Trois rendez-vous peu anodins : David Bressat enchaîne cette semaine le Sunside à Paris (mardi 10 octobre), Le Périscope à Lyon (jeudi 12 octobre) et Le Crescent à Mâcon (vendredi 13 octobre). Objet de ces trois concerts, la sortie de son dernier CD, David Bressat « Alive ».
Comme le titre le suggère, le pianiste a déserté le studio de ses trois albums précédents, ces French Connection I et II et ce Soleil caché pour enregistrer cette fois en live. La séance s’est déroulée au Crescent le 8 mars dernier. « Une façon de se mettre la pression », dit-il, de jouer avec l’immédiateté, de délivrer vite fait bien fait l’essentiel. Au demeurant, rien d’étonnant non plus que cet exercice pour un musicien dont les apparitions sur scène sont légion, que ce soit avec ce trio qui fête ses dix ans d’existence ou avec ces multiples formations dans lesquelles il aime trouver sa place.
L’autre nouveauté que transporte cet Alive réside surtout dans les musiciens réunis. Alors que jusqu’ici, le pianiste avait privilégié, on s’en souvient, le travail en trio, acoustique en diable, (Florent Nisse à la contrebasse et Charles Clayette à la batterie), cette fois il eu l’idée de s’adjoindre les services d’Eric Prost au saxophone et d’Aurélien Joly à la trompette et au bugle (Ils seront tous deux des trois concerts donnés cette semaine). Même si les compositions et les arrangements sont toujours signés en totalité par lui-même, l’arrivée des deux cuivres et le cadre imparti –façon set d’un soir- révolutionnent évidemment la donne.
Pour s’en convaincre, il faut reprendre avec attention ces 7 compositions qui figurent sur l’album : certes, le trio et notamment le piano, semblent fixer d’entrée le cadre de l’exercice –comme dans les précédents albums- mais ce qui était jusque là une aventure tissée, de façon sereine, par les trois complices devient immédiatement une équipée parée de toutes autres couleurs.
Frappante est d’ailleurs cette aisance avec laquelle ce quintet se soude et trouve ses marques. Ainsi, cette intro d’Aurélien Joly de Cocoon, merveille de son à peine susurré, tout de suite rejoint par le sax et le trio : le bugle est ici d’une aisance rare, profitant de l’écrin que lui proposent ses quatre complices pour imposer sa sonorité veloutée. Dans le caveau du Crescent, on pourrait sans doute écouter une mouche voler.
Et ainsi de suite : qu’il s’agisse de Nuages, de Méditation ou de Pastel Song, trompette et saxophone prennent un malin plaisir à s’échapper du thème pour inventer des architectures sonores dépouillées. Ensemble ou séparément. Jouant de concert ou s’entrelaçant avec malice, pouvant compter sur l’attention répétée du trio.
C’est d’ailleurs tout l’art de ce quintet inédit de sans cesse se former ou se déformer au gré des thèmes, tel ce Shake Everything qui s’invite au milieu de la soirée et où piano et trompette se renvoient le compliment, étroitement guidés par la batterie, avant que le saxophone ne donne de la voix en guise de conclusion.
Bref, si l’on retrouve évidemment durant cette petite heure l’univers musical de David Bressat et du trio, si caractéristique dès ce premier opus livré en 2008 autour de chansons françaises, la métamorphose permise par le live et par ces deux « invités » est à l’évidence réussie.
Comme un prolongement ou une suite logique de ce que le pianiste poursuit depuis plusieurs années.
* David Bressat Alive. Pour réserver : les sites des trois caveaux ou www. Obstinato.fr. Egalement : Inouïes Distribution.