Why « Y »?
Le premier à ouvrir le bal est le trio « Y » de Yaron Herman (p), avec Bastien Burger (b) et Ziv Ravitz (dms), un partenaire régulier du pianiste. Chaque musicien compte quasiment pour deux puisqu’ils sont tous les trois armés, en sus de leur instrument respectif, de clavier ou ordinateur pour ajouter toutes sortes de sons électroniques.
Les morceaux sont quasi exclusivement issus du dernier album (hormis le rappel qui est une reprise de Nirvana). L’ambiance est ici globalement trip-hop avec un savant mélange d’acoustique et d’électronique. Le groupe semble par moment proche d’une esthétique à la Esbjorn Svensson Trio. A d’autres, il évoque plutôt les musiques des films de science-fiction comme Blade Runner ou Solaris.
Les climats sont variés, on passe de moments intimistes et introspectifs avec un piano solo quasi « classique » et romantique à des riffs hypnotiques à la Steve Reich soutenu par un batteur déchainé. On alterne les chants éthérés du bassiste ou les choeurs d’église du clavier avec des instants de groove basse/ batterie bien appuyés.
Le set est quasi parfait avec batteur et pianiste virtuoses et en osmose et une belle unité entre les titres avec également beaucoup de variations et de surprises pour chacun d’eux. Un regret subsiste cependant pour Bastien Burger, les basses étant malheureusement si mal réglées (beaucoup trop diffuses et imprécises) qu’il a été vraiment difficile d’apprécier sa contribution.
Hier au crépuscule
Le jour déclinant, entre discrètement en scène, tous de noir vêtus, Anne Sila (vcl) et le Magnetic Orchestra avec Benoit Thévenot (p), François-Régis Gallix (cb) et Nicolas Serret (dms).
Aussitôt, le groupe part sur un bebop endiablé avec scat et échanges d’improvisations entre la chanteuse et les autres musiciens. Le set est agréable. Il mélange compositions et reprises de standards, pas tous si standard que ça. En effet, Anne Sila et ses comparses font une excellente reprise de « In Bloom » de Nirvana, toute en tension contenue.
Bien mise en avant par une rythmique sans faille, Anne Sila peut montrer l’étendue de son talent. Tantôt douce et mutine, tantôt puissante et vibrante, elle possède une voix toujours précise et claire. Sur sa mise en musique du poème « Demain, dès l’aube » de Victor Hugo, elle affiche également sa science du rythme lorsqu’elle étire le texte et change sa diction sur chaque répétition des strophes.
Chaque titre est calibré et impeccablement exécuté, on sent que le quartet a l’habitude de jouer ensemble. On aurait aimé cependant que le groupe prenne un peu plus le temps. Diminuer le nombre de morceaux aurait peut-être laissé un peu plus de place à la surprise et permis de donner encore d’avantage d’espace aux très jolies improvisations de piano notamment.
Crime Syndicate
Avant même l’arrivée d’Emile Parisien (ss) et Vincent Peirani (acc) et leur groupe « File under Zawinul », avec Manu Codjia (g), Paco Séry (dms), Linley Marthe (b), Mino Cinelu (perc), Aziz Samahoui (vcl/perc) et Tony Paeleman (Fender Rhodes), on se doute qu’ils ne vont pas faire dans la dentelle. Enorme kit de batterie, deux kits de percussions, des amplis partout, on imagine facilement que l’on ne va pas tarder à recevoir pas mal de Watt.
Prémonition justifiée, puisque ce all stars (dont la moitié sont ex-partenaires de Joe Zawinul sur Zawinul Syndicate, Weather Report …) abasourdit littéralement l’audience. Au premier coup de grosse caisse ou de slap de basse on compte déjà quelques évanouissement dans le public. Le groupe enchaine, tel un rouleau compresseur, les reprises de Joe Zawinul (Canon Ball, Gibraltar, Madagascar, Orient Express, Boogie boogie Waltz …) avec une débauche d’énergie impressionnante et surtout jouissive. Jazz, rock, Funk, Musiques du Monde tout est mélangé, fusionné.
Le joyeux désordre qui se dégage des morceaux n’est qu’apparent. Les tempi sont rapides, les thèmes aux phrases longues, les structures complexes et bourrées de mises en place, rien n’est laissé au hasard. Tous les instrumentistes sont excellents, comme le montre également les cohabitations réussies entre clavier, guitare et accordéon d’une part et batterie, percussions et basse d’autre part. Parmi eux, mention spéciale à Vincent Peirani qui endosse à merveille tous les rôles tant harmonique et mélodique que rythmique, lorsqu’il se substitue aux claviers ou la guitare sur des cocottes funky.
Soirée réussie donc et l’on a hâte d’assister aux autres! Neeeext!
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