Celle proposée dimanche 9 octobre faisait environ 80 cm de hauteur, était bardée de petits tuyaux et était maintenue à bout de bras : l’orgue à bouche.
Je vous vois tressauter, l’œil interrogatif : oui l’orgue à bouche existe bien, c’est même un instrument à anches, vieux de 2000 ans et son grand spécialiste, Wu Wei, d’origine chinoise, adepte de cet instrument millénaire depuis l’âge de 15 ans, jouait de cet instrument sur la scène du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne le 9 octobre dans le cadre du Rhino Jazz.
On considère même cet orgue à bouche comme le lointain ancêtre de l’accordéon.
Wu Wei qui vient de l’est de la Chine est l’un des grands spécialistes mondiaux de l’orgue à bouche : il vit à Berlin où il est soliste dans le célèbre orchestre philharmonique comme violoniste, un instrument dont il joue aussi, depuis l’âge de cinq ans.
Une incroyable collection de guimbardes
Au MAM, Rhino Jazz avait quitté les rives du Jazz pour s’intéresser à une musique totalement originale, planante, hors sol : celle proposée donc d’un côté du Wu Wei et de l’autre par Wang Li, découvert lors du Rhino 2013 pour son « Green Apocalypse », un spécialiste de la guimbarde, également d’origine chinoise.
Il est arrivé sur scène avec une incroyable collection de « guimbardes » de cuivre « huang », un instrument donc traditionnel, particulièrement apte à émettre des vibrations ciselées.
Au passage d’ailleurs tous deux effectuèrent des incursions musicales avec d’autres instruments, la flûte à calebasse ou des luths ancestraux, notamment.
Souffle chamanique
Visages regardant vers l’intérieur, entièrement concentrés sur leur musique, les deux musiciens chinois qui, bien que parlant français ne prirent jamais la parole pour fournir des explications qui auraient pourtant été bienvenues, jouèrent pendant plus d’une heure et demi.
Il y avait dans leur musique du souffle chamanique, de la pulsion primale, mais aussi des volutes musicales frappant à la porte des cieux. Bref, on l’aura compris une vraie découverte, façon Rhino.
Quand on est amateur de jazz, on aime ou on aime pas. Nous, nous avons aimé et manifestement, nous n’étions pas les seuls, la salle du musée où se déroulait ce concert atypique étant si remplie qu’il fallut rajouter des chaises.
On pouvait entendre voleter une mouche : la musique méditative et intérieure, mais qui restant très contemporaine de ces deux musiciens réussit à plonger le public dans une zénitude presque absolue…