Attention, vendredi 30 juin, 20 h 30 au théâtre antique, c’est pratiquement l’événement jazz de ce festival. Ahmad Jamal, mémoire américaine du jazz, est de retour à Vienne ce soir là, signant sans doute l’une des plus belles soirées jazz de cette édition.
Le pianiste, qui trimballe joyeusement ses 87 ans et qui, disent ses biographies, est devenu professionnel à l’âge où les petits collégiens français entrent en 6ème (11 ans), est évidemment un habitué de la scène viennoise. Sur les Bösendorfer d’Yves Dugas, combien de concerts viennois qui restent parmi les plus beaux entendus. Dont le dernier, mélange de swing aguerri, de trio fusionnel et d’échappées musicales qui n’appartiennent qu’à lui.
Fluidité patiente
Jamal ? Un mélange de décontraction pianistique jusqu’à la dérision, de fluidité patiente et assumée et de courte échelle faite à des comparses d’un jour ou de toujours.
Ce soir d’ailleurs, prenez le temps d’écouter le retour d’un de ses plus vieux sidemen, James Commack. Ce contrebassiste a partagé pratiquement toutes les expériences et les albums d’Ahmad Jamal pendant près de 20 ans dans les années 80-90. Avant de s’en écarter. Allez comprendre. Egalement à ses côtés, le batteur Herlin Riley et le percussionniste Manolo Badrena.
Hommage à Marseille
Pour Ahmad Jamal, il s’agit au passage de rendre hommage à Marseille, à laquelle il se dit très attaché.
« Marseille est une ville unique avec sa propre pulsation, expliquait-il dans une interview donnée à Jazz Magazine. C’est un port ouvert sur le monde, et on sent le vent de liberté que ça apporte, l’esprit d’aventure. C’est une ville romanesque. J’apprécie particulièrement sa population très mélangée (…), mais qui dans ce creuset ne fait qu’un. (…) J’y ai beaucoup déambulé dans ma vie. J’ai beaucoup aimé m’y perdre aussi. »
Ce soir, le pianiste est donc à Vienne. En compagnie d’un trio de toute beauté enrichi de la chanteuse Mina Agossi, fidèle elle aussi de Jazz à Vienne, et d’un chanteur rap, Abd Al Malik. Au centre, et objet, du set attendu, l’album « Marseille » qu’Ahmad Jamal a enregistré l’an dernier et qui a été diffusé pour la première fois à Marciac l’an dernier, un certain 4 août. (France Musique était présent et vous propose des extraits du concert).
La soirée sera-t-elle un simple remake de celle de Marciac ? Evidemment on ne le souhaite pas, mais quoi dire d’autre ?
Eloge à la cité phocéenne, l’album associe précisément le trio au rappeur qui signe lui-même les lyrics (à la française) des chansons. Marseille dans ses réalités, ses paradoxes, ses attachements et sa relative absurdité. Il y a tout cela dans les répétitions du rappeur, sorte de guide inédit du pianiste américain.
D’où en fait des concerts différents : d’un côté, l’espiègle pianiste qui revient en quartet à Vienne (succès assuré). De l’autre, une formation plus vocale emmenée par Mina Agossi et Abd Al Malik.
Première partie : Christian Scott
Auparavant, la grande scène de Jazz à Vienne aura accueilli la belle formation de Christian Scott Tunde Adjuah. A lui la trompette, façon Marsalis ou Gillespie., pour des interventions pleines de vigueur et de lyrisme.
A ses côtés, quelques belles pointures tels Max Moran (b), Mike Mitchell (dms), Elena Pinderhughes (fl) et Weedie Braimah (perc). De quoi se rassurer sur l’avenir et la conservation de la trompette en jazz.