On l’avait vu et entendu fin juin à Vienne en ouverture du Festival de Jazz. Il était alors en quintet. C’est, cette fois, dans la formule trio qu’il s’est présenté salle Aristide Briand à St-Chamond, dans le cadre du RhinoJazz Festival, le vendredi 10 octobre. Une des principales têtes d’affiche du festival ligérien qui se termine le dimanche 19 octobre.
Pour l’occasion, le contrebassiste israélien était accompagné du même pianiste prodige qu’à Vienne : Itay Simhovich qui vient de dépasser sa vingtième année et qui en trio prend évidemment plus la lumière ; ainsi que de Yali Stern à la batterie.
Un trio justement intitulé Brigthlight « lumière intense », le titre du dernier album d’Avishai Cohen dans lequel il développe ses propres compositions.
Le contrebassiste qui doté du statut de vedette internationale, est réputé pour fort bien choisir les musiciens qui l’entourent. Il sait s’entourer de talents rares, jetant son dévolu avec ce trio sur deux musiciens d’une vingtaine d’année figurant parmi les meilleurs de la génération actuelle.
On a aisément pu le constater avec le pianiste Itay Simhovich qui, fort précoce, a débuté l’apprentissage de la musique classique à l’âge de 7 ans, mais s’est découvert une passion pour le jazz à…13 ans, avant de signer deux albums de jazz. Un musicien qu’Avishai Cohen a rencontré au Festival de Marciac l’an dernier.
Avec son jeu aérien, à la fois très construit et créatif, Itay Simhovich qui dans le cadre de ce trio avait tout loisir de s’exprimer longuement, se fond harmonieusement dans l’ensemble tout en exprimant avec brio sa forte personnalité musicale.
De son côté, Yali Stern qui est encore plus précoce : il a tenu les baguettes à l’âge de …trois ans, puis est passé non pas par le classique, mais le rock, apporte une coloration, un touché rythmique très personnel au trio.
En concert, le visage d’Avisai Cohen est très mobile : distribuant les rôles via des regards d’encouragement, il permet aux deux membres du trio de donner le meilleur d’eux même. Il ménage et accompagne avec sa générosité coutumière les longues et intenses séquences d’improvisation de chacun, qui se révèlent à chaque fois d’une grande richesse.
On l’oublie parfois, Avishai Cohen est aussi chanteur. Il a terminé ce concert avec une première chanson accompagnée de sa contrebasse et de ses deux acolytes ; pour finir avec une seconde, s’appuyant sur le seul piano, comme une dernière offrande musicale.
Cet équilibre et cette harmonie, cette élégance, ajoutés à la l’énorme technique du contrebassiste au son reconnaissable entre tous, sa créativité débridée suscitent, sécrètent une émotion naturelle qui ne peut que toucher le public. Lequel ne s’en est pas pas privé, prolongeant le concert avec trois rappels.
Au final, un concert lumineux et inspiré qui restera comme l’un des moments forts de cette 47ème édition du RhinoJazz qui mêle habilement à la fois talents reconnus et émergents.
AVISHAI COHEN : contrebasse, chant – ITAY SIMHOVICH : piano – YALI STERN : batterie.