dernier l’auront amplement confirmée.
L’originalité d’Ethics, démontrée une nouvelle fois dans l’album qui vient de sortir (River Silver – ECM), repose avant tout sur cette rencontre pour une part inédite de cinq instruments qui se côtoient ordinairement assez peu : outre une guitare, une contrebasse et des percussions, la sonorité inédite du quintet repose en effet pour une bonne part sur l’alliance d’un bugle cristallin, tenu par Mathieu Michel, et d’un koto que fait parler Mieko Miyazaki.
Ici, la formation à portée de main du public
Passons sur le cadre de l’Amphi, cette étroite demi-circonférence qui place au centre des débats la formation, à portée de main du public. S’y ajoutent Les éclairages et le son concoctés par l’équipe de l’Amphi qui participent en plein de l’atmosphère dans laquelle nous entraine Ethics.
Une atmosphère faite d’attention, voire de recueillement, où chaque instrument et la voix de Mieko Miyazaki concourent à élaborer un son commun, original et parfaitement dosé.
Reprenant plusieurs compositions de River Silver et quelques autres, Ethics ne présente néanmoins jamais tout à fait la même facette.
Et c’est l’intérêt du concert : pas de deux du koto et de la contrebasse, émergence d’un chant retenu sur fonds de batterie à peine effleurée de la main par Philippe Garcia, ou envolée de la guitare soutenue par le bugle à moins que ce ne soit le contraire, Ethics aime à multiplier ses propres facettes pour mieux atteindre son but.
Si les mélodies sont volontairement simples, les arrangements qui les servent leur apportent comme un voile de mystère extrêmement séduisant, sachant qu’ici le silence ou la respiration ne sont jamais loin.
Dans le moule
En l’occurrence même Nguyen Lê, qui remplaçait ce soir-là Eivind Aarset, se sera coulé dans le moule avec aisance apportant même des nuances inédites sur tel ou tel thème développé.
Le guitariste, vieux complice de Michel Bénita comme de notre kotoiste originaire de Tokyo, aura tout de même, in fine, laissé parler la poudre ; comme pour mieux nous faire sortir du sortilège patiemment organisé pendant 90 minutes.
Pour se consoler, reste l’album…