En voilà une bonne soirée groggy mercredi soir à Jazz à Vienne : pas de pluie, un public nombreux mais pas excessif, deux groupes heureux d’être là, qui ont donné d’excellentes prestations – le tout porté par une bonne sonorisation, puissante mais très bien spatialisée.
En première partie Liniker et son groupe « os Caramelows ». La chanteuse, autrice et compositrice Liniker, révélation de la scène pop afro-brésilienne qui se présente « … comme « une femme noire et transgenre qui écrit des chansons d’amour », … et explore à travers sa musique toutes les facettes de sa quête identitaire, transmuant aux confins de l’intime et du politique ses émotions et interrogations les plus intimes en revendications universelles ».
Sur une base de pop, de musiques brésiliennes, de soul, elle mène son set avec beaucoup d’engagement et de bonne humeur. Un ensemble cohérent de chansons bien arrangées qui rappellent parfois les grandes heures de la musique californienne des années 80 mais avec une bonne dose de modernité rythmique.
Ses musiciens sont excellents : un batteur/chanteur très efficace, une jeune bassiste souriante et précise, une saxophoniste dans l’esprit du grand Mickael Brecker, un clavier inventif.
Jolie prestation d’une heure et quart, très appréciée – tout à fait festive et fantasque.
2 albums : Remonta”, son premier album de 2016 et Goela below sorti en 2019.
Snarky Puppy
Place au groupe « Snarky Puppy » qui présentait leur nouvel album « Empire Central » vendu sur place (incluant 3 vinyles).
Sacré band – collectif né en 2004 de la rencontre d’étudiants de l’Université de North Texas – réunit autour de son leader et bassiste, Michael League, une des figures les plus prolifiques d’une génération qui accueille des millions de fans sur internet au travers de nombreux projets..
En 2016 et 2021, le groupe reçoit deux « Grammy Award pour le meilleur album instrumental contemporain -».
En trois mots: du groove, du groove, du groove… Je rajouterai de la surprise, une de la virtuosité, de la jubilation collective et une autre façon – festive – de pratiquer du jazz.
Les thèmes sont exposés très souvent par le généreux guitariste Belo Lanzetti – un des éléments central du groupe – comme à la bonne vieille époque du jazz-rock ou du jazz fusion. Puis arrive l’artillerie lourde mais finement articulée : basse, batterie, percussions, cuivres (sax, flûte, trompette, bugle) et les deux claviers. Ce groupe fonctionne en osmose laissant la place à de longues improvisations sur des formules rythmiques plutôt sophistiquées : la section basse, batterie, percussions est vraiment au top avec une mention spéciale au batteur Larnel Lewis – une frappe de flingueur avec une finesse de couturière.
Mention particulière également aux deux claviers (vieux Moog + Fender Rhodes) : Bill Laurence et Justin Stanton qui balancent des harmonies incensées.
Michael League, lead tranquillement, aucun rapport de force, tout en douceur : que des regards de départs, d’accompagnement, de distributions, de fins. Bref, du bonheur pour tous…
Musique exigeante tant elle bouge et fait bouger, puissante comme du Weather Report, moderne comme du Wahne Shorter (l’écriture des cuivres), groovy comme du Macéo Parker et en fin de compte fusionnelle. J’ai beaucoup aimé deux titres Trinity et Coney Bear.
A voir, revoir, vous ne serez pas déçu.
Une sacré soirée comme on les aime…